Frequency est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis le début octobre sur les ondes de The CW aux États-Unis et KTLA au Canada. Le personnage principal, Raimy Sullivan (Peyton List) est une détective au NYPD dont le père, Frank (Riley Smith), a été assassiné il y a vingt ans alors qu’elle était enfant. Un soir, des éclairs surgissent de nulle part et elle découvre qu’à l’autre bout d’un transmetteur radio il est bien en vie, mais celui-ci se trouve en 1996… Passé le choc initial pour les deux parties, Raimy parvient à empêcher la mort de Frank, mais ce n’est pas sans conséquence sur le présent et la cellule familiale de la jeune femme. Libre adaptation du film éponyme de Gregory Hoblit (2000), Frequency se veut malgré elle un complément à Timeless lancées la même semaine par NBC. Et malgré outre prémisse passablement compliquée, la série réussit à se tirer d’affaire, mais son ton pour le moins glacial en rebutera plus d’un à la longue.
Une semonce de malheurs en perspective
Depuis plus de deux ans, Frank a quitté sa femme Julie (Devin Kelley) et sa fille Raimy afin de se consacrer à une mission sous couverture avec son collègue Satch Rayna (Mekhi Phifey). Malheureusement, une taupe dans le département de police l’a vendu et il est mort sous les balles de ceux qu’il épiait. C’était il y a 20 ans. Un jour plus tôt lorsqu’ils reprennent contact dans les circonstances étranges évoquées, elle le met en garde contre la date fatidique de son propre meurtre. Le hic, c’est qu’en changeant cette tranche du passé, Franck survit, mais c’est Julie qui disparaîtra peu de temps après puisqu’elle sera enlevée par un tueur en série surnommé « Nightingale ». Dès lors, le père et la fille s’entraident via leur vieille radio concernant la même enquête : Nightingale n’ayant jamais été retrouvé en 2016 (alors que sa liste de victimes s’est allongée depuis), Raimy, grâce au système d’archives de la police essaie d’orienter du mieux qu’elle peut les recherches de Frank. Lorsque celui-ci croit avoir trouvé le maniaque et qu’il meurt sous ses yeux, sa mère n’est toujours pas vivante dans le temps présent : il s’agissait donc d’un autre homme et tout est à refaire.
Le lancement de Frequency deux jours avant Timeless était manifestement dans les astres. Dans la série de NBC, les protagonistes s’embarquent dans un nouveau voyage chaque semaine, à la poursuite d’un fou qui veut changer le présent… et il y est arrivé partiellement puisque l’une de ses adversaires en retournant à notre époque se rend compte que sa mère est toujours vivante, mais que sa jeune sœur n’est jamais née. Pourtant, c’est à peine si l’on prenait le temps d’exploiter cette intrigue, misant davantage sur les voyages aux différentes époques.
Avec Frequency, c’est le contraire qui se produit. On a beau être en 1996, du côté de Frank, il n’y a pas vraiment de détails notamment au niveau de la mise en scène nous indiquant que l’on se retrouve 20 ans en arrière. L’accent est plutôt mis sur le présent et ses conséquences à vouloir modifier le temps. Manque d’exotisme certes, mais la production relève son plus grand défi qui est de rester cohérente avec ces deux mondes parallèles. Ce n’est pas une mince affaire étant donné que Raimy, bien que le présent ait été changé pour une première fois conserve des souvenirs de ses deux vies « alternatives » : d’une part si son père était mort comme prévu et d’autre part, s’il avait survécu. En modifiant le passé comme lorsque Frank tue celui qu’il croit être le tueur en série, le nom de ce dernier disparaît tout simplement de la liste des personnes recherchées en 2016. Souvent on blâme les networks (CBS en particulier) de faire preuve d’un minimum d’imagination quand vient le temps de créer un énième procédural policier. La nouveauté de The CW réussit haut la main ce tour de force en nous proposant une même enquête, mais évoluant sur deux décennies différentes.
Trop de friture sur la ligne
L’enquête a beau se dérouler rondement, nous offrant toujours son lot de surprises, c’est le personnage principal que l’on peine à endurer. En effet, Raimy manque cruellement de chaleur humaine au point où l’on se demande si ce n’est pas tout simplement dû au jeu froid de Peyton List. Passé la stupeur de pouvoir communiquer avec Frank, c’est à peine si elle prend le temps de verser une larme et quelques minutes plus tard elle lui parle comme à un simple subordonné. Bien entendu, le fait qu’ils communiquent constamment via les ondes d’une vieille radio sans pouvoir se voir ni se toucher n’arrange pas les choses, mais reste qu’elle est aussi peu sympathique avec son entourage.
Ce détachement envers les autres a pour conséquence d’hypothéquer les intrigues futures au niveau de l’intensité. Par exemple, avant de bouleverser le présent (pour la première fois), elle est en couple avec Daniel (Daniel Bonjour), mais son père ayant en définitive survécu, il ne se souvient même pas l’avoir côtoyée. Lorsqu’elle le réalise, sa détresse ne traverse pas vraiment l’écran. Même chose avec son ami d’enfance Gordo (Lenny Jacobson). Apparemment très attachés, après trois épisodes il semble seulement servir de prétexte à une future intrigue impliquant une autre entorse de temporalité, mais reste que sa personnalité nous laisse indifférents.
Le premier épisode de Frequency a attiré 1,35 million de téléspectateurs en direct avec un taux de 0,36 chez les 18-49 ans. C’est peu, mais pas catastrophique, d’autant plus qu’à la mi-saison, l’auditoire n’a pas beaucoup baissé avec une moyenne de 1,05 million (taux de 0,3). Malgré tout, le couperet est presque tombé sur cette nouveauté: dans la semaine du 13 novembre, la chaîne a annoncé qu’elle ne commanderait pas d’épisodes supplémentaires pour Frequency et No Tomorrow. Espérons que Riverdale lancée en janvier récoltera plus de succès.