Le football est aujourd’hui en France, avec le judo, le sport le plus populaire chez les jeunes garçons. S’il permet aux jeunes joueurs de développer des valeurs d’entraide, un esprit d’équipe et d’incontestables vertus athlétiques, ses effets néfastes sur le cerveau commencent à être documentés. Un article de Santé, Nature, Innovation
Les conséquences des coups de tête sur le cerveau
Le football est aujourd’hui en France, avec le judo, le sport le plus populaire chez les jeunes garçons. S’il permet aux jeunes joueurs de développer des valeurs d’entraide, un esprit d’équipe et d’incontestables vertus athlétiques, ses effets néfastes sur le cerveau commencent à être documentés.
C’est une pratique en particulier qui est mise en cause : le « coup de tête », c’est-à-dire le fait de frapper la balle directement de la tête. Au cours d’un match, un joueur est amené à effectuer entre 6 et 12 fois cette opération. Or, quand on sait que la collision se produit à une vitesse moyenne de 80 km/heure, et que dans un entraînement moyen environ 30 coups de tête peuvent être effectués, on peut se douter que ces chocs à répétition sont susceptibles de produire des dommages.
Ainsi, en 2013, des chercheurs new-yorkais avaient déjà tiré la sonnette d’alarme : ils avaient découvert que le cerveau des joueurs particulièrement friands des coups de tête présentaient des anomalies comparables à celles de victimes de commotions cérébrales [1] !
Entendons-nous : un coup de tête par-ci par-là n’est évidemment pas dangereux. C’est bel et bien la répétition de l’impact (plus de 1500 fois par an pour certains joueurs !) qui s’avère cruelle pour le cerveau, occasionnant par exemple une lacération des fibres nerveuses.
Si de tels dégâts sont visibles sur le cerveau de joueurs adultes, qu’en est-il de celui d’enfants et d’adolescents dont le cerveau n’est pas encore mature ?
C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs de la Radiological Society of North America [2] (société de radiologie d’Amérique du Nord) : ils ont effectué des sessions d’imagerie cérébrale du cerveau de 25 garçons entre 8 et 13 ans qui pratiquent le football dans un club. Ces radiologies, effectuées pour chaque sujet avant et après une saison (une saison de foot dure environ dix mois) se doublaient d’enregistrements vidéo des matchs et des entraînements pour permettre de tenir le compte précis des coups de tête effectués par les enfants au cours de l’année et d’en évaluer la violence.
Les chercheurs ont ainsi pu constater que la matière blanche de ces jeunes joueurs de foot était notablement altérée après une saison de jeu. La matière blanche, constituée de millions de fibres nerveuses, permet aux informations de circuler correctement dans notre cerveau, notamment jusqu’à la matière grise. Pour que l’information circule correctement, on estime que l’activité doit être fluide et continuellement élevée. Ce qu’ont révélé les imageries cérébrales, c’est une activité plus saccadée et plus faible après une saison de jeu. Cette altération était proportionnelle au nombre de coups de tête effectués durant l’année.
À ce stade, les effets à long terme de ces dégâts sur la matière blanche sont inconnus. Les garçons qui ont participé à l’étude ne présentent pas de symptômes de commotion et les chercheurs estiment que ces altérations peuvent se réparer/rattraper sans traitement particulier… à la condition de cesser cette surexposition aux menus chocs crâniens !