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La chronique culturelle de Colette: Quelques anniversaires de compositeurs espagnols

Publié le 01 décembre 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Il y a 70 ans, le 14 novembre 1946, Manuel de Falla, de son nom complet Manuel María de los Dolores Falla y Matheu, mourait à Alta Gracia dans la province argentine de Córdoba où il résidait depuis fin 1941, d'un arrêt cardiaque durant son sommeil. Il était arrivé le 18 octobre 1939 à Buenos Aires à bord du Neptunia avec sa sœur María del Carmen, pour occuper un poste qu'on lui avait offert à la Institución Cultural Española, Institut culturel espagnol. Il se fit des amis dans le milieu musical argentin et le 18 novembre 1939, avait créé sous sa direction au Teatro Colón Homenajes, une suite d'orchestre composée à partir d’œuvres antérieures. Elle comporte "Homenaje a la tumba" de Debussy datant de 1920 et "Homenaje a la tumba" de Paul Dukas, de 1935. Il se remet à la composition de sa cantate scénique "Atlántida" dont il laissera 202 feuillets inachevés avec la dernière date du 8 juillet 1946. L’œuvre fut terminée par son compatriote et disciple Ernesto Halffter. La création mondiale de la version définitive eut lieu à la Scala de Milán le 18 juin 1962.
Sa sœur accompagnait les restes du compositeur, embarqués le 22 décembre, ils arrivèrent à Cadix le 9 janvier 1947 et reposent dans la crypte de la Cathédrale de Cadix, sa ville natale, avec pour seule épitaphe "El honor y la gloria sólo son de Dios (L'honneur et la gloire n'appartiennent qu'à Dieu)". Manuel de Falla était né à Cadix le 23 novembre 1876 dans une maison de la Plaza de Mina. De 1921 à 1939, il a vécu à Grenade, dans un "carmen", la maison typique de Grenade avec un jardin. Elle est devenue un musée qui abrite son mobilier et des objets personnels. Il était parti pour l'Argentine après avoir refusé à plusieurs reprises la présidence de l'Institut d'Espagne qui avait été créé par le décret du 1e janvier 1938, à Salamanque. Lequel regroupait les huit Académies. Et même si la mort de son ami Federico García Lorca le 19 août 1936 l'avait plongé dans une profonde dépression, Manuel de Falla ne s'était jamais prononcé pour un des deux camps, le républicain ou le nationaliste, il était plutôt de sensibilité royaliste.
Un grand moment de la vie de Manuel de Falla fut le séjour qu'il effectua à Paris entre 1907 et 1914 quand il avait déjà à son actif le drame lyrique "La vida breve" créée en français au Casino municipal de Nice le 1er avril 1913 et à l'Opéra-Comique de Paris. Il fut l'ami de Ravel, Debussy, Florent Schmitt, Dukas.
Cette année, on a célébré aussi le centenaire d'une des œuvres maîtresses de Manuel de Falla "Noches en los jardines de España (Nuits dans les jardins d'Espagne)". Elle fut créée le 9 avril 1916 au Teatro Real par l'orchestre symphonique de Madrid, dirigé par Enrique Fernández Arbós, avec José Cubiles au piano. En juin 2016, le Royal Philarmonic Orchestra avec Charles Dutoit était à Grenade pour cette commémoration. Quant à la 22e édition de "Los Encuentros Manuel de Falla (Rencontres de Falla)", elles célébraient aussi ces différents anniversaires.

100 ans se sont écoulés depuis ce 24 mars 1916. Le compositeur revenait de New York avec sa femme Amparo, il y avait assisté le 28 janvier au Metropolitan Opera à la création de son opéra en un acte et trois tableaux "Goyescas" composé en 1915. "Pagliacci" de Leoncavallo complétait le programme. Cinq représentations, dont la dernière avait eu lieu le 6 mars. L'opéra "Goyescas" était inspiré de sa suite pour piano éponyme "Goyescas" créée en 1911 dans ce temple de l'Art nouveau qu'est le Palacio de la Música Catalana à Barcelone. La traversée à partir du 11 mars à bord du SS Rotterdam battant pavillon hollandais, avait conduit Granados jusqu'à Folkestone. Et après avoir passé quelques jours à Londres, le 24 mars, il avait pris le Sussex appartenant à la Compagnie des chemins de fer français, pour rejoindre Dieppe, une route jugée plus sûre que l'habituelle Calais-Douvres. Là, le compositeur et son épouse devaient prendre un train pour Barcelone. Mais, dans l'après-midi, une heure après le départ, le sous-marin UB-29 de la marine impériale allemande torpilla le Sussex, le confondant en plein jour avec un mouilleur de mines. Le navire est gravement endommagé, sur les 378 personnes à bord, 53 membres d'équipage et 325 passagers, on dénombra au moins 50 disparus. D'autres sources évoquent entre 80 et 100 décès. Des canots de sauvetage ont été mis à l'eau, mais deux ont chaviré et plusieurs personnes se sont noyées. Les uns disent que le couple Granados mourut dans le salon de première classe lors de l'explosion. Un survivant raconta que la confusion avait séparé les deux époux, le compositeur ne savait pas nager contrairement à sa femme, ils étaient tombés à l'eau, voulurent s'aider mutuellement et avaient coulé. On a dit que Granados qui n'aimait guère les voyages en mer, avait eu un mauvais pressentiment à propos de ce déplacement à New York en pleine guerre, il aurait même dit en plaisantant "Je vais y laisser ma peau"… Mais cette création internationale à New York était le couronnement de sa jeune carrière et pour la première fois un opéra espagnol y était créé. Enrique Granados était né le 27 juillet 1867, à Lleida en Catalogne, il avait à peine 49 ans.

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