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Divorce / Insecure (2016) : un carré d’as pour HBO

Publié le 03 novembre 2016 par Jfcd @enseriestv

Divorce et Insecure sont deux nouveautés de la chaîne HBO diffusées depuis le début octobre aux États-Unis et au Canada. Dans la première qui compte 10 épisodes, on s’intéresse à Frances (Sarah Jessica Parler) et Robert (Thomas Haden Church) dont le couple est à la dérive et qui malgré toute la bonne volonté du monde n’a plus la force de se réconcilier.  La seconde de 8 épisodes met en scène Issa Dee (Issa Rae), une intervenante sociale afro-américaine qui à l’aube de la trentaine remet en question plusieurs pans de sa vie, qu’il s’agisse de l’amour, du travail ou de ses relations amicales. Dans sa nouvelle programmation du dimanche soir, HBO nous offre deux femmes de deux générations un peu dépassées par les événements, mais avec énormément de charisme. Entre malaises, humour noir et amertume, les nouveautés de la chaîne nous charment instantanément : en espérant qu’on aura l’occasion d’accompagner ces femmes pour un bon bout de temps.

Divorce : « you might end up with nothing at all. Nothing. »

Lors d’une fête à laquelle assistent Frances et Robert; une violente dispute éclate entre le couple d’hôtes, Diane (Molly Shannon) et Nick (Tracy Letts) : celle-ci le menace avec un fusil et lui fait par la suite une crise cardiaque. C’est semble-t-il un point tournant dans la vie de Frances qui annonce à son mari qu’elle veut divorcer. Malgré la sécurité, une belle maison et deux enfants qui approchent l’adolescence, elle entretient depuis plusieurs mois une relation extraconjugale avec Julian (Jemaine Clement), un professeur d’université qui dès qu’il sait qu’elle est libre disparaît du portrait. Par dépit, Frances retourne au foyer familial, mais Robert ayant eu vent de leur relation la met dehors. Dès lors l’épouse cherche plus que jamais à se faire pardonner et que tout redevienne comme avant. Malheureusement, leurs sessions de thérapie sont un lamentable échec, chacun s’isole dans son coin et à la fin du troisième épisode, d’un commun accord ils décident d’entreprendre des démarches de divorce.

Le retour à la télévision de Sarah Jessica Parker était attendu depuis longtemps par ses fans et dès que l’annonce a été faite en décembre 2014 que l’actrice reviendrait à la chaîne HBO qui lui a probablement donné le plus beau rôle de sa carrière dans Sex and The City, la toile s’est enflammée. Pourtant le divorce « imaginaire » de Carrie Bradshaw (qui finit par se marier à Mr Bigg) se reflèterait davantage dans Girlfriend’s Guide to Divorce tant par son ton à la fois volage et bling-bling.

Divorce / Insecure (2016) : un carré d’as pour HBO

En effet, avec Divorce, on est complètement ailleurs. Frances n’a rien de glamour, pas plus que la petite bourgade ensevelie sous la neige où sa famille est installée, d’où la déception probable de certains fans. Pourtant le charme de Sarah Jessica Parker opère dans son nouveau rôle, ne serait-ce que pour sa vulnérabilité. Prête à s’éloigner sur un coup de tête, lorsque ça devient trop réel, elle veut aussitôt retrouver son cocon, aussi inconfortable soit-il. C’est dans un premier temps la peur de l’inconnu qui la paralyse et c’est largement compréhensible après tant d’années de stabilité. Chercheuse de tête, elle reçoit au troisième épisode un client qui dans la quarantaine souhaite réorienter sa carrière à 180 degrés. Au lieu de l’encourager, elle lui débite les phrases suivantes : « But doesn’t it make more sense, Ted, to hold on to what you’ve got? Because if you lose it, then you might end up with nothing at all. Nothing. (…)I mean, I was just wondering what was out there. That’s… What if there’s nothing out there, Ted? »

Évidemment, la série n’est pas parfaite. L’angle original qu’elle emprunte fait qu’en tant que téléspectateur, on ne souhaite nullement qu’ils reviennent ensemble tellement ils sont mal assortis, donc exit tous les clichés associés aux romcoms. D’un autre côté, ils sont si différents qu’on peine à croire qu’ils aient pu vivre ensemble si longtemps. Rêvant d’ouvrir sa galerie d’art, lui est plutôt intéressé par la tuyauterie des cuisines qu’il revampe. Et lorsqu’elle lui fait part pour la première fois de sa volonté de divorcer, il croit que lui donner un orgasme résoudra le problème… En même temps, tant qu’à ne plus s’aimer, on voudrait par moments qu’ils se haïssent davantage, ce qui donnerait un peu plus de mordant à la série.

Insecure : deuxième récupération pour HBO

Dès la première scène, le personnage d’Issa nous est dépeint avec toutes ses ambiguïtés. Devant une classe du primaire, elle tente de motiver les jeunes alors que ceux-ci, très crus s’attardent à sa façon de parler, de s’habiller, ce qui la décontenance. À 29 ans, Issa a un vif désir de changer la vie des jeunes enfants défavorisés, mais devant ses collègues elle peine à assumer ses idées jusqu’au bout. C’est la même chose avec son petit ami Lawrence (Jay Ellis) qu’elle pense à quitter pour finalement faire marche arrière. Son opposée côté relationnel est sa meilleure amie Molly (Yvonne Orji) qui multiplie les aventures d’un soir, malgré un désir ardent de rencontrer son prince charmant.

Issa Rea s’est d’abord fait connaître grâce à sa websérie sur youtube : The Misadventures of Awkward Black Girl dans laquelle elle nous livrait ses impressions avec un ton humoristique sur divers aspects de la vie quotidienne. Comme plus tôt cet automne avec High Maintenance qui avait sa propre chaîne sur Vimeo, HBO recrute des talents bruts ayant déjà faits leurs marques du côté des réseaux sociaux. Les clips d’Issa Rae étant d’un amateurisme certain, il faut bien le concours de la télévision pour officialiser son œuvre et dans ce cas-ci, le transfert au petit écran est somme toute un succès.

Divorce / Insecure (2016) : un carré d’as pour HBO

Évidemment, c’est son point de vue de jeune Afro-américaine qui apporte une plus-value à la série, l’intention première de la production d’ailleurs (Rae : the complexities of « blackness » and the reality that « you can’t escape being black. »). Par exemple, le centre où elle travaille s’occupe d’enfants défavorisés, ce qui à Los Angeles signifie qu’ils sont Noirs. Seule employée de couleur à son bureau, on a droit à plusieurs mises en situation où sous le verni de l’humour, on a droit à une certaine critique de la société comme lorsque ses collègues s’envoient des courriels dont elle est exclue, de peur qu’elle ne se choque et qu’ils ne soient taxés de racisme. Mais outre ces piques quant à l’origine ethnique, tout comme Frances, c’est son indécision et le fait de constamment se remettre en question qui nous la rendent attachante.

Le premier épisode de Divorce a attiré 570 000 téléspectateurs tandis que celui d’Insecure présenté juste après en a rassemblé 371 000. Par contre, le même soir était diffusé le débat présidentiel sur les chaînes des networks si bien que ces chiffres ne sont pas tout à fait significatifs. Donc, après la diffusion de quatre épisodes, la série de Sarah Jessica Parker compte en moyenne un auditoire de 644 000 et un taux de 0,18 chez les 18-49 ans et celle d’Issa Rae, 412 000 (taux de 0,14). Il ne nous reste plus qu’à leur souhaiter longue vie.


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