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Ma mère à l'hôpital en crise

Publié le 21 juin 2008 par Nicolas J
C’est amusant. Dans le temps, quand vous sortiez de l’hôpital, vous sortiez avec dix kilos de moins ou une maladie amusante dont vous pouviez vous vanter fièrement au bistro avec les copains. Maintenant vous sortez avec un CD-ROM qui vous permet de dire des conneries sur les blogs.
Cette illustration est une capture d’écran que j’ai faite avec le logiciel fourni et représente une IRM de la colonne vertébrale de ma mère. Je suis le seul blogueur zinfluent à diffuser la photo de l’IRM de ma mère. N’allez pas croire que les zautres blogueurs zinfluents n’ont pas de mères. Ce sont juste des fils indignes.
Je ne comprends rien à cette IRM. Il y a un tas de toubibs qui comprennent, c’est pour ça qu’on les forme. Moi, j’ai compris en trois secondes comment marchait le logiciel, c’est pour ça qu’on m’a formé.
« Madame, il faut qu’on vous opère en urgence, peut-être dès demain matin, la situation est grave ». Voilà ce qu’a dit le rhumatologue à ma mère, qui n’était pour tant pas enrhumée, en observant ses clichés. Vous imaginez la tête de ma mère ! « Heu, docteur, l’IRM date du 6 novembre et on est le 15 mai ». « Ah oui ! Tiens ! Ca a du se remettre en place tout seul ».
Le service de l’hôpital qui avait fait les examens en urgences n’avait pas transmis le dossier au toubib de ma mère qui avait donc jugé que les conclusions de l’examen étaient bonnes. Alors qu'il fallait une opération en urgence.
Avec l’appui de la rhumatologue, ma mère avait réussi à récupéré le dossier le jour même de la consultation, soit six mois après l’examen. Les pochettes contenant le CD Rom ont d’ailleurs encore l’agrafe et un bout de papier où étaient probablement rédigées les conclusions du radiologue. Le secrétariat de l’hosto l’a sans doute arraché juste avant de donner les dossiers à ma mère.
Ca ressemble beaucoup à une faute lourde. Ma mère devait être opérée en urgence mais elle ne l’a pas été à cause de conneries des secrétariats. Ca m’arrive de faire des bourdes dans mon boulot, mais je ne joue pas avec la santé des gens.

Flash back.

Début novembre, ma mère n’arrêtait pas de tomber car elle perdait le contrôle de son genou. Comme son toubib craignait un truc neurologique, il l’envoie aux urgences toutes affaires cessantes. Batterie d’examens, y compris par la rhumatologue qui imagine – à raison - qu’il s’agit de ce que je vais appeler une hernie discale (un espèce de nerf coincé entre deux vertèbres). Elle lui dit donc : « Madame, il s’agit probablement d’un bout de nerf coincé, nous allons vous opérer, Ce n’est rien. on ouvre, on replace le nerf et hop ! Dix minutes tout au plus ».
La toubib partait en congés pour un mois et a transmis les consignes à un collègue. Dans l’attente, elle a prescrit cette IRM pour vérifier. Autant ne pas opérer pour rien et pendant que l’opérateur fait l’IRM, il n’est pas au bistro. Par contre, il va au bistro juste après l’IRM et oublie de dire à sa secrétaire : « Hop ! Vous me tapez ça et vous l’amenez fissa au service de neurologie ».
Au bout de quelques jours dans le service de l’hôpital, ma mère s’impatiente. On lui répond « Mais madame, si ça avait été urgent, on vous aurait appelé ». Elle finit par avoir l’autorisation de rentrer chez elle et se remet progressivement tout en ayant du mal à faire certains trucs. Les mois passent. La rhumatologue la convoque à une visite de routine… et découvre la bourde !
Elle prescrit à ma mère de porter un « lombostat », c’est une espèce de corset lourd et chiant.
Dimanche dernier, ma mère rejoignait sa fille qui n’est autre que ma sœur, son gendre qui ressemble à mon beauf et sa petite fille qui, par le plus grand des hasards, se trouve être ma nièce. Elle ripe sur des graviers dans le chemin qui mène à la plage. La malléole n’est pas malléable, elle casse. C’est ce qui s’est produit. Bi facture de la malléole, je n’ai pas trop compris. Le « tibia un coup » et le « père René Atlantique », les deux os y sont passés.
La voilà dans le même hôpital qu’en novembre à se faire poser des bouts de ferraille un peu partout dans Guy mollet. Ce n’est pas très grave mais c’est très chiant. 5 ou 6 semaines de plâtre, obligée d’aller pendant toute cette période dans un truc de convalescence car sa baraque est pleine d’escaliers…
Elle arrive à se déplacer un peu avec un déambulateur mais pas plus de cinq ou dix mètres. Le premier jour, elle m’a dit qu’elle avait beaucoup de mal. Je lui ai répondu « Ca te fera de l’entraînement pour quand tu seras vieille ».
Je vais la voir aujourd’hui et elle me fait part de son inquiétude. Je vais faire un schéma pour être sûr que vous compreniez : elle avance le déambulateur de 15 cm puis s’appuie sur ses bras pour faire avancer sa jambe valide. Elle marche à cloche pied, quoi !

J’ai essayé, je confirme c’est chiant. En outre, j’ai failli me casser la gueule et bousiller le bordel. Ce déambulateur n’était visiblement pas conçu pour un frêle gaillard de 104 kg comme moi.
Ainsi, pour avancer, elle est obligée de sauter sur une jambe ce qui provoque un remous dans son dos compressé par son lombostat de merde. Ca lui fait mal au dos. Son kiné la force à marcher, ce que je conçois, mais elle s’inquiète. Elle en a parlé au chirurgien qui assure que « non, Madame, tout va bien ». Elle rétorque néanmoins que le rhumatologue travaille dans le même hôpital et pourrait venir la voire, juste cinq minutes. Refus catégorique du toubib.
Un vrai con ! D’ailleurs je l’ai croisé.
Je m’apprêtais à quitter les lieux et me penche vers elle pour recevoir la bise qui m’est due. Un type rentre dans la chambre, me voit, il me dit « vous pouvez nous laisser ? » Je sursaute. Un type en jean et en polo. Je le regarde, ma mère me dit qu’il s’agit du chirurgien. Je marmonne que j’allais partir et me penche à nouveau pour finir l’embrassade. « Bon ! Je vous ai demandé de nous laisser, vous pouvez attendre dans le couloir ».
Quel con !
J’ai donc attendu dans le couloir… J’ai pu lire la charte de l’hôpital affichée sur deux murs. J’étais plié de rire. Ils y parlent de l’accueil des patients… en insistant sur les efforts faits pour les malades en fin de vie. Je suppose que les employés les plus courtois sont ceux de la morgue !
Je suis également tombé sur un panneau avec les tarifs journaliers, un peu comme dans un hôtel. Chambre simple. Chambre simple avec toilettes, … Non ! Ca s’est l’hôtel. Là « Médecine 450 €, cardiomachin 600 €, réanimation 900 €, chirurgie 800 € » (je donne des chiffres au hasard, je n’ai pas noté).
Moi, si l’allais dans cet hosto, je choisirais la médecine, c’est moins cher !
Juste à côté, il y a une affiche avec tous les documents qu’il faut présenter en arrivant à l’hosto. Ils sont forts. Vous croyez vraiment que ma mère avait pris avec elle sa carte de la mutuelle pour aller jouer dans le sable avec sa petite fille ? Remarque, elle n’avait pas non plus de brosse à dents… et l’hôpital n’en fournit pas.
Mesdames, Messieurs, la prochaine fois que vous irez à la plage, n’oubliez pas votre carte de mutuelle et votre brosse à dents.
C’est d’un grotesque !
L’imbécile bureaucrate qui a fait en sorte que ce panneau soit là, avec les consignes a tout simplement oublié que le patient n’a pas demandé à être là. Celui qui a fait en sorte que les tarifs soient affichés pour les clients est fou ! Et nécessairement mauvais gestionnaire. Il ne s’agit pas du COUT de la chambre mais du montant perçu par l’hôpital pour faire occuper cette chambre. C’est délirant ! Qu’il y ait une personne de plus ou de moins ne change rien aux charges de l’hôpital (à part le repas !). Il n’y a pas une infirmière en plus ou en moins…
Il y a deux ou trois mois, j’avais écrit : « C’est ainsi que notre belle droite compte orienter le secteur hospitalier ! Toujours une logique comptable : aucune réflexion sur les besoins globaux de la santé en France ou sur son financement ! Une question de rentabilité… ». Dans cet autre billet de fin janvier, je parlais de trois exemples de cafouillages hospitaliers mais n’en citais que deux. Le troisième est ma mère… mais j’ignorais qu’il y aurait une suite.
Ben voilà. Le chef de la chirurgie orthomachin refuse d’appeler sa collègue rhumatologue pour des raisons qui m’échappent bêtement mais probablement liées à la rentabilité d’un patient comme la dernière fois : la chef de service rhumatologie demande au service neurologie d'aller faire une IRM. La guerre des services. Ma mère, qui sort de l’hosto mardi, pour rentrer en « maison de convalescence » à Loudéac contactera dès mardi le cabinet de la rhumatologue qui fera certainement une consultation privée dans son cabinet en ville… ce qui nécessitera un aller-retour en ambulance… Le tout aux frais de la sécu !
J'étais en pleine réflexion sur le sujet quand le chirurgien est sorti de la chambre sans un mot pour moi. On ne va pas non plus se faire chier à informer la proche famille des patients… Il y a une charte de l’hôpital mais rien dedans pour vérifier que les malades ont des proches pour s’occuper d’eux à leur sortie ! Et leur apporter des brosses à dents…
Je suis rentré dans la chambre. Le toubib était venu voir la colocataire de ma mère, une petite dame qui s’était cassé une jambe la veille. Son mari était là, aussi, mais n’avait pas eu à sortir. Ils m’ont confirmé. Ils étaient atterrés par le chirurgien. Comme seule consolation pour la dame, il avait dit « Ah oui ! Il vaut mieux être riche et en bonne santé ».

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