#Cnar #LaRochellePubliéle 17/10/2016
par LUC BOURRIANNEAlors que différentes compagnies animeront le Vieux Port ce lundi 17 octobre, l’avenir du Centre national des arts de la rue à La Rochelle demeure incertain.
L’équipe du Cnar : Leïla Picard, Bruno de Beaufort (directeur) et Maxence Langlais-Demigné.©PASCAL COUILLAUD
Il y a moins d'un an, en clôture des Assises de la culture, la Ville annonçait l'installation du Cnar à La Rochelle. C'était la principale annonce de ces états généraux de la culture rochelaise. L'arrivée de ce label national (lire par ailleurs), chassé de Niort (Deux-Sèvres) par le nouveau maire UDI Jérôme Baloge, permettait à Jean-François Fountaine, maire divers gauche de La Rochelle, de sortir par le haut d'un rendez-vous qui avait semblé ronronner sur lui-même. Simple effet d'annonce ? « Non », assure encore aujourd'hui Arnaud Jaulin (l'adjoint au maire centriste chargé de la culture). Pourtant, après les paroles du maire en décembre 2015, les actes municipaux se sont fait attendre. Et si, aujourd'hui, le dialogue n'est pas rompu, les divergences perdurent au point que l'avenir du Cnar à La Rochelle demeure incertain.
Pas d'enveloppe allouée
Certes, en avril 2016, le Cnar est entré dans des bureaux prêtés gracieusement par la Ville - un effort estimé à 50 000 euros par Arnaud Jaulin. Mais, depuis son repaire de la rue de la Désirée au cœur de la Ville-en-bois, Bruno de Beaufort (le directeur du Cnar) regrette qu'aucune enveloppe budgétaire n'ait été allouée par la Ville. Ni pour l'année 2016, ni même pour 2017. « En 2016, nous avons vécu une phase de transition puisque nous n'avons signé une convention d'un an qu'avec l'État (200 000 euros) et la Région (150 000 euros) alors que notre fonctionnement repose sur un triple conventionnement avec, aussi, la ville qui nous accueille. Si la ville de La Rochelle renonce ou continue de rester silencieuse, ce sera très embêtant », s'alarme le directeur.Le Cnar, et a fortiori ses financeurs, ne supporteraient pas une nouvelle année blanche de la part de la Ville. L'équation semble simple : soit La Rochelle contribue au financement, soit le Cnar quitte la Charente-Maritime. Arnaud Jaulin se veut optimiste sans céder à ce qu'il n'est pas loin de ressentir comme un chantage au financement : « J'ai bon espoir qu'avec notamment la taxe sur les résidences secondaires que nous venons de voter (au Conseil municipal du 19 septembre dernier, NDLR), nous puissions dégager certaines marges de manœuvre mais j'attends de la part du Cnar que son projet tienne davantage compte de l'ancrage territorial et du patrimoine culturel de La Rochelle. »L'on touche ici, au principal point d'achoppement. Plus que financier, le désaccord semble philosophique.
Besoin de locaux plus spacieux
Alors que la municipalité rochelaise estime être en droit de demander une sorte de retour sur investissement, le Cnar rappelle sa vocation de création et de diffusion nationale. « Nous ne sommes pas là pour faire ou pour animer. Nous sommes là pour accueillir des artistes et leur offrir des conditions de création », rappelle Bruno de Beaufort.Une manière élégante de rappeler que les bureaux dont il dispose ne permettent pas au Cnar de mener à bien sa vocation de création de spectacles de rue. Il a besoin de bâtiments bien plus spacieux mais là encore tout le monde semble se perdre en conjectures. Le Parc des expositions fut un temps envisagé par Marion Pichot (conseillère municipale déléguée à la Culture), le Carré Amelot a lui aussi été évoqué mais, aujourd'hui, Arnaud Jaulin évoque une option du côté de la Pallice…Sur le dossier du Cnar, les inconnues ne manquent pas, ni les sujets de discussion et de tension. La municipalité et la Fédération des arts de la rue, qui se rencontrent aujourd'hui en marge de Rue libre (lire par ailleurs), ont des choses à se dire avant que le conseil d'administration du Cnar, le 2 novembre prochain, n'entérine un choix entre enracinement rochelais ou départ de La Rochelle.Le seul Cnar de la régionIl existe 13 Cnar (Centre national des arts de la rue) en France mais un seul dans la Nouvelle-Aquitaine. Parfois, plusieurs de ces Cnar résident dans une même région. C’est un label national qui fonctionne un peu sur le même principe que les scènes nationales. Celui qui s’est installé à La Rochelle était à Niort jusqu’en 2015, au terme d’une convention de quatre ans qui reposait sur un équilibre de financement entre l’État, la région Poitou-Charentes et la Ville : chacune de ces entités finançait le Cnar à hauteur de 150 000 euros annuels. En plus de cette contribution, la ville de Niort prêtait de vastes locaux (anciennes usines Boinot en plein cœur de ville). Le Cnar espérait le même effort de la ville de La Rochelle.
http://www.sudouest.fr/2016/10/17/les-arts-de-rue-dans-le-flou-2537399-1391.php