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Nos synagogues aujourd'hui.

Publié le 21 octobre 2016 par Feujmaroc

Le mot " synagogue " d'origine grecque, signifie " Assemblée ", tout comme en hébreu " Beth Hakenesset ", la " Maison de l'assemblée ", pour désigner ce lieu de prière.

Une fois bien cerné et compris le sens, nous voudrions ainsi aborder ici, un sujet qui prend de l'importance, dans la communauté juive actuelle marocaine. Il s'agit de nos synagogues. Nous prendrons l'exemple concret de la ville de Casablanca, qui fut la ville la plus importante en termes de population juive, de par son statut de capitale économique, où toutes personnes des campagnes et petites villes venaient s'installer avec le temps, par l'attrait de la réussite économique, mais également du simple fait de la pauvreté laissée dans leur bled.

Cela créa de ce fait, la communauté juive la plus importante du pays. Nécessairement, le nombre de synagogues se multiplia avec le temps pour ainsi pouvoir accueillir le nombre de fidèles grandissants. La multiplication de lieux de prières se fit à grande vitesse, il ne fut imposé que plus tard de se regrouper dans les grandes synagogues, il se créait de nouveaux lieux appropriés dans des appartements ou plus simplement, un petit local commercial transformé, l'assemblée ne manquait pas, il suffisait de disposer de quatre murs pour créer son propre lieu de prière.

Synagogue Rabbi Hechalo (Errachidia) - Synagogue Rabbi Azzawi (Rabat) - Slat Attias (Essaouira)

Il a été écrit dans une annonce officielle de la communauté de Casablanca d'avant-guerre, une note qui annonçait la construction d'un temple :

" Jusqu'à ce jour, il n'a existé à Casablanca de synagogue qu'au Mellah. Certes, il n'est pas nécessaire, pour celui qui veut se recueillir et élever son âme, qu'un temple luxueux abrite sa méditation. Cependant, une certaine décence doit régner dans un lieu de prière où tout le monde a le droit de fréquenter. Et il est inadmissible que l'acte le plus essentiel de la vie spirituelle se passe dans un lieu sordide où l'on ne pénètre qu'avec presque répugnance et où le recueillement soit impossible. Notre Communauté, en prévoyant la constitution d'une synagogue, a achevé dignement le cycle des institutions nouvelles qu'elle se propose de créer. "

Nous ne ferons pas de retour dans l'histoire avec toutes ses composantes, mais nous nous en tiendrons à vous donner ce texte comme exemple

" Force est de constater le disfonctionnement et le gaspillage qu'entraîne la multiplication des lieux de culte dans notre bonne ville, car il est bien connu que non seulement aucun bien ne peut sortir de la prolifération, mais qu'au contraire elle ne peut être que cause de profanation du nom de l'éternel et du prestige de la torah, la majorité des synagogues étant condamnées à rester vides faute d'un nombre suffisant de fidèles. Elle entraîne de honteuses manœuvres de séduction de la part des officiants, qui y perdent ainsi toute autorité, chacun cherchant à soustraire les fidèles de l'autre synagogue pour les attirer vers la leur.......... "
Nos synagogues aujourd'hui.
Nos synagogues aujourd'hui.

Synagogue Slat Elazazma (Marrakech) - Temple Beth El (Casablanca.

Ce texte aborde plusieurs sujets et problématiques, pour certains ancrés dans le temps et au moment de l'écriture de ce passage de texte, datant de 1950. Aujourd'hui le problème est tout autre, il résulte aussi simplement et surtout du faible nombre de fidèles de la communauté juive actuelle. Il ne s'agit pas d'un problème de sécurité, loin de là, ni un problème de personnes non pratiquantes, bien au contraire le juif marocain est par tradition très attaché et assidu à son lieu de culte, la synagogue. Il est également important de savoir que la population juive marocaine estimée à peu près à 2500 personnes à travers le pays, avec 1800 personnes approximativement à Casablanca (chiffre estimé et non officiel), hommes, femmes et enfants compris.

Nous décomptons une vingtaine de synagogues dans la ville de Casablanca contenues dans un périmètre restreint pour la totalité dans le centre-ville et les quartiers historiques de place Verdun, boulevard d'Anfa, la rue des synagogues....Dans ce compte ne paraissent que les synagogues ouvertes et encore fréquentées. Ces zones d'implantations sont bien évidemment dictées par les lieux d'habitation et de villégiature de la communauté juive restante, sachant que la proximité est le critère premier du fidèle quant à la fréquentation de sa synagogue.

Ces dernières années, de nombreux lieux de prières et temples se sont vus désaffectés et abandonnés, du simple fait et conséquence, du départ et de l'émigration de nombreux membres pour raisons diverses, mais également par un vieillissement naturel de la communauté. Nous observons par contre, d'autres nouveaux lieux voir le jour et bâtis tous neufs dans de nouveaux quartiers, suite au déménagement important de fidèles vers de nouveaux quartiers.

De ce fait, beaucoup de petites synagogues de Casablanca subissent le contre coup et l'abandon de leurs fidèles, ne pouvant assurer les services de prières avec Minyan, d'autres synagogues par contre connaissent une affluence constante et très honorable, nous rappelant les anciens temps, pas si lointains. On se rappellera les fêtes de Tichri ayant revêtu à maintes fois, l'éclat et la ferveur que l'on connait aux synagogues et aux familles marocaines. Ces assemblées de fidèles priant à l'unisson comme il est d'usage en milieu sépharade, ces foules de Simhat Tora en liesse, dansant et acclamant la procession des Sepharim, il faut les avoir vues pour y croire. Le voyageur venu d'Europe ou d'Amérique ne pouvait être qu'interloqué par l'importance de ces célébrations ou se mêlaient grands et petits.

Nos synagogues aujourd'hui.

Inauguration de la synagogue Ohel Moshé - Meknès

Mais voilà, fini ce bon vieux temps d'affluence et de nombre de lieux de prières débordants de fidèles, qui ne trouvaient place où prier, où le nombre des offices pour une même prière se faisait à plusieurs reprises tellement l'affluence était là. Aujourd'hui le problème du manque de fidèles commence à devenir un problème grandissant et inquiétant, car nombre de synagogues se voient menacées de fermeture. Car il faut le dire, nous assistons également à un entêtement des fidèles restants à ne pas vouloir rallier d'autres synagogues à proximité, qui, si les habitués prenaient l'initiative de se regrouper, ils obtiendraient une assemblée et un nombre très correct pour les prières journalières. Mais il y a un problème d'égo, chacun ne veut quitter son lieu habituel, très souvent, il s'agit de la synagogue familiale, où depuis tous petits les fidèles vont. Il est certes difficile de se séparer de tels habitudes et souvenirs, mais le résultat est tel qu'il n'est plus possible d'avoir l'assistance minimum, alors que faire ?

Nous assistons alors à un ballet d'échange et de bons procédés entre les différents kahal, les synagogues les moins fréquentées, viennent demander l'assistance à ceux qui n'ont pas le problème de nombre et demandent à ce que, un ou deux fidèles puissent venir compléter le minyan, cela devient de plus en plus fréquent et ce qui est le plus inquiétant, est que cela se passe ainsi également lors des prières du Shabbat où l'affluence est censée ne pas connaître de telles situations.

Il y a un tel besoin que certaines synagogues prennent l'initiative de louer les services de personnes, en leur versant une mensualité, afin de s'assurer de la fidélité de ces derniers à venir compléter les minyan en toutes occasions, cela certes, donne aux plus démunis une rentrée régulière, mais cela donne une impression de dernier recours.

Des synagogues toutes proches l'une de l'autre s'observent tous les jours dans ce manège d'échange. Il arrive ainsi que certaines prières se font en Yahid (personne unique) faute de vouloir attendre les quelques fidèles habitués, qui ne pourront se présenter ce jour-là, et faute de ne pas vouloir abandonner la synagogue, il serait plus sage d'aller retrouver les voisins à quelques dizaines de mètres.

Il faudra donc penser à mieux s'organiser à l'avenir et laisser ses égos et sentiments de côté pour pouvoir assister à la prière en communauté, seule valable et prescrite. Il faudrait penser à créer un système de roulement qui permettra à chaque kahal à tour de rôle de remplir sa synagogue une semaine, pour ensuite faire de même à la synagogue voisine. Mais il restera qu'avec la meilleure volonté du monde si la population en manque d'effectif persiste ainsi, il n'y aura pas d'autres possibilités que de se regrouper.

Georges SEBAT


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