"Je me souviens qu'en Mai Paris improvisait à plusieurs mains sur un piano.
Certains disaient: "il n'y à rien derrière ces mots qui dansent!"
Mais
l'Histoire vivait en chemisette.
Une brune en pantalon rouge dépucelait devant nous la rue qui se laissait faire.
Le concierge de la Sorbonne, homme placide s'il en est, bourra sa pipe de haschisch et se remit à caresser sa femme au bon endroit.
La vie ne nous était jamais apparue si claire que durant cette période trouble.
On relevait séance tenante des charges contre la police.
L'unique pièce reçoit le vent; Les rideaux de la porte-fenêtre se soulèvent par intermittence. Les persiennes à moitié descendues, le soleil s'insinue discrètement.
Jean est assis ; il a ouvert le col de sa chemise; l'air lui chatouille le jeune buisson de sa poitrine. Il feuillette des copies doubles mais il ne les lit pas. il n'a pas envie de corriger. Il pense davantage à la souris qui pourrait le voir en ce moment, camouflée dans le trou d'une plinthe ou perchée sur l'abat-jour qui pend au plafond. il imagine les réflexions espiègles de l'animal.Jean pose son crayon rouge sur le tas de papiers, allonge les jambes, fait un peu d'équilibre sur sa chaise. Puis il tend la main vers la carafe d'eau, en boit une bonne goulée, sans se servir du verre.
En portant la bouteille à ses lèvres, il a laissé tomber de grosses gouttes sur sa chemise aux dessins écossais.
Les grosses gouttes, avant de couler plus bas, restent accrochées quelques secondes au tissu laineux, et cela lui rappelle encore et malgré tout les feuilles de fraisier au petit jour, la pellicule de rosée qui se rassemble sur la nervure médiane de la feuille, avant de s'évaporer aux premières caleurs de la matinée.
Il allume une cigarette, pousse le bras du pick-up sur la Moldau de Smetana .
.../..."
".../...
De la rue, des petits cris d'enfants lui parviennent :
des cris de jeu, mêlés à un vent chaud. Il imagine un dialogue ;
-Que fais-tu?
-Rien. Je regarde passer les péniches, doucement.
-Et après?
-Après, je rentre chez moi, je tire les volets, suffisamment pour que les rayons du soleil fassent des rais de lumière dans ma chambre, je m'allonge sur le lit, j'allume une cigarette, je souffle la fumée avec précaution et je regarde les volutes monter en tourbillons clairs et opaques.
-Et après? "
Alain Chany-extrait de "L'ordre de dispersion" -Vessies et Lanternes" Editions de l'Olivier-
Mais qui est donc l'honni car?
Une péniche pour les grandes artèresvers l'envers
Rafiot de l'avenue
bienvenu.
La mécanique des genres
De passage.
Simplement, de passage
Migrateur qu'ambitionne la lucarne.
Bon vent!
Moi aussi,
quand je serais assez grand dans mes rêves,je hisserais le grand foc sur ma roulotte,
et lèverai mon verre d'encre
à la gloire des riches infortunes