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Elise Fitte -Duval, la photographie comme document

Publié le 21 octobre 2016 par Aicasc @aica_sc

Elise Fitte – Duval, née à la Martinique, vit depuis plusieurs années au Sénégal. Primée en 2011 aux Rencontres  de Bamako, elle a récemment exposé en décembre 2015 à la Citadelle, Pampelune, Espagne « Dakar, Cuerpo a cuerpo ». Elle a participé en novembre 2014 à une exposition collective « Dakar-Bamako » au Stadthausà  Stuttgart, Allemagne. Son exposition solo « naturL » à l’Institut français de  Dakar, Sénégal de  juillet à septembre 2013 e remporté un vif succès.

Visions archipéliques permet de retrouver ou de découvrir quelques- unes de ses séries

Roland Pavilla, dans son jardin du quartier Pain de Sucre. Marigot, Martinique, 18 juillet 20101.

Roland Pavilla, dans son jardin du quartier Pain de Sucre. Marigot, Martinique, 18 juillet 20101.

 – Quel est votre projet photographique?

Je suis partie vivre au Sénégal parce que l’opportunité de travailler dans l’agence de presse panafricaine et réunir mon couple, s’est présentée. Mais je crois que ce qui m’a poussé à changer de pays, en dehors de raisons économiques, est le désir d’aller au bout des rêves de voyage inassouvis que m’avait confié mon père, cet insulaire. La curiosité de voir l’autre côté du monde. La photographie a été un moyen de m’adapter, d’appréhender mon pays d’accueil.

Photographier est une façon de mettre en forme des réflexions sur l’existence de personnes au sein de la métropole qu’est Dakar. Convaincue de la fonction sociale de la photographie en tant que document, Je ressens le besoin d’enregistrer la réalité qui nous entoure, je veux raconter. Ma pratique est de faire des portraits en corrélation avec des environnements pour produire une narration. Ce qui importe c’est de montrer les citadins comme sujets agissants dans cette captation partielle de la réalité que permet l’appareil photo,

Je me suis attachée à suivre des danseurs contemporains au cours de leur travail de création dans différents festivals en Afrique de l’Ouest. J’accompagnais les danseurs au moment de leurs répétitions. Car je cherchais à montrer le travail quotidien de la recherche chorégraphique à travers le langage du corps. Le parti pris du noir et blanc s’est imposé d’abord pour des raisons pratiques (en 2004, n’ayant pas de reflex numérique  il était plus fiable de développer mes films moi-même et de les numériser). Et aussi cela créait un lien entre l’esthétique et la narration.

Je me suis sentie concernée par les grèves de 2009 en Martinique, qui obligèrent certains à se poser la question de l’origine des aliments que l’on pouvait avoir sur l’île. J’ai voulu illustrer le renouveau du jardin créole dans l’imaginaire culturel en faisant le portrait de personnes que j’ai rencontré après les faits en 2010.  J’ai utilisé le même mode opératoire que Vivre le Pieds dans l’eau et Ouakam, village de Dakar. Des portraits en extérieur dans les conditions du reportage. Je rencontrais les protagonistes une fois, après leur avoir expliqué ce que je voulais faire  au téléphone et lors de notre rencontre, je prenais les photos. Je n’ai pas eu l’occasion de les revoir. Cela m’a permis de redécouvrir l’île par ses paysages et ses croyances rattachées à  la botanique. C’est cette approche que je tente de faire évoluer actuellement. Faire une narration quotidienne d’une même personne pendant plusieurs jours pour me rapprocher d’un journal intime photographique.

Le prix pour une femme photographe obtenu aux rencontres de Bamako en 2011 a conclu cette période. Ce fut une surprise non suivie.

 -Quel matériel photographique utilisez – vous?

 J’utilise des appareils reflex. Entre 2009 et 2011 j’utilisais un Nikon d300 et un zoom 18- 200mm qui me semblait d’une maniabilité sans faille. J’ai changé pour un D3 plus lourd et des optiques fixes, principalement 50mm et 14mm. Cela m’oblige à prévisualiser plus souvent.

Danser l'espoir

Danser l’espoir

 -Où commence et où finit le travail du photographe?

 Cela se passe dans la tête d’abord, quand on se met en position de regardeur. Donc c’est tout le temps, même quand on ne prend pas de photo.

– Pour quelles raisons privilégiez – vous le développement de séries?

 Plus qu’une volonté de faire des séries, il s’agit de s’approcher de l’essence d’un sujet. L’image photographique produit un effet de réalité dont il est moins évident de détacher les symboles. Son sens premier est illustratif. La série permet une distanciation par rapport à cela et aussi de développer un autre type de narration.

FEstival Dalifort dannse : faire redescendre les arts de la scène dans les rues

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 – Comment se développe votre relation au modèle ?

 Par le documentaire, mode esthétique qui traduit les formes de la réalité. Esthétique d’une démarche qui pourrait être sociologique. Le medium photographique est un moyen de se relier au monde, même si au final on poursuit toujours ses propres idées et qu’on voit le monde selon ses propres critères.

Entretien avec Dominique Brebion – octobre 2016

Ngone Thiam, retraitee, femme au foyer.

Ngone Thiam, retraitee, femme au foyer.


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