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21 Juin, Paris.

Par Anne-Laure Bovéron

Les rues des arrondissements bordant le périphérique s'animent. Bien plus qu'à l'accoutumée. Même pour un samedi soir d'été. C'est l'heure où le soleil chatouille la pierre. La dore d'une lueur si particulière que les façades sembleraient presque vivantes. Le ciel, lui, vous fait regretter d'avoir voulu sortir les mains dans les poches de votre jean. Il manque de quoi photographier. De quoi écrire. De quoi lire. De quoi prendre le temps sur un banc du parc déserté.
Eux, prêtent à sourire. A photographier, aussi, évidemment. A tous les coins de rues, ils sont de sortie. Exceptionnelle, cela va de soi ! D'ailleurs, la majorité de la petite troupe éparse paraît l'avoir compris et se démène pour profiter de cette aubaine jusqu'à la dernière minute concédée. Beaucoup sont d'ailleurs déjà en pyjama. Peut-être pour ne pas perdre de temps, tout à l'heure, quand la donne aura changé. Ils prennent place, au fond des poussettes, en farandole improvisée, ou déambulant à la queue leu leu. Sautillant malgré eux dans les bras paternels ou se déchaînant sur un coin de trottoir aux rythmes des guitares et de la batterie. Un morceau de Radiohead qu'ils n'avaient peut-être jamais entendus jusqu'à ce soir gagne toutes leurs faveurs. Plus loin ils observent, médusés, accrochés à la cuisse droite de leurs grand-mère, leurs parents se déhancher sur un air de cornemuse bretonne. Etrange spectacle qui les absorbent. ailleurs, ils courent partout ou enfouissent leurs visages apeurés dans le cou de leur mère. Ils répondent aux interjections d'un chanteur de reggae endiablé ou tirent sur la manche de leurs grandes sœurs en pleine conversation téléphoniques, ils veulent qu'elles leurs répètent les paroles de la chanson de toute à l'heure, tu sais, celle de là-bas. Et puis, quand la lumière décline, bon nombre accuse le coup. Ils sont de plus en plus nombreux, dans le dos de leurs mères, sur les épaules de leurs pères, à avoir fermé leurs paupières. Parfois même, malgré le solo électrisant d'une basse, ils rêvent déjà.
Les enfants de la musique. De la fête de la musique.


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