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#SoigneEtTaisToi: Je soutiens les infirmier.e.s dont le quotidien n’est pas une fiction – InfirmieReporteR

Publié le 01 novembre 2016 par Santelog @santelog

Je soutiens les infirmier.e.s dont le quotidien n’est pas une fiction et qui manifestent le 8 Novembre pour faire bouger le Ministère de la Santé qui reste sourd face au désespoir des professionnels de santé de voir la sécurité des patients et des soignants mis en danger.

Bonjour à tous,

expo-sorbonne-le-temps-dun-regard-paris-aide-soignant-et-patientVous en entendez parler en ce moment, les professionnels de santé sont en souffrance et manquent cruellement de reconnaissance alors même qu’une série médicale française, NINA, diffusée sur France Télévision, rassemble chaque semaine plus de 3 millions de téléspectateurs.
Vous voyez le paradoxe? un vrai engouement public pour un personnage de fiction qui est infirmière d’une part, et un désintérêt des pouvoirs publics pour notre métier de l’autre.

Alors je me suis dit que ce serait vraiment dingue si ces 3 millions de téléspectateurs soutenaient le mouvement infirmier le 8 Novembre prochain.

Bon, pour être totalement honnête avec vous, parce qu’on est comme ça on se base sur une relation de confiance, pour les infirmiers, cette série ne nous représente absolument pas et je vais vous expliquer pourquoi dans un instant. Mais quand même, si vous avez passé vos soirées devant NINA, vous pouvez m’accorder quelques minutes pour vous intéresser à notre cause.

Le 8 novembre prochain, les infirmières seront dans la rue rassemblées autour du mouvement #SoigneEtTaisToi.

Nous avons besoin de vous pour faire bouger le Ministère de la Santé, pour marquer notre unité, pour soutenir un métier en souffrance qui vous concerne absolument tous.

Alors, avant que vous nous souteniez il faut que je vous explique le rapport entre notre agacement face à NINA qui est une fiction et la non reconnaissance de notre métier qui est notre quotidien.

Pour résumer, la production a pris le prétexte de mettre en avant un personnage d’infirmière pour développer un fiction médicale. Et nous en avons un peu marre de faire office de faire valoir.

On respecte absolument les médecins, on travaille avec eux tous les jours, on a notre expertise et on bosse ensemble pour le bien-être du patient. Sauf qu’on n’a pas vocation à prendre leur place ou à fantasmer sur le fait de devenir médecin, un sujet sur lequel revient systématiquement la série. On n’est pas des médecins frustrés, on est infirmiers.

Les scénarii tournent invariablement autour de la recherche diagnostic à laquelle nous participons à notre niveau, mais qui n’est pas notre coeur de métier. D’accord c’est la limite du genre de la série médicale. Sinon on appellerait ça une série paramédicale. Notre métier, c’est le Soin et cela ne se résume pas à une prise de tension ou de température.

Passons sur la manière caricaturale dont le personnage de l’étudiante infirmière est représentée. Il y aurait une thèse à développer sur les ressorts contreproductifs de cette série qui présente un personnage féminin fort pour mieux assoir le patriarcat.

Et pourtant, chaque semaine vous êtes en moyenne 3 millions 2 à regarder NINA! 3 Millions 2! Vous ne pouvez pas avoir complètement tort!
Et c’est en écoutant Laurence Bachman, la productrice de Nina qui s’exprimait sur Europe 1 jeudi 27 octobre, que j’ai fini par comprendre le paradoxe:

Extrait «on le revendique c’est de la fiction, on a besoin de divertir, on a besoin aussi de faire rêver»

On comprend que la télévision veuille faire rêver et ce malgré ce que pouvaient avoir à en dire les professionnels de santé lors de la diffusion de la 1ère saison.

Ce que j’en comprends c’est que les auteurs de la série ont une représentation de notre métier qui répond à vos attentes, en tant que public, peut-être même en tant que patient ou famille de patient.
Or c’est justement la distance qui sépare cette représentation de notre réalité douloureuse qui provoque la colère des soignants, parce qu’elle est réductrice, édulcorée, éloignée de nos compétences et des responsabilités qui pèsent sur nos épaules dans un contexte dégradé.

Elle entretient une image décalée et caricaturale de notre univers qui voudrait vous faire croire que tout va bien. Moi j’appelle ça de la propagande.

Alors c’est vrai que ce n’est «qu’une série», que ce «n’est pas un documentaire», qu’elle «n’est pas là pour décrire la réalité».

Est-ce que c’est si grave si NINA ne nous représente pas tel que nous sommes.

imageFondamentalement non, vous avez le droit en tant que public d’avoir vos représentations sur notre métier, la production et les auteurs eux mêmes ont le droit de coller à cette représentation en vous apportant ce que vous attendez. On peut même pas en vouloir aux comédiens qui pensent vraiment bien faire et nous représenter correctement…

… non ce qui fait que les soignants réagissent aussi mal à la représentation de l’infirmière dans NINA c’est que ce monde de bisounours qui est acceptable dans une fiction télévisée est partagée par notre Ministre de tutelle.

Quand nous avons besoin de reconnaissance nous avons l’impression qu’elle regarde NINA en se disant que ça va passer.

Quand des infirmiers se suicident ou se font agresser, nous avons droit à « The sound of Silence », avant de nous annoncer un plan autour de «la culture du bien-être» qui «doit exister à l’hôpital aussi» alors que la culture du rendement mène les personnels au Burn-Out ou au suicide.

On ressent aujourd’hui le besoin de vous dire qui nous sommes et quelles sont nos difficultés à vous prendre en soin. Même l’ordre qui nous représente nous a enjoint à nous exprimer!
Pourquoi c’est important que vous nous souteniez aujourd’hui?
Parce que si les infirmières descendent le 8 novembre dans la rue ce n’est pas pour se plaindre, nous le faisons parce que nous voulons bien faire notre travail, parce que nous sommes pas là pour aller plus vite, pour faire du rendement, nous voulons assurer votre sécurité, votre accompagnement, dans les moments où vous êtes les plus fragiles.

Alors, vraiment si vous aimez la série NINA, continuez, divertissez-vous, car ce sera à nous soignants, de faire évoluer petit à petit votre représentation de notre métier en nous exprimant, en vous disant qui nous sommes et comment nous souhaiterions vous prendre en soin.
A l’image de ces infirmières qui se sont confiées à Olivier Delacroix dans sa série documentaire Dans les yeux d’Olivier ou bien comme Caroline Estremo, cette infirmière toulousaine qui a utilisé l’humour pour décrire son quotidien aux urgences.
L’heure est venue pour les soignants de s’exprimer, de dire ce qu’ils sont et ne sont pas.

Nous avons besoin de vous, les 3.200.000 téléspectateurs de NINA pour faire bouger la représentation qu’a notre Ministre des infirmier.e.s en lui rappelant que vous êtes les premiers à subir le manque de personnel et les mesures qui finissent par mettre votre vie et celle des soignants en danger en signant et relayant la pétition ci-dessous.

Si vous n’aimez pas NINA ou que vous ne l’avez jamais vu et que vous voulez aussi soutenir les infirmier.e.s n’hésitez pas!

Aidez-nous à vous prendre en soin.

signer

Source : Je soutiens les infirmier.e.s dont le quotidien n’est pas une fiction #SoigneEtTaisToi par InfirmieReporteR

Crédit Photo : Les p’tites lumières

#SoigneEtTaisToi: Je soutiens les infirmier.e.s dont le quotidien n’est pas une fiction – InfirmieReporteR

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