Depuis janvier 2013, l’association la Bidouillerie propose des colonies de vacances pas comme les autres. Inspirées des méthodes d’éducation dites « actives », leurs séjours privilégient l’environnement et l’humain plutôt que les activités de consommation.
Autonomie des enfants, Nature, Do It Yourself, repas bio et locaux… Tel est le programme de La Bidouillerie.
Contre la marchandisation des colonies de vacances
La Bidouillerie, c’est avant tout la réaction d’un petit groupe de jeunes face à la dégradation des conditions d’accueil en colonies de vacances. « Le nombre d’adultes ne permet pas d’accueillir les enfants en sécurité, la loi prévoit un adulte pour douze enfants», déplore Yoann Gény, coprésident de l’association et membre fondateur du projet. Une situation d’autant plus scandaleuse pour l’animateur que le prix des séjours, quant à lui, augmente sans cesse. Une information appuyée par le rapport Menard, qui, en 2013, pointait du doigt l’inaccessibilité des colonies de vacances pour les classes moyennes. « Il y a une véritable discrimination entre les familles », confirme Yoann Gény. A cela s’ajoute une approche environnementale souvent absente. Et dans les colonies de vacances qui entendent proposer des séjours nature, la réflexion est rarement globale. « Certains mettent l’environnement au cœur du programme, mais servent des repas industriels le midi », plaisante l’animateur de la Bidouillerie. « A partir de tous ces constats, on a voulu créer autre chose », continue-t-il.
C’est ainsi que la Bidouillerie voit le jour il y a quatre ans. A l’opposé de la marchandisation des colonies de vacances, l’association entend placer la relation à l’autre au cœur de ses séjours. Les enfants n’y sont plus consommateurs de prestations -lasergame, kart, poney- mais bel et bien acteurs. Pour cela, les animateurs s’inspirent de méthodes d’éducation alternative telles que Freinet ou Montessori. « Il n’y a pas de planning imposé pour les séjours », explique Yoann Gény, « quand les enfants arrivent, tout est possible ». Un « fil des envies de faire » recueille ainsi les souhaits des enfants et chaque jour, un forum a lieu afin qu’ils préparent la journée du lendemain. « Une année, un groupe d’enfants voulait fabriquer des petits bateaux en bois, d’autres voulaient faire de la voile », retrace Yoann Gény. « On a concilié les deux, et les enfants ont construit un radeau de A à Z», se réjouit-il. Grâce à cette approche, les animateurs retrouvent également une place épanouissante : ils ne sont plus cantonnés à un rôle de surveillance. Et sont bien plus nombreux. Les séjours de la Bidouillerie, c’est une proportion d’un adulte encadrant pour quatre enfants.
Des séjours éco-citoyens
L’un des engagements de la Bidouillerie porte sur les lieux d’accueil des séjours. Il s’agit de sites protégés par une charte de l’environnement : parcs naturels régionaux, zones natura 2000 ou encore espaces du conservatoire du littoral. L’association mise ainsi sur des activités manuelles et natures, privilégiant l’environnement et le Do It Yourself. Cela permet une véritable sensibilisation des enfants tout en réduisant les coûts du séjour : randonnées, construction de cabanes, découverte de la Faune et la Flore, etc… Sur place, un atelier bois est également à disposition des enfants. Ceux-ci disposent d’un permis à outils, inspiré de la pédagogie Freinet, afin de pouvoir accéder aux différents instruments : scies, marteaux, clous, etc.
Les repas sont quant à eux préparés maison à partir de produits bios et locaux. « On s’est rendu compte, études à l’appui, que c’était moins cher de faire à manger nous-même avec des produits frais que d’acheter du tout fait », précise Yoann Gény. Les enfants fabriquent leurs propres menus lors d’une commission et cuisinent ensuite sur la base du volontariat. « La cuisine plaît énormément et occupe beaucoup de temps », constate Yoann Gény, « c’est une activité en chaîne, transversale ». Pour préparer une pizza, les enfants vont par exemple se rendre chez le maraîcher voisin pour les légumes, préparer la pâte, et trouver du bois pour la cuisson dans le four à bois, construit lors d’un précédent séjour. « Nos effectifs augmentent d’année en année», s’enthousiasme Yoann Gény, « Ce sont des séjours qui plaisent beaucoup ». En mai 2016, la Bidouillerie a ainsi reçu le prix de l’initiative en Économie Sociale et Solidaire du crédit coopératif. Une récompense qui vient saluer un projet original en plein développement.
Pour aller plus loin
Le site internet de La Bidouillerie
Un article réalisé par Fanchon Chatelais pour notre partenaire Eco-Bretons, www.eco-bretons.info