Bixente Lizarazu a un beau palmarès : champion du monde de football en 1998, champion d'Europe en 2000, six fois champion d'Allemagne, 4 fois vainqueurs de la coupe d'Allemagne, 5 coupes de la ligue allemande... Des succès qui ne doivent rien au hasard. Comme tous les champions, Bixente Lizarazu a beaucoup travaillé avant, pendant et après les matchs. Ses conseils pour réussir sont valables aussi bien sur un terrain que dans le monde de l'entreprise. Alors, inspirez-vous !
Quand j'ai quitté le Pays Basque pour rentrer au centre de formation des Girondins, à Bordeaux, à 14 ans, je ne pensais pas à remporter la Coupe du monde ; ça me semblait un rêve totalement inaccessible ! Mon rêve, c'était d'abord d'être un footballeur professionnel, de jouer devant des tribunes remplies. C'était déjà un bel objectif.
Trouver son guide, fil conducteur
Enfant, j'avais beaucoup d'énergie à dépenser et j'ai toujours eu besoin de me défouler, de jouer aussi, avec un ballon en l'occurence.
Le sport, c'est le guide, le fil conducteur de ma vie. Bien sûr, l'adrénaline que procure la compétition est sans égale mais au départ, il faut la passion pour le sport : c'est la base de tout. D'ailleurs, aujourd'hui, ma carrière professionnelle est terminée mais je fais encore beaucoup de sport : du vélo, du surf, du ski, du jiu-jitsu... C'est indispensable à mon équilibre physique et psychologique.
La compétition est la suite logique de cette passion. Ensuite, tout est une question de mentalité. Quand tu as envie de progresser, de t'améliorer, tu vas venir naturellement vers la compétition. Et pour progresser, il faut s'entraîner, sans brûler les étapes. Car je ne crois pas qu'on puisse devenir un champion de manière programmée. Les choses viennent d'elles-mêmes.
Je déconseille à quiconque de s'entraîner dans l'unique but de devenir un champion. Il faut d'abord aller à l'entraînement pour s'amuser, pour prendre du plaisir. Quand je combinais avec Zizou et Dugarry sur le flanc gauche, aux Girondins puis en équipe de France, c'était le résultat d'heures d'entraînement ensemble mais aussi l'expression d'une complicité commune, d'une forme de joie de s'amuser comme de grands enfants.
Les changements nous révèlent
D'autres entraîneurs ont marqué mon évolution, à commencer par Didier Couécou. C'est lui qui a eu l'idée de me faire passer du poste d'ailier gauche à celui d'arrière gauche. Ce changement a été pour moi une révélation en tant que joueur mais aussi en tant qu'homme. J'étais encore jeune, j'avais 19 ans mais il a fallu que j'apprenne à défendre, à aller au duel, au combat, et c'est une des meilleures choses qui me soient arrivées dans la vie. Un attaquant est un peu égoïste ; il pense au but, au beau geste et pas toujours aux autres. Être défenseur à une réflexion tactique plus importante, à penser son jeu au sein de l'équipe de manière plus globale. Défendre, c'est un état d'esprit que je n'avais pas forcément, que j'ai acquis et qui me sert encore aujourd'hui.
Ne jamais renoncer, aller au bout pour ne pas avoir de regrets
Faire la différence
Cette évolution a été facilitée la saison suivante (1989-90) par ma complicité avec Jesper Olsen et Raymon Goethals : il nous appelait " les moustiques " parce que nous étions petits mais qu'on piquait fort ! Goethals nous faisait une confiance totale.
Et puis il y a eu aussi Roland Courbis. Il parle beaucoup mais, un jour, il m'a glissé trois mots dont je me souviens encore : " Bixente, calme et tempête ! " . Dans son jargon à lui, ça voulait dire : sois tranquille, fais tourner le ballon, endors l'adversaire et quand tu le mets le coup d'accélérateur, fais la différence ! Et, pour un défenseur latéral qui mène beaucoup de contre-attaques, c'était une formule magique. Cette phrase est restée en moi et m'a aidé à doser mes efforts.
Un management humain
Enfin, je ne peux pas parler de ma carrière sans évoquer Aimé jacquet avec l'équipe de France. Son management était très humain mais il a eu, lui aussi, la petite phrase qui a fait tilt au moment où j'en avais besoin : " Si tu récupères, tu seras mon arrière gauche à la Coupe du monde " m'avait-il dit alors que j'étais ennuyé par une pubalgie à Bilbao, à 18 mois du mondial en France. Ça m'a fait un bien inimaginable. Ca m'a aidé à m'accrocher, à me soigner et à décrocher ce rêve que je croyais inaccessible dix ans plus tôt : la Coupe du monde.
Ne pas avoir de regrets
Je crois que c'est là la méthode pour devenir un champion : ne jamais renoncer, aller au bout, pour ne pas avoir de regrets. On peut tomber sur plus fort que soi mais, en ayant tout fait pour réussir, en donnant le maximum, on n'aura pas de regrets. Devenir un champion, c'est une forme d'acharnement. Champion, c'est d'abord une mentalité !
Extrait de :
50 secrets de champions pour être au top dans votre vie
Michaël Aguilar
Collection: Hors collection, Dunod
2016 - 160 pages - 162×210 mm
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