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Wonder de Begaudeau et Durand - chronique soixante-huitarde !
Publié le 01 novembre 2016 par 7bd @7BDTitre: Wonder Auteurs : François Bégaudeau (scénario) et Elodie Durand (dessin) Editeur : Delcourt collection : Mirages Année : 2016 Pages : 144
Résumé : Nous sommes en 1968. Renée est ouvrière chez Wonder et supporte les dures conditions de travail sans rien dire. Quand les événements de mai 68 démarrent, tout explose autour de la jeune fille qui va se retrouver entraînée dans la foule. De nombreuses rencontres l'attendent qui chambouleront sa vie et surtout sa vision du monde...
Mon avis : Dès le début, l'histoire nous replonge en quelques pages dans la France de De Gaulle. On saisit tout de suite le contexte de l'époque et ça nous aide à mieux comprendre la vie de Renée. Comme des millions d'ouvriers, la jeune femme est simplement une personne effacée qui fait au mieux pour s'en sortir. Ni bravache, ni timide, sous le coup des idées et des modes de pensée de son époque, à rêver d'un possible amour, à déchanter devant la réalité, Renée est un personnage attachant. Quand les événements se précipitent, Renée est entraînée dans une spirale qui la dépasse, sans doute comme tout un tas de gens à l'époque. Et les rencontres qu'elle fait ne contribuent qu'à creuser le fossé entre ceux qui expliquent le changement de monde qui est en train de s'opérer et elle, symbole des ouvriers pour qui le changement seraient d'obtenir déjà de meilleures conditions de travail. Bégaudeau monte que mai 68 ressemblait plus à un patchwork de différents mouvements qu'à quelque chose de vraiment construit, organique. Et Renée à la chance (ou la malchance) d'errer entre ses mouvements. C'est dommage qu'elle ne croise jamais ses pairs, en tout cas, pas pendant les temps forts de ce printemps 68.
Son regard absorbe ce qui l'entoure et il lui faudra du temps pour digérer toutes ces informations et trouver son chemin. D'un autre côté, je reconnais que les différents chemins présentés n'ont rien de très réjouissant ni de très motivant et on comprend la distance de Renée au premier abord. Cette histoire se révèle un peu classique, il s'agit du parcours initiatique d'une jeune femme en mai 68 mais le traitement graphique apporte un beau souffle de liberté sur ce récit.
Le dessin en noir et blanc de Élodie Durand, rond et stylisé, sert l'histoire au mieux. Si le gris est omniprésent tout au début de l'histoire, la couleur fait son arrivée quand Renée ouvre les yeux et comprend mieux le monde qui l'entoure et surtout la place qu'elle pourrait y trouver. La forme graphique atteint son apogée avec une fin en feux d'artifices où la couleur explose, comme l'âme de la jeune femme. Une fin où le choix d'effacer ce qui pèse apparaît au sens propre dans ces pages très belles comme au figuré dans les choix de Renée. Ce surnom que Renée porte « Wonder », dû à l'usine où elle travaille, prend tout son sens dans les dernières pages, où le mot merveille nous frappe en plein visage. Là où l'utilisation des couleurs illustre pleinement l'histoire, la composition fait de même. Discrètement, petit à petit, les cadres prennent de l'ampleur pour se resserrer lors du dur retour à la réalité, avant d'exploser. Renée, en couverture de cet album, qui regarde le ciel, illustre bien la leçon d'espoir qui souffle sur ce récit.
Wonder, une histoire de prime abord classique où le merveilleux se fait une belle place, discrètement, au fur et à mesure d'une initiation compliquée.
Zéda et Renée dans les événements de mai 68 !
David
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