Je me suis dit que j’allais essayer de faire un billet chaque jour, ou au moins réfléchir à un sujet qui aurait du sens dans une perspective écologie/développement durable. Et finalement, la seule chose que j’ai réussi à faire depuis mon premier billet c’est d’aller travailler!
Mais quelque part aujourd’hui la notion de travail occupe régulièrement la sphère développement durable. Je me rappelle notamment d’un numéro du magazine Kaizen « Travailler moins pour vivre plus ». Et plus j’y réfléchis, plus je me dis qu’il y a effectivement une part de réalité dans ce titre. Quand je passe des journées comme celle d’hier ou je suis au travail de 7h15 à 20h10, je n’ai plus beaucoup le temps de vivre …
Si je me rappelle bien de ce dossier, l’idée était qu’il serait possible de faire vivre toute une société en travaillant moins. Là aussi, quand j’y réfléchis, c’est tellement vrai. Quand je travaille 13h par jour, je me dis qu’on pourrais aisément créer un nouveau poste et ainsi rémunérer 2 personnes au lieu d’une, quitte à les rémunérer moins. Et si toutes les entreprises employaient le nombre de personnes qui leur est nécessaire, Mr Hollande n’aurait pas longtemps à attendre avant de voir la courbe du chômage s’inverser…
Par contre, il faudrait pouvoir se contenter de moins. Fini les 2 téléphones, les ordinateurs, tablettes, yaourtière, centrifugeuse, raclette, KitchenAid, console de jeu, liseuses, home cinéma, télévision 4K et j’en passe! Fini aussi le frigo surchargé, les enfants un peu obèses et les abonnements mirobolants à la salle de sport pour éliminer tout ça! Mais tout ça c’est un autre sujet, que j’aimerais traiter séparément tellement il est conséquent.
Revenons-en au travail. Aujourd’hui c’est tout de même un vecteur social extrêmement important. Combien de gens ont eu une vie bien remplie jusqu’à ce que vienne l’heure de la retraite et commencent à décliner, faute d’avoir su se trouver des activités suffisamment intéressantes pour continuer à voir des gens. Ne serait-il pas plus judicieux de pouvoir commencer à développer ces activités sur son temps libre, en prévision. Et donc faire en sorte d’avoir plus de temps libre, passer à mi-temps par exemple. Imaginez, encore une fois, la conséquence sur le chômage d’une division du temps du travail par deux!
Et imaginez aussi ce qui pourrait découler d’une masse de population qui subitement à plus de temps libre. Des tonnes de cerveaux en ébullition pour d’autres sujets que la productivité d’une entreprise/institution, une créativité sans précédent, un dynamisme soudain dans des secteurs nouveaux! C’est un peu utopique mais j’y crois. Même avec des moyens plus restreints. Regardez, aujourd’hui c’est l’âge d’or du DIY (Do It Yourself, fais-le toi-même). Tout le monde rêve de faire ses propres vêtements, ses propres yaourts/pâtes/bières, son propre jardin, ses propres objets de décoration, etc. Moi la première, j’occupe mon temps libre à coudre et tricoter parce que je trouve que ça redonne du sens à mon loisirs (non je n’ai pas 60 ans, juste 26 (En 2016)!) A la fin de la journée, j’ai un objet utile, peu cher qui fait plaisir, à offrir à mes proches ou à moi-même.
Limiter la durée du travail aurait probablement une autre conséquence : celle de diminuer le nombre de burn-out, ces phases de fatigue extrême, semi-dépressions, voire dépression complète, liées au monde du travail et au stress qu’il génère. Cette maladie, qui n’est pas toujours reconnu comme un accident de travail, est un vrai fléau. J’ai de nombreux exemples dans mon entourage, chacun pour une raison différente mais qui ont tous du s’arrêter de travailler pendant un ou deux mois, voire même une année complète. Si l’on résonne en termes purement économiques, c’est un non-sens de payer un système de santé qui va rémunérer des gens qui sont réputés « non productif ». Si on limitait le stress au travail en réduisant sa durée, imaginez l’amélioration de la productivité des gens. Et la réduction du déficit de notre système de santé, si tant est que cela soit possible.
Un dernier aspect qui concerne le travail : l’orientation des jeunes. Vous avez tous connu ce moment où l’on vous fait passer devant ce gourou des métiers, qui semble avoir fait des études qui lui permettent de dire avec toute la certitude du monde, que non, vous n’êtes pas fait pour faire une école d’art réputée, parce que vous savez, vous êtes fils d’ouvrier et dans cette école, ce sont plutôt des enfants des classes moyennes voire supérieures qui y sont intégrés… (je connais un cas comme celui-ci qui s’est finalement terminé en faveur de l’élève qui a intégré l’école en question). Heureusement ils ne travaillent pas tous comme ça. Mais au final, mon message est le même : peu importe les conseillers d’orientation, comment peut-on avoir la maturité suffisante à 14 ans de savoir ce que l’on veut faire et s’y tenir. Il existe de rares cas comme celui-ci, quelques chanceux qui exercent le métier de leurs rêves, mais la majorité se retrouve catapulté dans un emploi qui au fil de temps se révèle complètement déconnecté des compétences innées d’une personne. Et si l’on veut y remédier, il faut s’armer de courage : bilan de compétences, collecte de subvention pour redémarrer une formation, inégalité vis à vis des cotisations retraites comparé à un employé lambda, etc. Moi, par exemple, avec le temps, je me dis que j’aurais aimé être actrice ou soigneuse dans un zoo, ou peut-être aussi pâtissière, ou enseignante, et pourquoi pas maraîchère. Des métiers que je trouve passionnants mais qui, au moment de mon choix d’orientation, se sont retrouvés trop incertain en terme d’emploi. Alors oui, aujourd’hui j’ai un emploi qui me convient, mais qui n’a pas autant de sens à mes yeux que ceux que je viens de vous citer, et qui m’occupe parfois 13h par jour et très régulièrement 10h.
Si je résume, il faudrait pouvoir travailler moins, gagner moins et effectivement vivre plus, avoir plus de loisirs, profiter de ses enfants, etc. Quand j’y pense ça existe aujourd’hui, mais pour une raison historique un peu machiste finalement, ce sont surtout les femmes qui ont recours à des emplois à mi-temps ou à 80%. Ou alors c’est l’inégalité des salaires qui a induit cet arbitrage au sein du couple. C’est, en effet, souvent celui qui gagne moins qui peut travailler moins pour s’occuper des enfants.
Tout ça pour dire qu’il y’a encore du boulot pour changer les mentalités et faire en sorte que nous travaillions tous un peu moins (sauf ceux au chômage, désolé …) et que nous nous épanouissions tous un peu plus (ça par contre ça vaut pour tout le monde)! Alors allez harceler vos DRH , responsables, ou vous-mêmes et commencez à votre échelle cette mini révolution culturelle! Je compte sur vous
PS: Comme d’habitude (enfin c’est ce que j’espère) je vous invite à réagir à cet article dans les commentaires ou par mail, ou sur Tweeter (voir ci-contre) On se retrouve très bientôt pour un autre billet d’humeur!