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Héritage Amérindien et théorie du genre

Publié le 08 novembre 2016 par Macoachgrano

Attention ceci n’est en rien un article exprimant une prise de position personnelle. L’unique but est de relater des faits historiques suscitant une réflexion personnelle du lecteur. 

Cela faisait quelques temps que nous n’avions pas discuté en tout bien tout honneur d’un sujet un peu (énormément) sensible  de l’actualité humaine. En ce nouveau jour qui sera ajouté à l’histoire de l’Amérique du Nord, quoi de plus approprié qu’un petit retour dans le temps. Dans ce nouvel exemple politisé d’opposition homme-femme, une enquête sur la pertinence de l’argument du genre s’impose.

Pour ceux qui nous suivent sur Facebook, vous savez déjà ma fascination pour cette partie encore beaucoup trop oubliée de notre nation Nord Américaine: les cultures amérindiennes .Vous le savez probablement aussi, si vous avez consulté mes derniers articles, je suis présentement en France. Et j’y ai constaté la récurrence d’un thème particulier dans les conversations médiatiques; LE GENRE. Hier encore, des femmes ne se présentaient pas à leur travail en France pour protester contre ce fait accablant: en moyenne, à compétence et horaires semblables elles touchent 15% de moins que leurs collègues masculins.

Qu’est ce qu’un genre ?

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Aujourd’hui, la société reconnaît volontiers deux genres: masculin et féminin. Ils sont distingués par une infime variation de chromosome (cette petite partie de vous, rassemblée dans de plus nombreuses parties de vous-les cellules– et qui contient l’information nécessaire pour faire de votre organisme ce qu’il est): un X pour les femmes, un Y pour les hommes, et tout est dépeuplé! Mauvais jeu de mot mis à part, ce sont effectivement les porteurs du chromosome Y qui ont massivement dépeuplé l’Amérique en leur temps. Et les porteuses de X n’ont rien pu faire semble-t’il pour les en empêcher. Ceci semblait donc illustrer que depuis « la nuit des temps », il y avait une différence nette à faire entre les genres. Un homme à la guerre, une femme à la cuisine. Et ceci, ne nous déplaise, pendant des milliers d’années.

Mais avec l’élargissement des débats philosophique, les échanges inter-culturels, les études scientifiques et bien entendu : l’accès à internet (!), les humains modernes ont changé la donne. Il est aujourd’hui scandaleux d’associer un chromosome à un trait de caractère. Plus encore de le laisser déterminer le sens que nous donnerons à notre vie, et le rôle que nous aurons dans notre société.

Plusieurs personnes relèvent aussi un défi particulier en société actuelle: vivre dans un genre psychique en désaccord avec leur genre physique. Parfois même, les chromosomes s’en mêlent. Par exemple, une « anomalie » génétique, responsable du syndrome de Swyer, empêche la différenciation embryonnaire des testicules chez des individus porteurs de Y. Résultat; les porteurs de Y ressemblent en tout et pour tout, à des porteuses de X. Rien de simple dans la nature donc.

Les personnes dont le physique et l’esprit s’accordent peu, se retrouvent parfois affublées de toutes sortes d’étiquettes, plus ou moins agréables, et toujours discriminatoires (c’est le principe d’une étiquette!). A l’aube de 2017,elles sont même devenues les cibles de nouvelles « tendances » en raison de figures médiatiques caricaturales et surjouées (séries télévisées Hollywoodiennes, télé-réalités, arts de la scène, etc). Bonne nouvelle, certaines études viennent mettre à mal les préjugés véhiculés par le phénomène de la « pensée unique ». Elles affirment que les amérindiens reconnaissaient jadis non pas 2 mais autour de 5 genres.

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5 genres ?!!!

Il semblerait en effet que les natifs d’Amérique n’attribuaient pas à leurs enfants une reconnaissance sociale liée à leur sexe. Ils se basaient en fait sur la contribution de chacun à la vie de la tribu pour déterminer leur « genre ». S’ils réalisaient des activités qui étaient réservées aux hommes, ils deviendraient des hommes. Pareillement avec les femmes. Ainsi les vêtements des enfants étaient neutres. Et chacun pouvait s’impliquer de façon égale dans les tâches qu’il désirait.

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Tous droits réservés @Giphy  « Wait, what ? »

Plusieurs étaient alors « caractérisés » comme féminins ET masculins. Ils étaient considérés comme des trésors vivants;  » La personne capable de voir le monde à travers les yeux de l’homme et de la femme est un cadeau des créateurs« . Pour observer la tendance à une complexité parfois très nette dans les relations entre hommes et femmes (Les femmes viennent-elles vraiment de Vénus Dr John Gray?), je pense qu’ils n’ont pas tort.

Aussi, selon Indian Country Today, malgré l’étendue de leurs différences respectives, toutes les communautés natives définissaient cette variation de genres:

  1. Femme
  2. Homme
  3. « Deux esprits femme » (femme préférant des activités généralement masculines)
  4. « Deux esprits homme » (homme préférant des activités généralement féminines)
  5. Mi-femme, mi-homme

Quelques personnalités ont été présentées dans des récits d’explorateurs. C’est le cas du Récit de la seconde expédition vers les côtes de la mer polaire (Narrative of a Second Expedition to the Shores of the Polar Sea, 1928). Sir John Franklin y évoque une certaine Naùxuma Nùpika (« femme qui est comme un homme »); robuste et accompagnée d’une épouse en dépit de sa « silhouette délicate ». Il suggère que ce nom lui aurait été donné par ceux qu’elle semblait influencer telle une divinité surnaturelle.

Squaw Jim / Osh-Tish (Finds Them and Kills Them), Crow tribe. On the left is Squaw Jim, a biological male in woman’s attire, his wife to the right. Afforded distinctive social and ceremonial status within the tribe. Squaw Jim served as a scout at Fort Keogh and earned a reputation for bravery after saving the life of a fellow tribesman in the Battle of the Rosebud, June 17, 1876.
Tous droits réservés @Indian Country Today, Squaw Jim, deux esprits (à gauche) et sa femme

Ce serait l’arrivée des Européens en Amérique qui aurait mis un terme à cette norme. Alors que l’intolérance ou la stigmatisation ne semble pas avoir été rapportée par les différentes tribus amérindiennes vis-à-vis des personnes bi-spirituelles, les Européens de l’époque furent sincèrement choqués par une telle liberté de l’être (d’où l’appellation « sauvages » comme ce fut le cas aussi à leur arrivée en Afrique). La bi-spiritualité fut alors travestie par les colons avec des vêtements qui ne lui correspondait pas. On somma à ces êtres autrefois bien dans leur peau, de jouer au quotidien la comédie associée au rôle qu’on leur imposerait désormais. Il fallait masquer et détruire cet état naturel pour la « bienséance » morale de l’époque.

Avis aux détracteurs, n’étant ni historienne ni anthropologue, j’ignore si ces faits sont avérés, considérant que toute recherche soulève toujours un doute raisonnable. Mais voyant ce genre de comportements et de réactions survenir encore en 2016, je n’ai toutefois aucun mal à l’envisager.  

A chaque genre son rôle ?

Cela fait une cinquantaine d’années seulement que notre société Occidentale reconnaît que le sexe d’une personne ne doit pas définir son rôle dans la société. Notamment grâce à la fabuleuse découverte de notre ADN commun nous donnant enfin une preuve scientifique de notre égalité.

Il faut donc bien noter que l’association du genre au rôle n’a cependant pas échappé à la coutume amérindienne. Les individus bi-spirituels par exemple étaient nommés chamans et avaient des responsabilités précises et souvent spirituelles. Ils n’avaient pas à faire certaines tâches manuelles réservées aux autres « genres » et pouvaient s’habiller de manière neutre s’ils le souhaitaient. Chaque « genre » était donc bel et bien codifié. Ainsi, en étant plus à l’écoute de l’héritage laissé par les peuples natifs du Canada, nous aurions probablement eu 2 ou 3 genres de plus à la cuisine. Mais au moins, les « genres désavantagés » par les sociétés monothéistes patriarcales  auraient tous eu droit d’être spontanément considérés comme ce qu’ils sont: des êtres humains normaux.

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Mon peuple n’a jamais dit: « Hey, ceci est ma terre vas-y, tu peux l’avoir. » (Tous droits réservés @Giphy)

 Attention, le ton utilisé ici en parlant de cuisine est bien sûr sarcastique. 

Pour certains chercheurs, le matriarcat aurait précédé le patriarcat dans les sociétés primaires de cueillette et de chasse, puis dans celles d’élevage. Ceci n’a pas été confirmé encore. Mais les sociétés germano-scandinaves ou africaines sont connues pour être largement matriarcales (Cheikh Anta Diop: L’Unité culturelle de l’Afrique noire précoloniale: domaine du patriarcat et du matriarcat). Dans ces cas, les hommes ne furent pas non plus mis à la cuisine. Il semblerait qu’il y aurait plutôt une importance de l’égalité entre hommes et femmes, avec légère prépondérance accordée à la féminité du fait des croyances entourant la maternité.

Pourquoi notre génération n’essaierait-elle donc pas de fonder une société unie à cette image? Dans laquelle un seul genre trouve son équilibre naturel pour vivre en harmonie et non en opposition: le genre humain.

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Aviez-vous déjà connaissance de ces recherches? Vous donnent-t’elles à réfléchir ? N’hésitez pas à partager avec nous vos impressions respectueuses et positives.

Sources:

  • Pierrette Désy, « L’homme-femme. (Les berdaches en Amérique du Nord) », Libre — politique, anthropologie, philosophie, vol. 78, no 3,‎ 1978, p. 57-102 (DOI doi:10.1522/30010556).
  • Franc Johnson Newcomb, Hosteen Klah : homme-médecine et peintre sur sable Navaho, Aix-en-Provence, Le Mail, 1993, 257 p. (ISBN 978-2-903951-32-0, OCLC 41073699
  • (en anglais) Michelle Cameron, « Two-spirited Aboriginal people : continuing cultural appropriation by non-Aboriginal society », Canadian Woman Studies, vol. 24, no 2-3,‎ 2005, p. 123-127 (lire en ligne).
  • Conley, Craig. Oracle of the two-fold deities.
  • (en anglais) Brian Joseph Gilley, Becoming two-spirit : gay identity and social acceptance in Indian country, Lincoln, University of Nebraska Press, 2006, 213 p. (ISBN 978-0-8032-7126-5, OCLC 64486687, lire en ligne).
  • (en anglais) Sue-Ellen Jacobs, Wesley Thomas et Sabine Lang, Two-spirit people : Native American gender identity, sexuality, and spirituality, Urbana, University of Illinois Press, 997, 331 p. (ISBN 978-0-252-02344-6, OCLC 36001402, lire en ligne).
  • (en anglais) Will Roscoe, The Zuni man-woman, Albuquerque, University of New Mexico Press, 1991, 302 p. (ISBN 978-0-8263-1253-2, OCLC 22662786, lire en ligne).
  • (en anglais) Walter L. Williams, The spirit and the flesh : sexual diversity in American Indian culture, Boston, Beacon Press, 1986, 344 p. (ISBN 978-0-8070-4602-9, OCLC 13643469).


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