American Housewife est une nouvelle comédie diffusée depuis la mi-octobre sur les ondes d’ABC aux États-Unis. Le titre fait référence à Katie Otto (Katy Nixon) et à son quotidien : celui d’une femme au foyer et mère de trois enfants qui a constamment l’impression de ne pas en faire assez. C’est que chaque semaine, une tuile semble lui tomber sur la tête et elle ne peut compter que sur elle-même. Nightcap quant à elle est arrivée sur les ondes de Pop aux États-Unis à la mi-novembre et est composée de 10 épisodes. Le personnage principal Staci (Alexandra Wentworth) est productrice d’une variété de fins de soirée et passe son temps entre gérer les égos des célébrités invitées à participer à l’émission, tout en essayant de contrôler une équipe technique pour le moins dissipée. Dans ces deux fictions, on a droit à des femmes au bout du rouleau qui sont à deux doigts de lancer la serviette. Alors que la série d’ABC nous offre un portrait féminin qui a été mille fois exploité à l’écran (pour ne pas dire rétrograde), celle de Pop est au contraire novatrice et foisonne de bons gags.
American Housewife : le dur métier de maman…
Dès que la série démarre, c’est comme si le monde de Katie s’écroulait. C’est qu’une de ses voisines qui avait un surplus de poids vient de quitter précipitamment Westport, ce qui fait que la protagoniste est désormais la deuxième plus grosse femme de la ville. Alors qu’elle s’évertue à trouver une acheteuse obèse si possible, elle tente aussi à gérer les problèmes familiaux. Son mari Greg (Diedrich Bader), bien que sympathique, est quelque peu absent, ce qui ne lui facilite pas la tâche pour élever leur progéniture. Sa fille aînée Taylor (Meg Donnelly) entame l’adolescence et tout ce que ça implique, le cadet Oliver (Daniel DiMaggio) est obsédé par le désir de devenir riche plus tard tandis que la benjamine Anna-Kat (Julia Butters) peine à s’intégrer. Dans le second épisode, Katie ne sait plus où donner de la tête alors que le personnel de l’école de ses enfants lui donne des maux de tête et dans le suivant, elle s’inscrit à une course de zombies à la veille de l’Halloween afin de rendre la monnaie de sa pièce à sa nouvelle voisine Viv (Leslie Bibb) qui a un peu trop d’influence sur Taylor.
Déjà avec un tel titre, on est certain que l’on aura droit à une comédie plus que prévisible avec la femme dans son rôle traditionnel à la télévision américaine : au foyer. Son principal souci dans le premier épisode est de devenir la deuxième « grosse » de la ville et dans le second, c’est de faire une sieste… tout un programme! Un peu le pendant féminin de Kevin Can Wait ou Man With a Plan, on joue sur le politiquement incorrect et ses lacunes en tant que parent modèle. Ainsi, elle empêche Taylor de boire un breuvage santé parce que ça lui rappelle trop Viv, met quelquefois son chandail à l’envers et ô sacrilège, elle se stationne dans un endroit réservé à l’école de ses enfants, ce qui provoque l’ire de la brigadière. Ces mises en situation, aussi futiles qu’ennuyeuses peinent à nous arracher ne serait-ce qu’un sourire.
Quant aux dialogues, on a déjà vu mieux. Par exemple en deux épisodes seulement on a droit à autant de références à la chaîne Lifetime (« Can Mama stay at home and watch « Unreal » on Lifetime or not?! » « You are acting like a pimp in a Lifetime movie. »). Sinon, ce sont des blagues ringardes d’un autre âge: « Greg, you realize if I worked, we would have to hire someone to clean the house and watch the kids, so there’d only be, like, this much extra money. » Ce à quoi le mari répond: « No, we wouldn’t have to hire someone to clean the house. You could do it on Saturdays. »
Nightcap: des invités pas commodes
L’émission s’appelle « Nightcap with Jimmy » et les plus grandes célébrités répondent présentes à l’invitation de l’animateur que l’on ne voit d’ailleurs jamais. Parmi ceux qui visitent le studio au cours des trois premiers épisodes, mentionnons Sarah Jessica Parker qui a connu Staci dans son enfance, Whoopi Goldberg qui se demande si l’équipe est raciste ou encore Jimmy Norton et Gwyneth Paltrow qui veulent s’arracher les yeux. Du côté de l’équipe technique, on a Jenny (Lauren Blumenfeld), l’assistante de Staci qui accepte d’être passée en entrevue par Kelly Rippa et Mark Consuelo pour éventuellement être leur mère porteuse, Todd (Don Fanelli), l’assistant de Jimmy qui est persuadé qu’il va perdre son emploi ou encore Phil (Jeff Hiller), le gardien de sécurité simplet qui oublie qu’il a un travail à faire.
Ces dernières années, plusieurs réseaux ont joué sur ce concept de faux documentaire mettant en scène des célébrités se parodiant eux-mêmes, que l’on pense à The Comeback de HBO avec Lisa Kudrow ou encore The Comedians de FX avec Billy Crystal et Josh Gad. Pourtant cette formule d’autodérision n’a pas plu aux Américains alors qu’en Europe, une série comme 10 % de France 2 (Renommée « Appelez mon Agent » au Québec) mettant en scène une agence d’agents d’artistes avec des caméos d’acteurs connaît un véritable succès. C’est davantage cette voie qu’emprunte Nightcap avec une ligne bien mieux définie entre la fiction (l’équipe technique) et une déformation de la réalité avec les célébrités. D’ailleurs, ces présences sont définitivement les points forts de la série : on rit encore en repensant à Andy Cohen qui lance de la nourriture sur Staci qui danse et chante; une sorte de répétition de sa prochaine émission de variétés. Sinon, de voir Gwyneth Paltrow jouer les cleptomanes ou Sarah Jessica Parker se remémorer les séances d’intimidations qu’elle a fait subir à Staci quand elles avaient 14 ans en vaut définitivement la chandelle. À l’opposé, c’est du côté de l’équipe technique qu’on ne sait trop quoi penser. Certains comme Staci ou le preneur de son Randy (Jacob Wallach) jouent avec un certain réalisme alors que Phil et Penny y vont carrément dans l’absurde. Reste que le roulement de stars à chaque épisode contribue à sans cesse régénérer la série qui n’aura pas à craindre le syndrome de la page blanche de sitôt.
Justement, avant même de tester la réaction du public, Pop croyait tellement en sa fiction qu’elle l’a renouvelée pour une seconde saison. Du côté de American Housewife, le pilote a attiré 6,61 millions de téléspectateurs avec un taux de 1,91 chez les 18-49 ans. Trois semaines plus tard, alors que la moyenne s’établissait à 5,85 millions pour un taux de 1,7, ABC a décidé de commander une saison complète de sa série, soit, pour un total de 22 épisodes.