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Edward Hopper, Les Noctambules (Nighthawks), 1942.

Publié le 23 octobre 2016 par Marine
Bonjour à tous, "Ce que l'Art ne nous dit pas" reprend du service en cette fin de dimanche. Si tu as loupé le précédent article, je t'invite à y jeter un œil (pas trop loin non plus) afin de mieux comprendre comment fonctionne cette série culturelle et littéraire. Une fois conscient que tout ce que je dirais là n'est aucunement sorti d'une interprétation scientifique et véridique, on pourra commencer.
L’œuvre :
Edward Hopper, Les Noctambules (Nighthawks), 1942.Célèbre toile du peintre américain Edward Hopper que l'on classe généralement dans le courant du réalisme et naturalisme américain, Les Noctambules a été peinte en 1942. Cette huile sur toile conservée à l'Institut d'Art de Chicago témoigne d'une scène de la vie quotidienne américaine où la solitude est omniprésente. De manière générale, l'atmosphère de ses toiles est dominée par l'absence de communication. Les spécialistes s'accordent pour relier cette particularité à l'impact qu'a eu la Seconde Guerre mondiale sur l'artiste. On notera par ailleurs que la toile survint un an après la catastrophe de Pearl Harbor.  
Je trouve ce cadrage, ces lumières et ces couleurs fascinantes. Un silence presque inquiétant s'en dégage. Une scène propice à la réflexion.
 Et si on tendait l'oreille ?
Quelle heure est-il ? A peine minuit ? Le temps passe si lentement... ou peut-être trop rapidement ? Comment le savoir ? Le Temps, cette substance impalpable qui ne cesse d'apposer ses marques sur vous. Un mal insidieux qui se glisse partout, ne laissant personne en réchapper. Le Temps, comment le contrer ou l'amadouer ? La chaleur d'une compagnie peut-être, la solitude qui L'accompagne doit se faire moins pesante face à ce fardeau. Peut-être l'attention une fois portée vers un mirage nous détournera-t-elle assez pour oublier les ravages de ce Dernier ? Voilà un couple qui ne semble pas conforter ma réflexion. Désintéressée, absente, perdue dans l'analyse de cette petite chose verdâtre qui va bientôt connaître les chaudes et humides entrailles humaines, la femme est assise seule près de son illusion. Illusion elle aussi accablée par je ne sais quelle espèce de pensées. Sa cigarette se consume indépendamment de sa conscience. Immobile il est là, il est très loin. Ils sont deux et qu'un à la fois. Cruelle union. L'espace d'un instant, je reviens à moi pour fixer mon verre vide, pour la huitième ou dixième fois de la soirée, je n'ai pas vraiment compté. Sans un mot, sans un regard, levant mon verre je fais signe au serveur, lequel avait les yeux rivés dans le vide depuis de longues minutes me semble-t-il. L'ai-je sorti de sa rêverie comme l'appel de l'alcool m'a extirpé de mon achronie intérieure ? A quoi pensait-il... Il a l'air morne, las d'être. Il s'exécute, dans un silence gracieux interrompu seulement par les seuls bruits clairs que fait la bouteille au contact du verre. Visage émacié, il semble abattu par quelque chose d'aussi plaisant que destructeur: sa solitude. Vieille amie, vaguement de mèche avec le Temps. Cette solitude qui tous ici nous unis mais nous éloigne aussi inévitablement. Quelle complexité. La lumière qui baigne ce café, franchissant sans mal les verrières n'éclaire pas plus mon esprit. Torturé, agité, animé, vivifié par la réflexion, l'évasion permise par ce sentiment tout autant libérant qu'emprisonnant. Solitude, toi que j'aime et que je hais, qui me permet d'apprécier les affres du Temps et qui parfois me fait agoniser dans un mutisme délectable, permet moi de te livrer mon admiration sans faille envers ta beauté ténébreuse, ton réconfort meurtrier.
Je me lève dans un grincement épouvantable qui attire ces visages aussi insipides que fertiles vers mon costume tombant impeccablement sur mon enveloppe. Ils attendent, mais quoi donc ? Leur regard m'extraient, me tirent et me poussent à briser ce voile translucide qui nous séparent : "A demain"
Et toi, confie-moi ce que ce tableau te raconte..

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