CONTRIBUTION (SIWEL) — Afalku Igectulen a été interpellé par quelques réactions négatives vis-à-vis des félicitations de Ferhat Mehenni, le président de l'Anavad, à François Fillon ou encore à Donald Trump. Il est vrai que la Kabylie, en matière de géopolitique et diplomatique, a beaucoup à apprendre maintenant qu'elle est candidate à rejoindre le concert des nations. Ci-dessous l'analyse de Afalku Igectulen.
Le message de félicitations adressé par le Président du Gouvernement Provisoire Kabyle (Anavad), M. Ferhat Mehenni, à M. François Fillon suite à son élection lors de la primaire de la droite et du centre et qui fait de lui le grand favori de l’élection présidentielle de 2017, suscite quelques interrogations et mêmes des attaques parmi certains Franco- Kabyles autonomistes et altermondialistes.
Il est tout à fait normal de reconnaître à ces personnes une cohérence entre ce qu’elles sont et ce pourquoi elles luttent. En effet, il serait très surprenant de concevoir que des voix autonomistes Franco- kabyles, inaudibles dans leurs formations politiques, puissent soutenir M. François Fillon (un mondialiste néolibéral et un conservateur sur les questions sociétales).
En effet, l’altermondialisme milite pour un égalitarisme planétaire, des droits écologiques et des droits sociaux et humains. Ce faisant, il revendique un retour vers un renforcement des rôles des Etats-Nations avec un protectionnisme et une préférence nationale.
L’idéologie altermondialiste pourrait convenir à des nations ayant un Etat qui peut veiller à la régulation pour réduire les inégalités en faisant fonctionner une solidarité nationale. Encore faut-il que la nation soit homogène et partageant le même socle de valeurs. Ce n’est pas le cas de l’Algérie et de nombreux pays africains ayant opté pour un Etat-Nation, un modèle importé et copié sur le colonialisme de la fin du XIVe et début du XX e siècle.
Par ailleurs, Il faut reconnaître la même cohérence à l’Anavad, à sa tête son Président, M. Ferhat Mehenni, qui agit en tant que Kabyle indépendantiste. Il n’a pas à juger le programme de M. Fillon pour son pays.
La géopolitique ce n’est pas du sentimentalisme ou de la naïveté angélique. Parfois, il faut savoir saisir les quelques opportunités qui peuvent servir son combat à court, moyen et long terme.
Pour l’Anavad, il serait incompréhensible de ne pas être favorable à la mondialisation ; même accompagnée par un libéralisme qui crée des inégalités ; car elle fragilise les ETATS-NATIONS, en dépassant les territorialités issues des découpages de frontières colonialistes, qui sont à la fois arbitraires et hétérogènes.
Dans les faits politiques, l’Anavad n’a pas d’autres choix que se soutenir M Fillon ne serait-ce que par reconnaissance au soutien apporté déjà en 2012 par son actuelle porte-parole Mme Valérie Boyer, également maire et députée, qui est la seule à ce jour parmi les députés français à avoir posé une question écrite au ministère des affaires étrangères concernant la reconnaissance de l’Anavad et la revendication d’autodétermination du peuple kabyle.
Une nation sans Etat doit définir sa priorité et adopter sa stratégie en conséquence. Lorsqu’on milite pour disposer d’un Etat souverain et indépendant, il n’y a pas d’autres choix que de s’insérer dans un processus géopolitique qui dépasse les frontières et profiter des opportunités qu’offre la mondialisation pour les nations sans états et qui refusent les ethnocides à huis clos.
En résumé, chacun réagît selon ses convictions idéologiques, politiques et culturelles lorsqu’on est dans l’observation et dans le débat d’idées mais pas lorsqu’on est dans l’action diplomatique.
M. Ferhat Mehenni lui-même ne doit pas être en total accord avec la mondialisation et son idéologie néolibérale mais il doit se plier aux exigences de la géopolitique pour trouver des soutiens à des moments bien précis et qui peuvent peser ultérieurement dans la balance pour la cause qu’il défend.
Afalku Igectulen
SIWEL 291658 NOV 16