Les jeunes adultes qui présentent déjà des symptômes de dépendance à l’alcool, en subiront les effets sur la santé tard dans la vie et même des décennies après avoir arrêté. Ces conclusions d’une équipe du système de santé des anciens combattants de Palo Alto (Californie), viennent alourdir la preuve des effets à vie des ivresses et autres binge drinking expérimentés à l’adolescence.
L’étude qui a suivi ici 664 anciens combattants montre que les participants ayant présenté des symptômes de dépendance à l’alcool pendant au moins 5 ans à l’âge adulte jeune, ont généralement une mauvaise santé physique et mentale à la soixantaine. Et ce résultat vaut même si les problèmes avec l’alcool ont été résolus à la trentaine. Il est évident que la santé s’améliore en cas de rémission- et quel que soit l’âge- de dépendance à l’alcool. Mais il subsiste des effets cachés, en particulier à long terme sur le cerveau. L’étude suggère que les années de dépendance à l’alcool au cours de la jeune âge adulte entraînent ainsi des blessures silencieuses mais » permanentes » qui, plus tard dans la vie, peuvent entraîner de graves problèmes de santé.
Parmi les 368 hommes n’ayant signalé aucun symptôme de dépendance à l’alcool à un moment quelconque de l’âge adulte, 221 ayant présenté au moins 3 symptômes de dépendance à l’âge adulte et 75 ayant présenté des symptômes au début de l’âge adulte mais pas après l’âge de 30,
Øles hommes qui ont présenté des symptômes de dépendance à l’alcool durant 5 ans au moins au début de l’âge adulte obtiennent un score très réduit de santé physique et mentale à l’âge de 60 ans.
– Ces personnes ayant vécu une dépendance à l’alcool à l’âge adulte ont en moyenne 3 problèmes de santé plus tard dans la vie,
– leur score de dépression est environ 2 fois plus élevé,
– ces effets sont observés même chez les hommes qui n’ont plus éprouvé de symptômes de dépendance pendant plusieurs décennies.
Les raisons ne sont pas claires. Cependant les chercheurs font l’hypothèse que la consommation d’alcool chronique pourrait blesser des zones du cerveau impliquées dans la régulation émotionnelle, la maîtrise de soi et la prise de décision. Les années d’exposition à l’alcool au début de l’âge adulte auraient ainsi des effets durables sur ces zones spécifiques du cerveau. S’ajoutent à ces effets durables, de mauvaises habitudes de vie prises au jeune âge. Ainsi l’excès d’alcool à la jeunesse serait accompagné de facteurs également durables de mode de vie malsain, comme une mauvaise alimentation, l’insuffisance d’exercice ou le tabagisme.
La bonne nouvelle concluent les auteurs, c’est que lorsqu’on s’arrête de boire, la vie et la santé s’améliorent tout de même dans presque tous les domaines.
Source: Journal of Studies on Alcohol and Drugs November 2016 (In Press) Residual effects: Young adult diagnostic drinking predicts late-life health outcomes via Eurekalert (AAAS) 1-Nov-2016 Young adults’ problem drinking may have lasting health effects
Lire aussi: L’ALCOOL à l’adolescence laisse des marques indélébiles au cerveau –
ALCOOL: A chaque période de vie, sa consommation–
ALCOOL: A 20 ans, le plaisir de l’ivresse fait le risque de dépendance –
Plus de 300 étudesautour de l’Alcool