L’arrivée de Quarry sur Cinemax était une bonne idée. La série s’inscrit parfaitement dans la ligne éditoriale de la chaîne et de ses héros tout en apportant un genre légèrement différent à l’ensemble. La première saison de Quarry n’est pas toujours brillante mais elle parvient à créer une vraie ambiance. Basée sur les romans de Max Allan Collins, « Road to Perdition », Quarry se déroule dans les années 70 à Memphis. En plus de nous plonger dans un lieu assez différent de ce que l’on a pour habitude de voir, la série parvient à recréer l’ambiance de l’époque en version pulp. Le pulp n’est pas un genre très présent à la télévision et pourtant, Mac Conway, le héros incarné par Logan Marshall Green, est un héros pulp, sans peur et sans reproches qui revient après son second service au Vietnam. La série ne tombe pas pour autant dans le trash à tout va, ce qui permet de conserver une certaine zone où les émotions peuvent traverser le récit. Bien entendu, Conway représente certains stéréotypes du genre mais ce n’est jamais de la mauvaise façon. Quarry c’est une série qui parvient également à être engagée dans la culture de l’époque, tant musicale que politique. L’engagement de Conway permet de parler de la guerre du Vietnam et de ses conséquences. Alors que la musique permet de nous plonger un peu plus dans cette époque qui musicalement a su changer.
A certains moments, les showrunners Michael D. Fuller et Graham Gordy semblent donner à Quarry des éléments qu’ils ont appris en travaillant sur Rectify. Il y a donc certains épisodes un brin plus contemplatifs que les autres et certaines séquences tentent de raconter l’histoire de notre héros tout en le contemplant. Il y a notamment la piscine qui va être un lieu important dans Quarry et qui va parvenir à influencer l’histoire de façon assez brillante. Dans les premiers épisodes, l’équilibre entre l’action et l’évolution des personnages prend ses marques. C’est dans ce genre de moments que Quarry n’est pas forcément la plus efficace. Ce n’est pas mauvais mais la série contrebalance également avec ce que Cinemax nous a fait contraire depuis le début de son engagement dans les créations originales. Je pense par exemple à l’action, qui est loin d’être omniprésente. Par chance, les personnages sont intéressants donc il n’y a pas besoin de grandes scènes d’action où le héros peut montrer ses talents (même s’il a plusieurs occasions tout au long de la saison). Quoi qu’il en soit, Quarry préfère se concentrer sur les sentiments contradictoires et conflictuels du héros face au monde qui l’entoure et le trauma qu’il a vécu durant la guerre.
La série tente alors de nous exprimer l’histoire de notre héros au travers de flashs symboliques, venant nous rappeler à quel point le monde de Mac a été brisé par ce qu’il a vu là bas. Ce qui ressemble un peu à Rectify est le meilleur atout de Quarry. On sent que les showrunners ont été chercher une vraie influence là dedans et c’est bien loin d’être la plus mauvaise de toute. Mac c’est un peu Daniel par moment alors qu’il a été traumatisé lui aussi par quelque chose de son passé. Certes, pour Mac ce n’est pas la prison, mais la guerre c’est tout comme. Côté policier, Quarry erre un peu dans tous les sens ce qui n’est pas vraiment son meilleur atout. Disons que je m’attendais à quelque chose de légèrement différent. Je pensais que Quarry allait être plus engagée de ce point de vue là. Logan Marshall Green, que j’avais découvert plus jeune dans Newport Beach prouve ici qu’il a bien grandi. Ce n’est pas la première fois qu’il incarne des rôles de personnages un peu borderline sur les bords ou brisé par leur passé. On avait déjà vu cela dans Dark Blue par exemple (qui avait connu deux saisons sur TNT). Il a quoi qu’il en soit ce qu’il faut en lui pour incarner au mieux ce personnages.
Mais nous avons également Damon Herriman qui ne s’en sort pas trop mal. Celui que ‘non avait pu voir dans Justified parvient à offrir là aussi à Quarry quelque chose d’intéressant et de légèrement différent. Pour ce qui est de la suite, je ne suis pas sûr d’avoir réellement besoin d’une saison 2. La saison se suffit plutôt bien à elle-même. Quarry n’est pas brillante et ne laissera probablement pas de grande empreinte dans le monde des séries mais là n’est pas forcément le but affiché. La première partie de la saison a d’ailleurs un peu de mal à nous engager dans l’histoire ou à nous faire partager ce que Quarry est sensée nous faire partager. Il faut attendre la seconde partie pour que l’installation des personnages puisse se faire en parallèle de tout le reste sans trop de problèmes. Notamment quand la série met en scène le racisme ambiant de l’époque dans l’épisode 1.06. C’est un très bon exemple de ce dont Quarry est réellement capable.
Note : 6/10. En bref, une petite série qui mélange les personnages et les histoires tout en parlant du contexte de l’époque avec passion. Sympathique sans être mémorable pour autant.