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La vieille France en force.

Publié le 21 novembre 2016 par Marc Vasseur
Aujourd'hui, si vous naissez pauvre, vous mourrez en moyenne neuf ans avant les autres. Si vous êtes noir, vous êtes traités plus durement par le système pénal que si vous êtes blanc. Si vous êtes un garçon blanc issu de la classe ouvrière, vous avez moins de chance que tous les autres d'aller à l'université. Si vous êtes une femme, vous gagnez toujours moins qu'un homme"*

La primaire de la Droite et du (Centre... la bonne blague) a rendu deux verdicts forts. Le premier est que les électeurs de droite ne veulent plus de Sarkozy et le deuxième c'est qu'on assiste au retour en force de la vieille France néolibérale et franchement réactionnaire. François Fillon incarnant à merveille cette orientation propre à la tranche électorale la plus vieillissante. Celle qui veut que les sacrifices des générations futures puissent assumer leur propre fin de vie et... à après le déluge.

Quand on entend François Fillon, on pense toujours à ces comités de bienfaisance patronesque du XIXème siècle où le pauvre ne doit pas être trop pauvre parce que ça peut abîmer les yeux et ça permet aussi de se donner bonne conscience. Tout cela bien entendu dans un cadre de société très rigide où les questions d'émancipation individuelle sont incongrues car porteuses de mauvaises idées.

L'avantage d'un François Fillon c'est qu'il ne poussera pas l'électeur trop loin dans les incertitudes d'un monde en crise. Il n'interrogera pas sur l'augmentation continue des inégalités sociales, culturelles et économiques, en France comme ailleurs ; celle-ci faisant partie d'un ordre naturel qu'il serait malvenu de modifier. Au même titre que la chose environnementale où François Fillon, qui sans jamais affirmer son climatoscepticisme plus ou moins assumé, estime que tout rentrera dans l'ordre sans autre forme de volonté. Il n'est d'ailleurs pas surprenant qu'une de ses propositions phares dans ce domaine, c'est l'augmentation de la durée de vie des centrales nucléaires. Le présent au détriment de l'avenir.

C'est ce qui me frappe le plus chez lui, cette absence totale de perspective et de remise en question. De ses cinq ans à Matignon, il n'a retenu qu'une chose, il a été empêché par Nicolas Sarkozy, comprenez qu'il fallait encore allait plus loin dans ces antiennes néolibérales. Après une embardée du coté du séguinisme, sa véritable boussole semble être le phare Thatchérien - dont même la Première Ministre Britannique s'est clairement détachée -. Qu'au début des années 80, on soit séduit par le discours de la dérégulation totale, on peut l'admettre ; aujourd'hui quand on fait les comptes de cette dernière, il y a matière à s'interroger (et il n'y a pas que les méchants gauchistes comme moi) sans compter qu'à cette époque, nous n'avions aucune idée des révolutions auxquelles la société devra faire face au cours des deux prochaines décennies.

" Pensée " économique bloquée sur les années 80, " pensée " sociétale bloquée au XIXème. La droite redevient la droite me direz vous, et la gauche redevient la gauche. Je fais partie de ceux qui estiment que la réussite n'est pas un péché en soi et qu'il faut effectivement encourager l'initiative. Cependant dans ce domaine, l'indécence ne peut être le but ultime. Alors oui, si effectivement penser qu'un individu puisse gagner en une année l'équivalent de plusieurs milliers d'années de SMIC, je reste de gauche. Et ce d'autant plus que je ne crois pas un instant à la théorie du ruissellement et que dans le domaine économique, il n'y a pas de fatalité, mais uniquement des choix.

* Thérésa May - Première Ministre du Royaume Uni.

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