hé non Monsieur la capitaine de pédalo et vos inféodés, si bassement aplatis devant des intérêts monopolistiques qui vous dépassent – ceux d’un libéralisme purulent dont on souhaite tant et tous vivement la fin – vous n’avez pas réussi à faire taire cette voix si singulière et profonde… je suis ma foi fort satisfait de constater qu’elle ressurgit de là où vous ne l’attendiez probablement pas, à la faveur d’un prix littéraire dans la catégorie essai, sous la forme d’ un pied de nez à la bêtise du monde politique et médiatique… qui atteint actuellement des sommets d’incompétence et d’indigence intellectuelle. Aussi ai-je choisi ce passage ci-dessous du monde libre, que je dédicace tout spécialement à ces patrons de presse qui vendent de l’information comme ils vendraient des yaourths dans leur hypermarché… Lieux perdus pour la culture et le sens critique dans lesquels on serait bien en peine d’y trouver le précieux pensum, entre un énième Zemmour ou une rangée de déchets toxiques marqués d’une croix rouge en forme de t. Et l’on s’étonne ensuite, avec un cynisme vertigineux, que des masses de moins en moins laborieuses engendrant dans le même élan libéral carnassier sans scrupules tant de pauvrophobie, votent si mal… alors qu’on les nourrit dans le même temps tout aussi mal, avec une matière si creuse et si néfaste, à forte valeur de haine sur-ajoutée. Aussi, bravo Madame. Des gens comme vous redonnent foi en l’humain, à une époque où l’on en manque tant, devant un tel déluge de crétinisme ambiant. Merci. Chaud au cœur… et à l’esprit.
Sur ce terrain-là également, Lunedeau était comme le stade terminal de la longue maladie qu’avait fini par devenir l’éditorialisme français. De morceau de bravoure qu’il avait été à une époque, l’exercice se résumait désormais le plus souvent, quelle que soit l’orientation du journal, à une pénible justification des réformes exigées par la mondialisation libérale, à laquelle seuls quelques anciens normaliens égarés dans la presse, comme Jacques Julliard à Marianne, parvenaient encore à donner quelque cachet. À quoi devait-on ces purges éditoriales qui, clouées en proue des journaux, vous tombaient littéralement des yeux ? À la dégradation de la langue propre au temps sans doute, mais aussi au rachat successif de tous les titres de médias par les avionneurs, grands financiers et autres géants des télécoms. L’éditorial étant comme la vitrine du journal, la seule chose que, dans le meilleur des cas, les actionnaires se hasardaient une fois par an à lire, les différents directeurs semblaient y saisir l’occasion de faire les beaux devant leurs maîtres, exhibant leurs petits ventres réformistes en signe de soumission.
NB. Et surtout, fiers éditocrates copulant en d’immondes bacchanales amorales avec de si beaux capitaines d’industrie et leurs pathétiques prostituées politiques, ce tout beau monde si merveilleusement empli de tant de certitudes que je vomis, veillez bien à ce que ce livre ne soit pas trop accessible au grand public. Il pourrait ouvrir les yeux sur les raisons pour lesquelles notre journalisme hexagonal va si mal… et cesser par là même de se complaire dans ce médiocre rejet de toute une profession contenu dans le mot « merdias » que je déteste, la sachant capable de bien plus de noblesse. Si elle se réveillait enfin… et revenait à sa mission hautement démocratique, plutôt que de complaire aux plus bas instincts en flattant les puissants plutôt qu’en instruisant les autres.
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