Des nouvelles du fiston vazaha à Madagascar
"Pour bouger les fesses de ma
petite malgache, je l'ai incitée à faire un peu de business. Pour ça, son idée
a été d'acheter des canards en brousse pour les revendre 2 fois plus cher aux
restaurants en ville (c'est la règle, c'est normal et ça fonctionne donc, bonne
idée). Elle a fait le voyage une 1ère fois seule et j'ai proposé de faire le
suivant avec elle, il me fallait un peu d'aventure.
Donc ça commence par 40
bornes de routes goudronnée, puis 120 de piste. Et beh c'est du sport, on a mis
pratiquement 5h30 !
Bon pour ma défense, je ne suis pas vraiment sûr du
kilométrage, je dirai plutôt 150. Le problème c'est que mon compteur est déjà
mort, le leur est soit débranché, soit faux (quand ils roulent à au moins 50
km/h, le compteur indique 10...) et y a pas de bornage en piste. Bref, on va
pas faire la tapette, faut se l'avouer, je n'ai pas été très rapide.
Mais d'abord le cross, c'est
perso, sans le sac de patate à l'arrière ! Elle est mignonne la petite mais
dans le sable, ça m'allège l'avant et sur les bosses, elle me comprime plus les
suspates qu'autre chose. Et aussi, elle n'indique pas la bonne direction:
j'étais sur un petit cours d'eau quand elle m'a dit "à droite, non à
gauche, attend je sais pas !". Résultat: planté. Vous verrez la vidéo à
mon retour vers la civilisation, pas assez de réseau ici.
En tout cas, ce n'est
pas pour rien que les pistards utilisent un road book. Et si c'est macho de
dire que la passagère n'est pas la bienvenue, j'assume en disant que la moto ça
se partage mais pour y prendre un max de plaisir, désolé mais c'est solo.
Donc la piste malgache, c'est du
sable, de la terre, du mélange des deux, avec des cailloux, des ornières, des
trous, des fourmilières énormes, des buissons biens secs qui te gratouillent
les jambes même à travers le jean.... Le pire c'est le sable. Je pensai m'y
être habitué chez moi mais là c'est autre chose: super fin, même les 4x4 n'y
laisse qu'une trace à peine plus large qu'une roue de vélo. Tu n'as qu'une
seule trajectoire possible avec un gros tas au milieu qui t'empêche de prendre
l'autre saignée en cas d'obstacle. Et si tu veux éviter un buisson ou une
branche d'arbre qui risque de te fouetter la gueule, tu ripes dès que tu es en
dehors de la voie, tu pars en guidonnage et c'est super dur à rattraper. En gros,
j'ai couché la moto 2 fois quasi à l'arrêt et pris une petite gamelle, sans
gravité heureusement (ni pour nous, ni pour la moto). En fait, c'est assez
frustrant de ne pas trouver le mode d'emploi. Et puis, comme excuse, la
passagère n'aide pas. Alors tant pis pour elle, des fois elle descendait de la
meule et là ça allait bien mieux. Une fois que j'étais en piste plus roulante,
je réfléchissais à comment passer ces putains de portions de sable. J'ai révisé
mes cours dans ma tête et m'est venue la solution: le regard. Ben voui, c'est
con, mais c'est la base en moto. Il y a tellement de pièges sur cette putain de
piste que j'ai pris la mauvaise habitude de regarder 5 mètres devant mes roues.
Mais en moto, cross ou piste, faut élargir le regard. Et effectivement c'est
efficace sur le sable, j'ai passé un peu mieux les dernières portions. Je me
suis rappelé à mon bon souvenir que la moto, ce n'est pas que du gros gaz et
des cojonès, faut être technique quand même un peu. Et puis de toute façon, je
n'ai plus les couilles de mes 20 piges, alors faut réfléchir un peu avant
d'attaquer.
Aussi il faut de l'équipement.
Bon j'ai mis le casque (minimum obligatoire), le jean et les baskets. Mais il
aurait fallu des gants, des bottes et au moins une dorsale au cas où. Un masque
aussi c'est bien. Je n'ai plus de lunettes de soleil, à part les "Ran
Bei" contrefaçon "officielle" de Ray Ban qui déforment plus la
piste qu'autre chose. Avec le masque, c'est comme au ski quand il y a du
brouillard, tu vois mieux les imperfections qu'avec tes propres yeux. Là je
n'avais que mes lunettes de vue classique et avec le soleil, j'en ai chié !
La gestion du parcours est
importante aussi. Normalement, on fait de la reconnaissance, on regarde une
carte avant de partir, mais là ce n'est pas possible. Alors dernier recours,
pêche aux infos mais là c'est encore une autre histoire, j'ai été très mal
informé: le chauffeur de 4x4 me dit qu'il fait le chemin en 3h00 max alors
qu'il a mis 5h30 ce blaireau, sans panne ni aucun imprévu. On l'a attendu et
lorsqu'il arrive, pour lui tout va bien, grand sourire... En même temps,
j'aurai dû m'en douter, ici quand il est 10:35, ils disent 11h moins... Moins
5, moins le 1/4, moins 25, ils ne connaissent pas. C'est comme le kilométrage,
ils ne savent pas être précis. En me renseignant auprès de la belle famille,
ils me disent qu'ils font ça en 2h30. Sauf que même si je n'ai pas roulé très
vite, c'est impossible. Mais je n'ai su ça qu'en arrivant, qu'ils avaient dit ça
pour m'encourager... N'importe quoi! Je pense surtout qu'ils ne m'en croyaient
pas capable, ils avaient tous un petit sourire en coin quand j'ai dit que
j'allais le faire. Aurait dû me méfier. Donc une fois sur la route, à une
petite pause banane/café/clope dans le seul petit village disponible, je
demande à la miss qui me dit "c'est bon, on a fait la moitié du
chemin". Sauf qu'on n’était même pas au tiers. Quand je lui demande
pourquoi elle m'a dit ça, elle me répond que c'est parce que d'habitude, ils
s'arrêtent là pour manger... Sauf que quand tu détaille, elle te dit qu'en
camion elle met 2h pour arriver là + 5h pour arriver à destination... Je l'ai
regardée, elle m'a regardé, je l'ai regardée...bref, ne pas faire confiance à
un malgache pour évaluer une distance ! En tout cas, je pensais pouvoir gérer
le parcours sans problème, alors j'ai bien roulé dès le début, pas à l'attaque
mais régulier. Sauf que 3 heures prévues en étant large qui se transforment en
5, c'est pas du tout pareil. En fait, ça m'a fait penser au canoë sur la Vézère,
version parcours sur 2 jours. Au début t'es content, tu fais le con, tu fumes,
tu bois. Arrivée la nuit, tu fais la fête autour du feu jusqu'à pas d'heure.
Mais le lendemain, t'as l'impression de faire 2000 bornes! Moi encore ça
allait, j'étais avec mon Fanou qui est comme Obélix, si tu rames, tu le ralentis.
Mais je repensais au bateau vapeur de l'équipe, avec mes Chacha et Poulpy: pour
te repérer, faut compter les ponts. Alors après chaque virage, ils espéraient
voir un pont, sauf que la plupart du temps il y avait de graaandes lignes
droites😂.
Bref, cette petite session, c'était un peu pareil, à la fin j'étais raide.
Mauvaise gestion de la distance.
Ah oui, dernière chose, avant de
partir, toujours penser à bien réviser la meule. Ca c'est impératif donc je
l'avais fait et ça m'a bien sauver la mise, notamment la vérification et
tension du tambour arrière, j'avais oublié comment le pilotage cross différait
du pilotage route. Un petit coup de frein arrière pour corriger une
trajectoire, quand la poussière t'empêche d'utiliser l'avant, c'est très
appréciable ! Ca se fait aussi avec une routière mais là c'est beaucoup plus
fréquent. Et puis dédicace d'ailleurs à ma petite chinoise 150 cc, elle a
assurée. Redémarrage 1/4 de pet après des pauses ou la petite chute, moteur qui
chauffe mais qui ne bronche pas... Elle a des défauts cette petite, de finition
surtout. Mais le petit cœur, le moulbiffe, il est là ! Faut toujours respecter
sa cavalière, surtout quand elle le mérite.
Donc pour résumer, une virée en
bécane c'est : révision mécanique, repérage du parcours, équipement. On se sort
les doigts du cul, 1ère en bas, gaz à droite et ENJOY !!!
Voilà, ce petit parcours m'a
inspiré, je voulais partager ça avec vous. C'est un peu technique, ça va peut
être gonfler les non initiés. Mais faire de la piste à Mada, ça fait partie du
folklore, que ce soit en 4x4 ou en bécane, faut le faire. J'en connais quelques
uns qui se seraient éclatés avec moi. Même si j'ai quelques courbatures
aujourd'hui, je ne regrette pas et je pense que je le referai (à commencer par
le voyage retour). Ici ou ailleurs, je reste un motard, car la moto procure
vraiment des plaisirs intenses, autant physiquement que moralement. Bien sûr,
il y a plein d'autres plaisirs dans la vie. Mais ma virée me confirme que la
moto reste dans ma "top list". Au passage, merci ma mère d'avoir fait
de la moto jusqu'à 7 mois de grossesse. Et surtout merci mon père d'avoir rendu
ça possible, tu nous a transmis le virus😉
La bise