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Queen Sugar (Saison 1, 13 épisodes) : Black lives matter

Publié le 01 décembre 2016 par Delromainzika @cabreakingnews


OWN est une chaîne assez étonnante, capable de produire des soaps estampillés Tyler Perry et dont la qualité n’est pas spécialement ce qui vient à la bouche quand on parle de ses séries et puis il y a eu Greeleaf et maintenant Queen Sugar. Cette dernière se rapproche de grands dramas que l’on peut voir sur le chaînes du câble. Au delà de ça, je trouve que Queen Sugar s’inscrit parfaitement dans le besoin qu’a la télévision américaine actuellement de donner de la place aux drames afro-américains. Il n’y en a pas suffisamment en lesquels on a envie de croire. Alors que l’histoire des afro-américains est souvent vu du point de vue de l’égalité raciale, c’est pour une fois ici différent. On parle d’autres choses, plus que de la vie afro-américaine au travers du prisme de la race. C’est peut-être aussi ce qui rend Queen Sugar si passionnante à suivre. Durant les treize épisodes de cette première saison, on se laisse plongés au coeur d’une aventure originale même si au fond cela ressemble à d’autres fictions que l’on a pu voir ailleurs, aussi bien à la télévision qu’au cinéma. On doit à Ava DuVernay, la créatrice de Queen Sugar, des films comme Selma ou encore Middle of Nowhere qui ont su créer une narration moderne afro-américaine.

Queen Sugar est sa première incursion dans le monde télévisé et quoi de mieux que OWN pour produire sa série alors que la chaîne veut désormais aussi jouer dans la cour des grands. La série apparaît comme une vraie bouffée d’air frais adaptée du roman de Natalie Baszile du même nom. Nous suivons alors les aventures de la famille Bordelon à la Nouvelle Orléans avec son lot de retournements de situation jamais soap-esque. Tout est organisé pour que l’on ait plus l’impression de regarder un long film plus qu’une série avec son lot de cliffanghers un peu surréaliste. Queen Sugar s’attache à ce qu’elle raconte et veut que l’on ressente la véracité du propos. Avec la mort du patriarche, les choses sont alors réorganisées. Si Queen Sugar pourrait ressembler par moment à une version afro-américaine de Dallas ou d’une série du même acabit (car le point de départ reste assez proche de ce que ce genre de soap nous délivre), je suis content de voir que ce n’est pas que ça non plus. Ava DuVernay a apporté à Queen Sugar tout ce qu’elle a déjà fait dans ses films ce qui dans un sens ne créé pas de grande originalités mais pour une série c’est original et réellement réussi. Sa façon d’observer les choses est donc reprise dans sa série tout en gardant ses qualités d’écriture intactes.

Le seul truc que j’ai imaginé au départ c’est que Queen Sugar ne pourrait pas durer 13 épisodes, qu’elle ne pouvait être non pas une série mais un projet de film avorté au dernier moment et remplacé par une série. Par chance, des intrigues à suivre sur toute la saison sont ajoutées à cette adaptation sérielle (et c’était nécessaire au risque de perdre complètement son temps), DuVernay parvient à remplir les épisodes un à un tout en gardant le téléspectateur éveillé à son but final. Si le livre devait être trop court pour raconter 13 épisodes d’histoires, Queen Sugar en rajoute alors un peu afin de gonfler les épisodes à bloc. Alors que OWN a déjà commandé une saison 2 avant même la diffusion de la première (ce qui est une grosse marque de confiance et vu les audiences ils ont eu raison), je ne peux que le comprendre. En effet, les personnages sont développés avec soin et la série ne perd ainsi pas de temps à nous ennuyer avec tout un tas de trucs qui pourraient rendre le récit discutable. Il y a une vraie réflexion apposée autour de chacun des personnages, laissant alors de la place pour tout un tas de choses différentes. Grâce à un casting brillant, Queen Sugar continue de surprendre et de proposer des choses. Chacun des membres du casting n’est pas là par hasard. Comme Rutina Wesley que l’on a vu dans True Blood (qui se déroulait dans la même région).

Cette dernière me fascine et sa façon d’incarner Nova apporte un vrai plus à la série. Kofi Siriboe apporte là aussi un petit plus non négligeable et c’est le cas pour chacun des membres du casting. Finalement, Queen Sugar est une agréable surprise que je n’avais pas du tout vu venir et qui je l’espère va garder le cap en saison 2. J’ai envie de faire confiance à Ava DuVernay qui semble connaître les sujets dont elle parle et la façon dont il faut en parler pour que l’on ait envie de s’en soucier.

Note : 8/10. En bref, un très joli mélodrame afro-américain.


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