Magazine Bons plans
Un sonnet écrit par Judith Gautier pour le jour de la fête de Richard Wagner
Publié le 12 novembre 2016 par Luc-Henri Roger @munichandcoEn 1911, Judith Gautier rend hommage « À Richard Wagner » « le jour de sa fête », dans un sonnet publié sans son recueil Poésies.
A RICHARD WAGNER
Le jour de sa fêle.
Dans ta grandeur superbe, ô maître, je te plains.
Car semblable au soleil qui dans l'azur s'élève, Flambeau vivant, tu vas vers ton farouche rêve Par une voie inaccessible à nos chemins.
Qu'importent les lauriers dont on charge tes mains? L'émoi de tant de coeurs, renouvelé sans trêve, Comme la vague après la vague sur la grève? Qu'importent ces tributs à tes voeux surhumains?
Car tu vas seul et je te plains, porte-lumière,
Je te plains d'ignorer l'extase et la prière
Qui brisent nos genoux aux pieds de ton autel,
Et de ne pas connaître, âme d'infini pleine, L'ivresse d'adorer comme l'humble mortel : Le Christ dut envier l'amour de Madeleine.
(in Poésies, Paris, Charpentier, 1911, p. 38)