Les composés chimiques, cancérigènes, des produits du tabac ne sont pas sans causer de multiples dommages génétiques. C’est ce que cette étude américaine s’est attachée à quantifier en comparant les séquences ADN de cellules de plus de 5000 cancers, de fumeurs vs non-fumeurs. Si des conclusions, présentées dans la revue Science, il ne fallait retenir qu’une donnée, ce serait certainement les 150 mutations constatées dans les cellules pulmonaires, chez les fumeurs réguliers à raison d’un paquet par jour.
Rappelons que le tabagisme est associé à 17 types de cancer différents avec 6 millions de décès dans le monde chaque année. On sait que parmi les composés chimiques dans le tabac, une soixantaine est documentée comme étant des substances cancérigènes, qui entraînent des dommages à l’ADN et des mutations génétiques dans les cellules du corps qui se répliquent pour aboutir à un plus grand nombre encore d’anomalies cellulaires. Cette étude qui révèle un bien plus grand nombre de mutations génétiques dans les cellules de patients fumeurs, confirme, aussi, le risque plus élevé de cancers chez les fumeurs. Quelques chiffres évocateurs : 1 paquet par jour, c’est :
· 150 mutations dans les cellules pulmonaires,
· 97 mutations dans les cellules du larynx
· 39 dans la gorge (pharynx).
Les chercheurs du Los Alamos National Laboratory et de l’Université du Nouveau-Mexique (Etats-Unis) ont mené cette étude génétique sur 5.243 échantillons de cellules de cancers liés au tabagisme (cancers du poumon, de la bouche, de la gorge, du foie, du rein, de la vessie, du pancréas et du col de l’utérus), avec l’objectif d’identifier et d’analyser les mutations de l’ADN trouvées dans des milliers de différents types de cellules cancéreuses, liées au tabagisme. Parmi les échantillons analysés, 2.490 provenaient de fumeurs et 1.062 de non-fumeurs. L’analyse constate un plus grand nombre de mutations dans les cellules de fumeurs, en particulier pour les cancers du poumon, de la gorge, du foie et des reins.
30 cigarettes par jour, c’est : sur la base de ces données dont les types de mutations retrouvées, les chercheurs ont pu calculer le risque ajusté d’une personne qui fume 30 cigarettes ou plus par jour.
· Un fumeur homme s’avère ainsi 22 fois plus susceptible de développer le type le plus commun de cancer du poumon (adénocarcinome) et 13 fois plus susceptibles de développer un cancer du larynx.
· Une fumeuse, un risque presque double de cancers du col de l’utérus et de l’ovaire.
Les années de tabagisme pèsent sur le nombre de mutations : les chercheurs montrent également que le nombre d’anomalies dans la séquence de l’ADN augmente avec le nombre de cigarettes fumées, mais aussi le nombre d’années de tabagisme : 1 année de tabagisme à raison d’1 paquet par jour, entraîne, en moyenne, 150 mutations dans les cellules pulmonaires, 97 dans les cellules du larynx, 39 dans le pharynx, 23 dans la bouche, 18 dans la vessie et 6 dans les cellules du foie.
Des résultats donc évidemment cohérents avec la théorie que le tabagisme provoque le cancer en augmentant le nombre de mutations dans l’ADN cellulaire, même si le mécanisme sous-jacent exact n’est pas tout à fait compris. Reste aussi à isoler l’influence d’autres comportements liés au tabagisme, comme la consommation d’alcool, par exemple. Quoiqu’il en soit, c’est un nouveau signal d’alarme contre les effets très nocifs du tabagisme.
Source:Science November 4 2016 DOI: 10.1126/science.aag0299Mutational signatures associated with tobacco smoking in human cancer
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