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Titre : David, les femmes et la mort
Tome : One-shot
Scénario et dessins : Judith Vanistendael
Editions : Le Lombard
Année : 2012
Nombre de pages : 280
Résumé :
David apprend qu'il est atteint d'un grave cancer du larynx. A la fin de l'histoire, il meurt.
Tout est dit ?
Non, car il a autour de lui ses femmes : Miriam sa fille de trente quatre ans née d'un premier mariage, qui vient de mettre au monde une petite Louise, Paula la femme avec qui il partage sa vie et Tamar, neuf ans, la fille qu'ils ont eu ensemble.
C'est par leurs yeux, par leurs perceptions, leurs angoisses et leur rêves, que se lit le long chemin de David à travers la maladie, jusqu'à la fin.
Mon avis :
En cette période de Toussaint, voici un livre sur la mort, celle qui nous touche et qui fait partir nos proches.
Ce n'est pas un livre sur la maladie, non. Car l'histoire de David est déjà écrite à l'avance... Son cancer est grave, très grave, son médecin fera le maximum, mais dans ces cas là, et nous avons tous nos propres expériences autour de nous, les chances de rémission sont minimes...
C'est un livre sur la vie ... la vie de ceux qui entourent le malade, et qui y sont confrontés, malgré eux, bien obligés de l'affronter à leur manière.
Pour se faire, Judith Vanistendael nous gratifie de dessins à l'aquarelle d'une poésie extraordinaire, qui exploitent toutes les possibilités de mise en scène de la BD pour transmettre les émotions mieux que
mille mots.
David les femmes et la mort est un magnifique hymne à l'amour, même dans ces circonstances tragiques...
Le scénario, le découpage :
La richesse du livre passe d'abord par le découpage en quatre chapitres entrecoupés de poèmes : un pour chacune des femmes et le dernier pour David lui-même. Le titre annonce sans qu'on le sache la construction même du roman graphique.
Chacune des femmes de la vie de David possède sa propre vision de la maladie :
- Miriam, fille de David née d'un amour de jeunesse, lui annonce la naissance de sa propre fille le jour même où David apprend sa maladie. Son rapport à sa belle-mère Paula qui n'a que quelques années de plus qu'elle, l'a éloignée de son père. Ce chapitre nous apprend la manière dont la maladie vient finalement rapprocher le père et sa fille. Parce qu'il n'y a plus d'autres choix maintenant que la fin est proche.
- Tamar, est née de l'amour de David et Paula, elle a neuf ans au début du livre. La maladie et la mort potentielle de son père sont des choses abstraites, qu'elle s'approprie ou fantasme avec son ami Max.
Ce chapitre montre aussi comment David, malgré la difficulté des traitements, fait tout pour maintenir sa fille éloignée de la dure réalité.
- Paula enfin, sa jeune épouse dessinatrice, qui ne veut pas accepter l'inévitable. Quitte à partir pendant une semaine loin de son mari, au risque de le perdre. Et qui l'aime si fort, qu'elle le déteste d'être malade.
Le dessin :
Tous ces sentiments, toutes ces émotions sont rendus possibles grâce aux dessins à l'aquarelle de Judith Vanistendael. Pas trop réalistes pour que la réalité ne soit pas trop crue, et des couleurs beaucoup de couleurs, de magnifiques planches où toutes les possibilités de la mise en scène sont exploitées pour transmettre les émotions, le ressenti, les joies et les tristesses, de ce type d'épreuve.
Les chapitres sont entrecoupés de courts poèmes, et tout le livre est poétique grâce aux dessins que j'ai vraiment adoré. La couverture d'ailleurs : ce bateau dans le soleil couchant avec ces deux personnages qui regardent au loin, en direction peut-être du long voyage qui les attend ? Les rêveries de Tamar, sont également délicieuses de poésie. On suit le cheminement de cette petite fille qui s'approprie à sa manière les questions de la vie : qu'est-ce qu'un papa, qu'est-ce que mourir, pourquoi meurt-on ?
Conclusion :
L'histoire sonne vraie, probablement autobiographique, l'auteure ne le précise pas ... les dessins transmettent tout ce que les mots ne sauraient dire ... et lorsque j'ai refermé ce livre de plus d'un kilo qui pesait sur mes genoux ... j'ai pensé à Miriam, Tamar, Paula, David ... et à mes amis qui viennent de vivre une épreuve semblable... et je vous l'avoue j'ai versé une larme.
Martin
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