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[Critique] Captain Fantastic

Par Wolvy128 @Wolvy128

5-étoiles

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Dans les forêts reculées du nord-ouest des États-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué (Viggo Mortensen) a consacré sa vie tout entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes. Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

Deuxième long-métrage de Matt Ross, qui porte également la casquette de scénariste et dialoguiste, Captain Fantastic est une comédie dramatique qui a marqué les esprits dans les différents festivals où elle est passée. Présentée à Sundance en début d’année, elle a remporté le prix de la mise en scène à Cannes au mois de mai, et le prix du public et du jury à Deauville en septembre dernier. Des récompenses largement méritées au vu de la qualité du film !

Entre road movie divertissant, fable réflexive et drame sociologique, Captain Fantastic propose effectivement 2 heures de grand cinéma. Un cinéma enivrant qui fait non seulement la part belle aux personnages mais aussi à leurs idées, et à ce qu’elles impliquent au niveau émotionnel. Chaque aspect est minutieusement traité et pose autant de questions qu’il ne véhicule d’émotions, de quoi ressortir de la séance à la fois terriblement ému, complètement émerveillé et totalement stimulé. Il faut dire que le mode de vie autarcique de la famille – qui se suffit à elle-même tant sur le plan physique que mental – prête rapidement à réflexion, surtout lorsqu’il est confronté à notre société contemporaine. Et même si l’illustration de certains points, comme l’intelligence des enfants marginaux par rapport à ceux du monde réel, manque parfois de subtilité, l’ensemble s’avère néanmoins particulièrement pertinent. D’autant plus qu’à la manière de son héros, le film n’impose jamais sa vision des choses mais invite plutôt au dialogue, ce qui renforce considérablement son intérêt.

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En parlant du héros, le père se révèle extrêmement touchant, en particulier dans le dernier acte du récit. Malgré toute la noblesse qui entoure sa décision d’offrir à ses enfants une éducation favorisant la liberté au sens large (indépendance, libre arbitre…), celle-ci ne cesse effectivement de se heurter à des contradictions majeures au contact du monde moderne. En voulant les protéger des dérives de la société, et en les encourageant à penser par eux-mêmes, il prend tout simplement le risque de les voir se détourner de lui. Ce qui donne lieu à quelques superbes scènes, transcendées par la puissance dramatique du regard de Viggo Mortensen. Toujours aussi charismatique, l’acteur américain livre une partition sans la moindre fausse note, signant par la même occasion l’une des plus belles performances de sa carrière (qui en compte pourtant déjà beaucoup). A ses côtés, hormis George Mackay (vu récemment dans le très bon Pride), la plupart des jeunes acteurs sont relativement inexpérimentés, mais proposent toutefois des interprétations assez exceptionnelles, ce qui relève carrément de l’exploit compte tenu du très jeune âge de certains.

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Enfin, comment ne pas évoquer pour terminer la très jolie mise en scène de Matt Ross. Enlevée mais naturelle, celle-ci s’efface littéralement au profit des personnages et de l’histoire. Une histoire, certes poignante, mais aussi excessivement drôle. Les touches d’humour sont en effet multiples et agrémentent le récit de respirations salutaires. C’est certainement ce savant mélange de comédie et de drame qui donne au film toute sa singularité. Et que dire de la bande son exaltante, signée Alex Somers, si ce n’est qu’elle décuple à n’en pas douter les nombreuses émotions que le long-métrage procure durant 2 heures. Pour les amateurs du style Sigur Ros, le spectacle sonore est juste somptueux. Un spectacle qui nous accompagne d’ailleurs longtemps après le visionnage. Surtout que le réalisateur, au-delà de sa capacité à poser les bonnes questions, a aussi l’intelligence de ne pas apporter de réponses tranchées, laissant ainsi tout le loisir au spectateur de prendre position – ou pas d’ailleurs – en argumentant, comme le prône si bien le « Captain » dans le film en fait.

En conclusion, Captain Fantastic s’impose donc comme une œuvre singulière, aussi stimulante que bouleversante. Porté par un Viggo Mortensen en état de grâce, et soutenu par une mise en scène naturelle et immersive, le film procure une expérience d’une richesse inouïe, faite de rires, de larmes et de réflexions. Un véritable petit bijou, qu’il serait vraiment dommage de manquer !



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