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BAC +2 ou BAC+3 : Quel diplôme a le plus de valeur en France?

Publié le 15 septembre 2016 par Lagafr

Au cours des 40 dernières années, la France a comblé le retard qu’elle avait sur un grand nombre de pays de l’OCDE concernant le niveau de formation de sa population, c’est un fait bien connu. On a ainsi assisté à une hausse sensible du pourcentage de diplômés de l’enseignement supérieur au cours des 30 dernières années : ils représentent désormais en France 45 % des 25-34 ans (contre 42 % pour la moyenne OCDE), alors qu’ils ne sont que 22 % parmi les 55-64 ans (contre 26 % pour la moyenne OCDE).

Il est indéniable que les diplômés du supérieur ont de nombreux avantages (en termes de salaire et d’employabilité notamment) par rapport à ceux qui se sont arrêtés à des niveaux inférieurs. Mais les diplômes ont-ils la même valeur? Plus particulièrement, vaut-t-il mieux quitter en France le système d’éducation avec un DUT/BTS (BAC +2) en poche ou avec une Licence (BAC +3) ?

Les données tout juste publiées dans Regards sur l’éducation 2016 nous apportent un éclairage sur cette question. Elles montrent que la France est atypique par rapport à la plupart des pays de l’OCDE.

  • Attractivité des filières: avantage au Bac+2

Comme dit précédemment, la France présente un profil différent par rapport à nombre de ses voisins. Les IUT (niveau BAC+2) recueillent un franc succès et les jeunes s’y engagent massivement. Le succès est si grand que les bacheliers des filières professionnelles se retrouvent parfois privés de places au détriment de ceux des filières générales. Ce qui n’est pas sans poser problème : environ 3 sur 4 se retrouvent en échec scolaire dès la première année universitaire. En chiffres, sur l’ensemble des 25-34 ans qui ont obtenu au moins un diplôme de l’enseignement supérieur en France, 38 % ont quitté le système d’éducation avec un BAC +2 en poche (contre 17 % en moyenne OCDE).

Les sorties au niveau Licence (BAC+3) sont sensiblement moins nombreuses en France. Les jeunes préférant souvent continuer leurs études après l’obtention du diplôme. Le Master est en effet plus populaire que la Licence, aussi bien pour les étudiants que pour les employeurs. Ainsi, 27 % des jeunes de 25-34 ans diplômés du supérieur en France ont obtenu une Licence comme diplôme universitaire le plus élevé (contre 50 % en moyenne OCDE). Dans de nombreux pays anglo-saxons (Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni ou États-Unis ), la Licence est le premier diplôme roi pour entrer avec succès sur le marché du travail, cen’est pas le cas en France.

  • Taux de réussite: avantage au BAC +2

Parmi les étudiants ayant commencé une Licence (BAC +3), seuls 43 % ont obtenu leur diplôme dans les délais impartis, soit trois ans plus tard (durée théorique du programme). Cependant, bon nombre d’étudiants obtiennent également leur diplômes, mais après un ou plusieurs redoublements. Ainsi, en rajoutant trois années supplémentaires à la durée théorique (soit six années après l’entrée dans le cursus Bac +3), le taux de réussite en Licence passe en France de 43 à 70 %. Ces pourcentages sont similaires à la moyenne OCDE, ce qui dénote un manque d’efficacité dans nombre de pays de l’OCDE. À noter, seuls le Danemark, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Royaume-Uni ont des taux supérieurs à 8o%.

Les taux de réussite des étudiants entrant dans les filières menant au BAC + 2 (STS/IUT) sont bien meilleurs en France par rapport au BAC+3, mais également par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. Ainsi, 63% des étudiants obtiennent leur diplôme dans les délais impartis (contre seulement 47% en moyenne OCDE). Le taux grimpe même à 78% quand on prend en compte ceux qui redoublent avant d’obtenir le sésame (moyenne OCDE 65%). Il est indéniable que les IUT/STS sont plus efficaces sur ce point que les universités, il ne serait pas surprenant que la sélection à l’entrée joue un rôle primordial dans ce phénomène.

  • Salaires sur le marché du travail: avantage au BAC +3 mais l’avantage salarial demeure faible par rapport aux autres pays de l’OCDE

En France, les diplômés de l’enseignement supérieur peuvent espérer gagner, en moyenne, 41 % de plus (contre 55 % en moyenne OCDE) par rapport à ceux qui quittent le système éducatif avec un Baccalauréat (ou équivalent).

L’avantage salarial lié à l’obtention d’une Licence est moindre par rapport à grand nombre des pays de l’OCDE. Ainsi, en France, les titulaires d’une Licence ont des revenus salariaux supérieurs de 24% à ceux des diplômés du secondaire, contre 48 % en moyenne parmi les pays de l’OCDE. L’avantage est également assez faible par rapport au BAC+2. Les titulaires d’un DUT (ou BTS) gagnent ainsi en France environ 18 % de plus que les diplômés du secondaire, soit seulement 6 points de pourcentage de moins que les Bac +3.

Au final, ce sont les titulaires d’un Master, d’un doctorat ou d’un diplôme équivalent qui ont un réel avantage salarial sur le marché du travail par rapport aux autres diplômés. Ils gagnent en France (et en moyenne OCDE) à peu près le double par rapport à ceux qui n’ont obtenu qu’un Baccalauréat.

  • Employabilité: égalité

Dans l’ensemble, le taux d’emploi augmente avec l’élévation du niveau de formation. Ainsi, par exemple, dans la plupart des pays de l’OCDE, de meilleurs débouchés sur le marché du travail s’offrent aux titulaires d’un diplôme de niveau Master par rapport aux titulaires d’un diplôme de niveau Licence (ou BAC +2).

En France, le taux d’emploi des adultes diplômés BAC+2 est de 83 % (contre 80 % en moyenne OCDE) et de 82 % pour une licence (contre également 82 % en moyenne OCDE). Certes, ces taux sont élevés, mais bien souvent les débouchés d’une Licence ne sont pas à la hauteur en France et les jeunes occupent des emplois sous-qualifiés quand ils débutent sur le marché du travail.

Verdict: Il est toujours mieux de sortir avec un diplôme du supérieur que de s’arrêter avant, et ceci quel que soit le niveau du diplôme obtenu (Bac +2 ou Bac+3). Cependant, ces 4 statistiques mettent en évidence que les titulaires d’un BAC+2 sont globalement mieux lotis que ceux sortant avec un BAC+3. À ce titre, la création des IUT en 1966 peut être considérée comme une grande réussite car elle a permis de combler en partie la pénurie sur le marché du travail de techniciens de haut niveau.

A contrario, il convient de valoriser davantage les Licences car elles n’offrent pas aux titulaires les mêmes avantages (notamment en termes de salaire) que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. Augmenter leur attractivité, offrir des débouchés professionnels à la hauteur de l’investissement des étudiants sont deux chantiers importants pour lesquels il conviendrait de prendre des mesures. Réfléchir aux contenus pédagogiques souvent trop théoriques de certaines Licences semble être une piste, développer encore davantage les Licences professionnelles en est une autre. Ces mesures permettraient de valoriser les Licences pour les employeurs et d’offrir ainsi davantage de chances aux bacheliers professionnels d’entrer dans les IUT.


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