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Grammaire des horoscopes

Publié le 21 juin 2008 par Desiderio

L'Oignon offre un supplément de fin de semaine qui est le premier magazine féminin de France : Version Fémina. Tout est vu sous l'angle féminin, du point de vue des lectrices. Tout ou presque : sauf l'horoscope. L'horoscope est un grand classique des magazines féminins les plus traditionnels (sauf s'ils sont catholiques ou communistes). Parmi mes vices cachés figure la lecture des magazines féminins : Elle ou Marie-Claire chez ma coiffeuse, Madame Figaro ou les suppléments de l'Express chez ma toubib. J'aime la presse féminine qui est pleine de codes sémantiques à déchiffrer. La présence d'un horoscope est déjà un signe : on est dans la presse populaire, comme pour l'Oignon. Mais ce qui me trouble ici, c'est de voir que toutes les expressions sont mises au masculin.
Normalement, quand un magazine féminin publie un horoscope, il prend soin de féminiser toutes les formes, pour bien préciser que c'est personnalisé. Certains magazines qui ne s'adressent pas à un sexe plus qu'à l'autre proposent deux horoscopes distincts avec des genres bien marqués. Ici l'on a : "natifs du 2e décan", "vous serez gâté par...", "pour ceux du 3e décan", "certains en auront besoin", "vous vous sentirez aimé et apprécié". Ce qui est étrange à la lecture, ce sont les vignettes figurant les signes zodiacaux, tous représentés par des personnages avec des attributs mammaires ne laissant guère de doute sur leur identité. Bon... cela s'adresse à des hommes ou à des femmes ? A des femmes selon la mise en page, à tout le monde selon le texte. Il faut dire que ce genre de torchon est aussi lu par une forte minorité d'hommes et que certains peuvent croire que cet horoscope s'adresse aussi à eux.
La formulation desdits horoscopes est toujours suffisamment vague pour s'appliquer à un grand nombre de personnes (un sujet intéressant serait de voir les catégorisations socio-professionnelles qui restent dans une sorte de vague domaine tertiaire entre commerce et fonctionnariat). En même temps, l'horoscope doit montrer qu'il s'adresse à quelqu'un de très précis, d'où le recours systématique à la deuxième personne, parfois dissimulée par une apostrophe (Bélier : le soleil...) ou à des catégories propres à l'identification (célibataires du 1er décan, votre couple). Il faut à la fois faire croire que c'est personnel et en même temps rester un peu flou, d'où le grand nombre d'expressions clichés dans ces prédictions. L'analyse de la part de poncifs serait un autre sujet et je pourrais en ajouter un dernier : le rôle expressif de la typographie par des mises en graisse au sein de paragraphes. J'y reviendrai peut-être avec un corpus plus étoffé.


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