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Cher Alain Juppé, je regrette de ne pas vous avoir plus soutenu.

Publié le 23 novembre 2016 par Lheretique

Si j'avais pu deviner un instant la tournure qu'a pris la primaire de la droite, je n'aurais pas fait la fine bouche. Pour moi, je songeais que Sarkozy serait battu sans trop de difficultés mais je n'avais pas vu venir François Fillon. Ce n'est pas l'individu qui me dérange, comme François Bayrou, je juge l'homme droit, mais son programme me hérisse et je sais aussi qu'il est très conservateur.

Je suis bien content que François Bayrou ait en tête un projet alternatif. A moins que François Fillon ne fasse un très grand pas, je ne vois pas comment on peut construire un projet commun avec lui à l'heure actuelle, bien que sur quelques points, il existe tout de même une base de convergences (la dette, les déficits, la fiscalité excessive, la lourdeur juridique).

De ses 15 mesures, il n'y en a qu'une seule à laquelle j'adhère à 100% c'est celle qui touche la famille (allocations familiales et quotient familial). Mais c'est bien la seule et, de toutes façons, Juppé en propose autant.

On a avec Alain Juppé un projet qui s'est bonifié avec les mois et les ajustements, à la façon d'un bon vin qui gagne en saveur et en finesse avec le temps. Tout n'était pas parfait, bien sûr, mais les principaux fondamentaux étaient là, et puis on savait que Juppé ne serait pas brutal. Fillon ne parle que d'électro-choc, lui.

Juppé a une vision équilibrée de la transition entre l'ancienne et la nouvelle économie. On le voit dans sa vision de l'entreprise où il comprend qu'il y aurait une malhonnêteté à faciliter des nouveaux entrants dans un secteur sans offrir une contrepartie aux acteurs établis qui ont dû supporter charges, impôts surnuméraires, achats de licences et de fonds de commerce et contraintes administratives de toutes sortes.

Je ne crois pas que Fillon ait ce souci d'équité et je pense que les indépendants actuels et leurs centrales vont souffrir avec lui, tout comme avec Macron, au demeurant, auquel je fais exactement le même reproche.

Au début, j'étais contrarié par les projets d'Alain Juppé sur l'école car je trouvais qu'il ne se positionnait pas assez en rupture avec les Socialistes. Mea culpa. Je l'ai relu, et en fait, son projet a beaucoup de qualités, entre autres d'offrir la liberté à ceux qui veulent s'en saisir.

C'est au fond ce que j'aime bien chez cet homme, outre sa droiture et son éthique, c'est qu'il n'impose pas (enfin, n'exagérons quand même pas), il propose. On le perçoit dans un grand nombre de ses propositions. 

Je mets en garde la droite : si vous ne mettez pas d'eau dans votre vin, nous centristes de droite et de gauche, nous ne nous allierons pas avec vous et nous présenterons notre propre candidat. Par les temps qui courent, gens de droite, je vous conseille de rassembler. N'imaginez pas votre actuel candidat fétiche élu sans coup férir sous prétexte qu'il aurait en face de lui nécessairement Marine Le pen. Pour cela, il faudra passer le premier tour.

Si Macron se présente, bien que pour le compte, je n'aime pas sa manière d'agir, je serai pragmatique et pourrais voter pour lui (dans l'hypothèse où Baurou ne serait pas candidat, évidemment) contre Fillon s'il devenait le candidat de la droite, d'autant que j'ai écouté ses premières propositions et qu'elles ne sont pas toutes à jeter, loin de là.

Allez, Alain Juppé, les modérés vous soutiendront jusqu'à la dernière minute. A Dieu vat, comme disait le capitaine du navire au milieu de la tempête autrefois.


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