New York, 1933. Ann Darrow est une artiste de music-hall dont la carrière a été brisée net par la Dépression. Se retrouvant sans emploi ni ressources, la jeune femme rencontre l'audacieux explorateur-réalisateur Carl Denham et se laisse entraîner par lui dans la plus périlleuse des aventures...
Ce dernier a dérobé à ses producteurs le négatif de son film inachevé. Il n'a que quelques heures pour trouver une nouvelle star et l'embarquer pour Singapour avec son scénariste, Jack Driscoll, et une équipe réduite. Objectif avoué : achever sous ces cieux lointains son génial film d'action.
Mais Denham nourrit en secret une autre ambition, bien plus folle : être le premier homme à explorer la mystérieuse Skull Island et à en ramener des images. Sur cette île de légende, Denham sait que " quelque chose " l'attend, qui changera à jamais le cours de sa vie...
A la base, avant de revoir " King Kong " version 2005, je voulais revoir la mythique version de 1933 et celle de 1976 avant la sortie prochaine en 2017 d'une nouvelle relecture. Il s'avère que le film de Peter Jackson est le premier qui s'est représenté à moi, je reverrais donc les autres plus tard. Pas satisfait dans sa construction de l'avis que j'avais écrit à l'époque de sa sortie en salles, j'en ai donc profité pour rafraichir un peu mes idées.
Il faut dire aussi que cela faisait un moment que je ne l'avais pas revu. J'en gardais un excellent souvenir mais caser ses plus de trois heures de spectacle n'est pas toujours facile. Pourtant, une nouvelle fois, j'ai vraiment beaucoup aimé me replonger dans ce scénario écrit par Peter Jackson, Frances Walsh et Philippa Boyens d'après l'œuvre de Merian C. Cooper et Edgar Wallace.
En termes de relecture, je trouve que ce long métrage est assez intelligent. Le film a su garder la trame solide de ce récit tout en le développant. On évite alors le simple copier-coller tout en allant beaucoup plus loin dans sa construction que le film de 1933. Pour certains, je peux concevoir que le résultat est un peu poussif mais pour moi, je trouve que le spectateur y gagne beaucoup en terme d'émotions.
Sans forcément parler des avancées technologiques depuis, le scénario parvient à donner une âme à cette expédition et une âme à ce Kong que je trouve assez incroyable. On est toujours frappé par la bêtise humaine mais cette même humanité que l'on nous met dans le regard de Kong justifie à elle seule la création de cette nouvelle version.
Alors oui, il y a des choses qui auraient pu avoir plus de finesse. Le portrait de la société américaine des années 30 à beau posséder son charme, il y a une légère caricature qui parfois fait perdre un peu la crédibilité de son sujet. C'est parfois un peu trop propre sur soi tandis que l'amour qu'éprouve Jack Driscoll est beaucoup trop appuyé à mon goût même si cela permet de mieux le placer en tant que " rival " pour Kong.
Derrière tous les rajouts effectués par rapport à la version d'origine, j'aurais bien aimé par exemple que l'on s'intéresse un peu plus à l'aspect rituel des habitants de l'île mais bon, dans l'ensemble, le résultat est quand même très bon. Je me suis laissé emporter dans cette aventure qui ne lésine pas en termes d'émotions et qui nous fait voyager dans une contrée lointaine, un voyage que j'aime faire lorsque je vais au cinéma.
Devant la caméra, j'ai trouvé que Naomi Watts (Ann Darrow) prenait bien la relève à Fay Wray qui avait joué dans le premier " King Kong ". Au début pourtant, on a de quoi avoir peur. On nous présente son personnage comme étant beaucoup trop léger, trop naïf, trop sentimental et on sent dès le début le côté demoiselle en détresse. Mais par la suite, la comédienne parvient quand même à donner de la consistance à son personnage. Oui, il va falloir la sauver mais on s'attache à elle et j'ai beaucoup aimé la relation à travers le regard qu'elle parvient à établir avec Kong sans jamais être ridicule.
Il faut dire que Andy Serkis (Kong / Lumpy) s'y connait bien dans cette technique numérique après avoir incarné à l'époque Gollum dans " Le Seigneur des anneaux " du même Peter Jackson. Si visuellement Kong est une prouesse technique, la bête doit beaucoup malgré tout à l'acteur qui lui donne vie et qui apporte son humanité dans son visage. Petit bonus, j'ai pris du plaisir aussi à le voir en live pour jouer le cuisinier du bateau, un tout autre registre mais qui lui va bien également.
Jack Black (Carl Denham) m'avait lui bien surpris à l'époque. J'avais l'habitude de le voir dans des rôles potaches et j'ai aimé ici l'humour plus fin qu'il donne à son personnage. On a envie de le détester et en même temps, on n'y arrive pas totalement. Il parvient à nous manipuler comme son personnage manipule ses amis et collègues de travail. Il est aussi convaincant que complexe et j'ai beaucoup aimé son évolution, notamment dans le final, où il fait preuve d'une certaine noirceur que je ne trouve pas inintéressante.
En revanche, j'ai eu un peu plus de mal avec Adrien Brody (Jack Driscoll). Encore une fois, ce n'est pas vraiment de la faute de l'acteur qui fait ce que l'on attend de lui, c'est plus avec son personnage qui ne m'a pas toujours accroché. Grâce à l'acteur je le trouve néanmoins sympathique mais il a un petit côté lourd et pompeux dans son écriture qui fait que je n'ai pas eu plus d'affinités que ça pour lui.
Dans le reste de la distribution, il n'y a pas grand-chose à ajouter. Thomas Kretschmann (Le Capitaine Englehorn) est pas mal du tout. Je m'attendais à un héros plus sombre pour lui et au final, j'ai beaucoup aimé son traitement. Jamie Bell (Jimmy) m'a lui aussi beaucoup plu tout comme son duo avec Evan Parke (Hayes). Quant à Kyle Chandler (Bruce Baxter), il joue à merveille sur le stéréotype de son personnage et m'a fait sourire. Dans les rôles secondaires, j'aurais quand même aimé un peu plus de profondeur pour Colin Hanks (Preston) que je trouve un peu sous exploité.
Découvert à l'époque sur grand écran, je gardais un souvenir assez incroyable de la réalisation de Peter Jackson, un souvenir d'une réussite visuelle qui m'avait foutue une sacrée claque. Plus de 10 ans plus tard, je dois reconnaître que le film à pris un petit coup de vieux. Le fait de le revoir chez moi, même sur ma grande télévision, ne doit pas aider car rien ne remplace une vraie bonne salle de cinéma mais visuellement, ça commence parfois un peu à piquer les yeux.
Ce qui est étrange, c'est qu'il y a quand même de grandes qualités. Kong est réussi, on est pris dans les différents décors que ce soit ceux de la ville de New-York ou ceux de Skull Island mais à force de jouer avec une lumière un peu criarde, de nombreuses incrustations se font ressentir. Les images de synthèses prennent le dessus et ne parviennent pas vraiment à s'effacer de ma vision si bien que dans certaines scènes, je suis un peu sorti du récit pour ne voir que ça. Heureusement, le montage bien rythmé fait que l'on ne s'ennuie pas et que l'on peut vite en faire abstraction.
Maintenant, je n'ai pas non plus envie de faire mon rabat joie. Oui, les effets spéciaux nous sautent aux yeux mais ça fonctionne quand même toujours. Il faut dire aussi que Peter Jackson sait manier sa caméra. Il nous offre des plans d'une très grande beauté et son exploitation de la lumière trouve toute sa justification à travers une photographie magnifique.
Il y a une beauté dans ce film qui dépasse le simple cadre du visuel. Il y a du lyrisme, de la poésie, avec des passages qui pourraient presque se passer de dialogues avec une telle mise en scène. A côté de ça, on garde quelques moments emblématiques du film de 1933 que l'on retranscrit en 2005 avec réussite. Quant à la bande originale composée par James Newton Howard, je la trouve magnifique aussi. Elle joue beaucoup avec les émotions du scénario, elle appuie pas mal sur les violons mais je la trouve très agréable à l'écoute et collant très bien avec les images que l'on me propose.
Pour résumer, même si j'aurais aimé revoir avant la version de 1933 et 1976 (que je vais tâcher de me programmer prochainement), j'ai vraiment pris du plaisir à revoir ce " King Kong " de 2005, la relecture la plus justifié à ce jour du film de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Certes, visuellement, le long métrage de Peter Jackson commence à prendre un petit coup de vieux mais tout comme son homologue de 1933, c'est aussi cela qui lui donne un certain charme. Ce charme est différent de celui que j'avais éprouvé lors de ma découverte en salles mais il reste néanmoins très agréable. Les plus de trois heures d'aventures passent très vite, l'histoire me prend avec elle, l'interprétation est excellente, la mise en scène au service du récit bref, c'est du tout bon pour moi.