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Les chaises musicales du logement

Publié le 08 septembre 2016 par Gauchiste

Je suis né en France. Ce pays a l'absence de particularité qui veut que toute sa surface soit attribuée. Soit quelqu'un en est propriétaire, soit elle appartient à l'État, donc à tout le monde. Et ce qui appartient à tout le monde n'appartient finalement à personne en particulier. Personne n'a le droit d'y construire une maison par exemple. À ma naissance, par exemple, aucune surface ne m'a été réservée. Je suis né SDF, hébergé temporairement par mes parents.

À sa naissance, chaque français a donc pour mission d'habiter quelque part un jour, sachant qu'il devra jouer des coudes pour s'attribuer la propriété d'un autre. Soit en achetant, soit en louant un logement.

Mettre dans l'équation les terrains publics ou non constructibles n'est que déplacer le problème : ils ne sont pas infinis, sont utiles à notre écosystème, notre alimentation, nos déplacements, notre vie publique.

Comment devenir propriétaire ? Compte tenu de l'augmentation de la population, le seul levier est soit d'espérer qu'un multi-propriétaire vende, soit attendre qu'un propriétaire meure (car s'il vend pour déménager, il reprend un logement et la somme est nulle). Mais compte tenu que l'héritage attribue le terrain d'un défunt à ses héritiers, cela revient au même, car le terrain appartient finalement toujours à quelqu'un d'autre, sauf si je suis l'héritier.

Si je suis l'héritier, je peux espérer tuer mes frères et sœurs (ou négocier un achat) pour garder le bien pour moi seul et l'habiter. Libre à eux ensuite de trouver à habiter quelque part.

Vous comprenez par cette présentation, que l'habitation est aujourd'hui devenue un système concurrentiel basé sur la pénurie. Le prix de l'immobilier augmente car la population augmente, mais pas la surface terrestre. Habiter demande alors d'être plus riche d'une génération à l'autre. La pression augmente donc sur les plus pauvres, qui habitent toujours plus petit ou louent à plusieurs. Les plus riches s'enrichissant alors en louant, ce qui leur permet de conserver leur bien.

Aujourd'hui, le système social aide les plus pauvres à devenir locataires. Ce système d'aide, pourtant indispensable, se contente de subventionner les propriétaires en rendant les locataires toujours plus dépendants d'une location.

Les allocations logements ne sont donc qu'un système de ressources pour les multi-propriétaires. Je pense donc que ces allocations motivent ces propriétaires à ne pas vendre car ils arrivent alors à louer. Et s'ils vendaient, les prix chuteraient car les acheteurs seraient alors les pauvres.

Le plus drôle, c'est que depuis que je suis locataire, la CAF aurait eu meilleur compte de m'offrir le logement que j'habite...


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