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Un projet de théâtre wagnérien à Ostende en 1905

Publié le 10 novembre 2016 par Luc-Henri Roger @munichandco

Un projet de théâtre wagnérien à Ostende en 1905

Le Kursaal d'Ostende au tournant du siècle


En 1905, deux architectes belges, l'Anversois Ernest Stordiau et le Bruxellois Henri Van Dievoet avaient présenté un projet de théâtre wagnérien à construire à Ostende, alors un lieu de villégiature côtière élégant et recherché, le Roi Léopold II avait fait construire une somptueuse villa. Le projet, à l'instar du projet munichois du Roi Louis II de Bavière  et de Richard Wagner, pour lequel ils avaient invité l'architecte Gottfried Semper, n'a pas abouti, ce que nous déplorons dans l'un et l'autre cas. Il semble que le projet ait été à l'initiative de Léopold II  qui souhaitait rehausser encore l'éclat d'Ostende et faire de la station balnéaire et estivale une villégiature de renommée internationale.
La presse artistique française avait relayé le projet ostendais. Voici trois articles de presse glanés sur le site Gallica de la BNF:
Dans le Monde artiste illustré, musique— théâtre— Beaux-Arts, directeur Paul Milliet, bureaux: 24, Rue des Capucines, Paris, 45e Année, numéro 4, dimanche 22 janvier 1905: 
"— Un nouveau théâtre wagnérien. L'on a beaucoup parlé, la semaine dernière, du projet de créer un théâtre wagnérien à Ostende sur le type des théâtres de Bayreuth et de Munich. Voici où en sont les choses : Il y a deux ans, un des hommes les plus sympathique du monde anversois, grand remueur d'idées et exécuteur audacieux et heureux de vastes projets, songea à doter Ostende, privée de la fructueuse attraction de son cercle de jeux, d'un théâtre modèle susceptible d'attirer aux bords de la mer les artistes et les gens du monde pour qui le voyage en Bavière, par les chaleurs de l'été, est souvent une corvée subie au nom de l'art et de la mode. Puisque ces deux théâtres, bâtis l'un dans une peu délectable bourgade, l'autre dans une ville de charme relatif à l'époque de la canicule, encaissent le maximum à chaque représentation, pourquoi ne point organiser ces représentations dans la cité balnéaire à la mode. La proximité de la France, de l'Angleterre, de la Hollande, des pays rhénans, assurerait une importante clientèle cosmopolite de l'ouest de l'Europe à l'entreprise dont la viabilité pourrait être assurée par des exécutions artistiques. Le projet s'étendit bientôt et l'on en vint à parler d'un théâtre lyrique international, où les chefs-d'œuvre de toutes les écoles seraient représentés dans leur langue originale. Le promoteur fit part de son idée à une haute personnalité qui l'approuva. Puis, fort de cette sympathie puissante, il trouva immédiatement dans son entourage les premiers souscripteurs qui garantirent 700,000 francs environ. Les parts de patron seraient de 10,000 francs, donnant droit à l'abonnement impersonnel d'un fauteuil. La saison comporterait vingt-quatre soirées lyriques de fin juin à fin juillet. Il y aurait notamment la première année, huit représentations de Don Juan en italien, et quatre cycles de l'Anneau de Nibelung. M. E. Van Dyck aurait la direction artistique de l'entreprise. Celui-ci engagerait pour cette première saison des artistes chantant en italien et des chefs d'orchestre réputés. Le théâtre, très vaste, avec entrée monumentale, serait construit derrière la digue, non loin du Palace Hôtel. La salle, contenant dix-huit cents places, serait disposée en grand amphithéâtre, au prix de 25 francs la place. Au fond, il y aurait trois loges et, au-dessus, une galerie à prix populaires. Pour construire le théâtre, il faudrait 1 million 500,000 francs environ ; de plus, un fonds de roulement devrait être assuré. Tel est le projet qui a reçu un commencement d'exécution, puisqu'on a demandé aux architectes Van Dievoet, de Bruxelles, et Stordiau, d'Anvers, un croquis et des plans sommaires qui seront discutés ultérieurement, mais qui, en principe, ont été approuvés."
Dans Le Rideau artistique et littéraire : journal des théâtres Montparnasse, Grenelle et Gobelins / directeur A. d'Alais (1905)
ECHOS DE PARTOUT
"Le-projet de construire à Ostende un théâtre wagnérien commence à prendre corps. Mais il est inexact que le nouveau théâtre, qui doit sa création à l'initiative de-iM. Van Dyck et beaucoup aussi, paraît-il, du roi Léopold II. sera exclusivement consacré à des oeuvres de Richard Wagner.( C'est ainsi que, pour la première saison qui durera deux mois (juin et juillet), on a prévu huit représentations de Don Juan et quatre de l'Anneau die Nibelungén.
Le théâtre sera construit probablement aux bords de la mer, en forme d'amphithéâtre et pourra contenir 1,800 spectateurs."
Dans le Ménestrel: journal de musique. Heugel (Paris), 22 janvier 1905, p.6
"Une nouvelle, qui est de nature à intéresser vivement les dilettantes, fait en ce moment,son tour de Belgique: celle de la création prochaine, très probable, d'un théâtre wagnérien à^Ostende, sur le type des théâtres de Bayreuth et de Munich. C'est M. Van Dyck qui en a conçu l'idée première, et c'est lui qui serait le directeur de l'affaire, si elle réussit, comme tout semble le faire prévoir ; car le roi, à qui elle a été soumise, s'en est aussitôt montré enthousiaste, et son appui et sa volonté suffiront pour que le projet, intéressant Ostende, son séjour de prédilection, aboutisse facilement. A vrai dire, on ne jouerait pas, sur cette scène extraordinaire, uniquement des oeuvres de Wagner, mais des oeuvres classiques et les chefs-d'oeuvre de toutes les écoles, La saison comporterait vingt-quatre soirées lyriques de fin juin à fin juillet, Il y aurait notamment, la première année, huit représentations de Don Juan en italien et quatre cycles de l'Anneau du Nibelung. M. Van Dyck engagerait pour cette première saison des artistes chantant en italien et des chefs d'orchestre réputés. Le théâtre, très vaste, avec entrée monumentale, serait construit derrière la digue, non loin du Palace Hôtel. La salle, contenant dix-huit cents places, serait disposée en grand amphithéâtre, au prix de 23 francs la place. Au fond, il y aurait trois loges et, au-dessus, une galerie à prix populaires. Pour construire le théâtre, il faudrait 1.500.000 francs environ ; de plus, un fonds de roulement devrait être assuré. Mais déjà les premiers souscripteurs ont garanti une somme d'environ 700.000 francs ; et il ne sera pas malaisé de trouver le reste ; au besoin, le roi y pourvoira. Ce projet a reçu un commencement d'exécution, puisqu'on a demandé aux architectes Van Dievoet, de Bruxelles, et Stordiau, d'Anvers, un croquis et des plans sommaires qui seront discutés ultérieurement, mais qui, en principe, ont été approuvés. Quoi qu'il en soit, Ostende serait certainement un centre excellent pour la réalisation d'un pareil théâtre, qui aurait pour avantage ' d'être à proximité de la France, de l'Angleterre, des pays Rhénans et de la Hollande; — et, du moins, les jours de représentations, on. serait sûr de ne pas crever d'ennui, comme à Bayreuth. L. S."
Terloops weze nog vermeld dat er plannen hebben bestaan om te Oostende een Wagnertheater op te richten naar het model van het Festspielhaus te Bayreuth. Veel bijzonderheden hierover zijn ons niet bekend tenzij dat Ernest van Dyck er nauw bij betrokken was en dat het om een initiatief ging van Leopold II, die zijn toendertijd internationaal vermaarde badstad en zomerverblijfplaats blijkbaar nog wat meer luister wenste bij te zetten. Van de hele onderneming kwam uiteindelijk niets in huis.
Si le projet de théâtre wagnérien n'a jamais vu le jour, au moins les Ostendais et les personnes en villégiature pouvaient-ils écouter parfois sa musique comme le prouve cette affiche pour un concert organisé en 1902 à l'occasion de la visite du Prince et de la Princesse Albert de Belgique, le futur Roi Albert Ier. Le concert s'ouvre avec la Marche des Fiançailles de Lohengrin.


projet théâtre wagnérien Ostende 1905





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