Chaque fois qu’un fiasco fait surface les explications sont toujours les mêmes :
- Abus de confiance;
- Interférence politique;
- Laxisme des instances responsables;
- Mépris des contribuables;
- etc.
et les conclusions des enquêtes sont aussi toujours les mêmes :
- Incompétence des gestionnaires et administrateurs;
- Mauvaise distribution des responsabilités rendant impossible l’imputabilité;
- Structure de gouvernance inadéquate;
- Etc.
Les monopoles gouvernementaux sont à la source des fiascos les plus coûteux, car le responsable de l’encadrement et de la surveillance est aussi le fournisseur de service. Les conflits sont nécessairement soumis à un arbitrage (interférence) politique. Les résultats pénalisent invariablement les contribuables et consommateurs au profit des groupes d’intérêt.
Il serait pourtant simple d’appliquer le principe « on-ne-met-pas-le-singe-en-charge-des-peanuts ». En gestion ce principe a la même valeur que celui de « consommateur-payeur » ou « pollueur-payeur » en économie.
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Canoë, le 11 juin 2008
Julien Béliveau
Ces clercs par qui le scandale arrive
Il arrive qu’institution publique et bon sens ne fassent pas bon ménage. L’UQÀM en représente un bel exemple. Alors qu’elle s’enlisait financièrement dans la construction de son complexe scientifique, notre université nationale lorgnait déjà le terrain du terminus Voyageur.
L’encre de la première estimation (330M$) était à peine séchée que la spirale des coûts se déchainait. Deux mois après cette évaluation, la facture grimpait de plus de 20%. En novembre de la même année, le gérant du projet l’estime désormais à 465 millions. Pourtant, en décembre le conseil de l’Université approuve un budget dit « final » de 380 millions.
The rest is history. En date de janvier 2008, le Vérificateur estime désormais le coût final du projet à près de 530 millions. À ce prix, le complexe ne sera jamais rentable. Les travaux sont arrêtés, la caisse est vide. Reste à combler le trou financier. Mais qui sera coiffé du bonnet d’âne?
Selon l’inquisiteur gouvernemental, ce chapeau convient à tous les acteurs : aux cadres universitaires, notamment au recteur qui semblait fort peu se soucier de son conseil d’administration, à ce dernier, à l’Université du Québec, un organisme qui, théoriquement, chapeaute (et surveille) toutes les constituantes, ainsi qu’aux ministères de l’Éducation et des Finances.
Ce que le rapport aborde avec un tact infini, c’est l’invraisemblable structure de gouvernance des universités du Québec. D’abord, le recteur est, pratiquement, élu au suffrage général universitaire. Selon la même approche, les soldats éliraient leurs généraux. Cela s’est déjà fait et ne se fait plus, pour des motifs passablement évidents. Comme une université est financée surtout par des fonds publics, un recteur devrait être nommé par le gouvernement, c’est tout. Dito pour les membres du conseil d’administration qui devraient tous être indépendants, plutôt que la présente pratique (étudiants, chargés de cours, enseignants, etc.) qui fait que tout ce beau monde ne peut que penser être là pour protéger les intérêts de sa confrérie. Le résultat est absurde : pouvez-vous imaginer un chargé de cours votant contre son recteur?
Moi, pas.