Présidentielles américaines : l’Union européenne doit désormais assumer sa tâche historique, elle a rendez-vous avec son histoire.
Les résultats de l’élection américaine étant tombés, et ayant désigné, contre toute attente, le candidat populiste Donald Trump vainqueur, ce dernier succédera donc à Barack Obama en qualité de 45e Président des Etats-Unis d’Amérique en janvier prochain. Nous ne nous attarderons pas sur la personnalité de Donald Trump, ceci pouvant faire l’objet de dissertations entières, et étant somme toute, peu intéressant dans l’absolu.
Passée l’étape nécessaire des lamentations et du sentiment d’incompréhension et de peur suite au choc que cette nouvelle a pu provoquer au plus profond d’entre nous. En effet, le candidat républicain représente l’exact opposé des valeurs auxquelles nous croyons et n’eut de cesse de rivaliser de provocations à l’encontre des minorités, des femmes, des étrangers… Ayant davantage bâti sa réputation et sa campagne sur la division, en réveillant des passions malsaines au sein de la société américaine, que la présidence Obama avait pu atténuer par le symbole même que représentait l’élection d’un afro-américain à la tête de la 1e puissance du monde.
Cependant l’objet de notre tribune va porter sur les conséquences de l’élection de Donald Trump au sein de l’Union européenne, et des implications géopolitiques qui vont vraisemblablement en découler. Rien de bien secret, D. Trump prône le désengagement américain aux quatre coins du monde, souhaitant renouer avec l’isolationnisme dominant des années 1920-1940. Ce repli sur soi que l’on retrouve également dans son programme économique, et qui de fait, s’inscrit donc dans une certaine cohérence. Reconnaissons-lui au moins cela. Mais face à ce désengagement, ce sont les équilibres mondiaux déjà fragilisés par les crises depuis maintenant près de deux décennies qui vont être remis en question. En effet, face à la Chine menant une politique offensive en mer de Chine, à la Russie dont les revendications territoriales se font ressentir tant dans le Caucase, qu’à l’est de l’Europe, avec les conflits géorgien, ukrainien, la menace pesant également sur les Etats baltes membres de l’UE, quel contrepoids y opposer ?
Si il y a bien un point positif à retirer de cette élection, c’est l’occasion unique qui s’offre à l’Europe de faire bloc autour d’une diplomatie et d’une politique de défense communes, afin de se montrer présente au rendez-vous de l’Histoire et de s’imposer comme une grande puissance dans le concert des Etats-continents. L’Union européenne peut prendre le relais de l’OTAN pour protéger de manière coordonnée et unie les frontières orientales du continent, elle peut, par la force de sa diplomatie, jouer un rôle majeur dans le règlement des différentes crises que nous traversons en étant à la manœuvre dans la recherche de solutions globales, et pérennes, au nom des grandes valeurs qui motivèrent sa fondation.
Une Europe à l’offensive prenant le pas sur les diplomaties nationales des 27 afin de pouvoir, par la force des choses, se donner une réelle crédibilité en portant une voix unique pour les 500 millions d’européens. Dépassant les intérêts « nationaux » qui apparaissent de plus en plus désuets dans un monde globalisé par les révolutions des transports, des nouvelles technologies du numérique et appelant à davantage de hauteur pour répondre efficacement à ces nouveaux défis.
Bien entendu, la France devra prendre pleinement part à ce processus, en s’appuyant sur son réseau diplomatique parmi les plus denses de la planète et sa voix singulière acquise par des siècles d’une histoire foisonnante.
Nous-autres, européens, avons rendez-vous avec l’Histoire.
Saisissons donc pleinement la possibilité de renforcer l’Europe dans ses prérogatives régaliennes pour continuer demain à peser dans le jeu mondial en occupant une place de premier plan. Le déclassement n’est en rien une fatalité, il appelle seulement des recompositions de grande ampleur que nous avons déjà anticipées voici 60 ans de cela, et qui aujourd’hui doivent se concrétiser sous peine d’être tous perdant ! Nous avons une tâche historique à accomplir, attelons-nous à la réaliser !
Alexandre Riou, Délégué fédéral « Europe »
Fédération PS de Seine-Maritime