La jeune maison d’édition suisse Sturm & Drang vient de rééditer Hell On Wheels de Willy Spiller. À l’instar des États-Unis entant que melting-pot, le métro, protagoniste incontestable de cette série, peut se définir comme un « boiling-pot » : un vivier cosmopolite bouillonnant mêlant hommes d’affaires, dealers, femmes au foyer, policiers et chefs de gang. Publiées pour la première fois en 1984, les scènes du photographe suisse dans le métro new-yorkais, reconnu comme l’un des métros les plus dangereux au monde, racontent rétrospectivement une histoire différente: celle du glamour et de la couleur, de la curiosité et du divertissement. On apprécie aujourd’hui ces images d’une façon plus objective, sans le sensationnalisme, le danger et le voyeurisme proclamés par les médias à l’époque, mais plutôt avec la fascination de ce jeune européen fraichement débarqué à New York pour son peuple, ses néons, son agitation et son énergie implacable. Saisie sur pellicules de diapositives couleur Kodachrome, la vision de Spiller du système de transport souterrain sordide de la ville s’inscrit dans la lignée de celle d’autres pionniers qui ont documenté New York en couleur (on pense notamment à Bruce Davidson avec son projet Subway ou encore à l’œuvre de Joel Meyerowitz). Pris entre 1977 et 1984, les clichés de Willy Spiller nous font revivre avec une certaine nostalgie le New York d’il y a quelques décennies, avec l’émergence du rap et du graffiti, une ville en effervescence culturelle et au dynamisme créatif hors-norme. Ses images chargées d’émotion sont autant un document visuel incomparable du quotidien des new-yorkais dans le métro, qu’une ode colorée à la ville de New York et à ses habitants. L’ouvrage de 120 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Sturm & Drang, ainsi que sur Amazon.com.