Magazine Médias

Des atteintes à la laïcité localisées, marginales mais persistantes

Publié le 16 mai 2014 par Francoisjost

En préambule de son premier rapport annuel publié jeudi 15 mai, l’Observatoire de la laïcité souligne « une montée de revendications communautaristes et un détournement de la laïcité à des fins stigmatisantes » depuis une dizaine d’années. Néanmoins, souligne son président Jean-Louis Bianco, « la laïcité n’est pas en cause dans ses principes ». « En revanche, son effectivité est à assurer. »

L’un des champs explorés par l’Observatoire concerne l’école, où le respect de la laïcité suscite des questions récurrentes. Ainsi, si la loi de mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans les établissements scolaires est globalement respectée, des points de tensions persistent et demandent une « vigilance constante ».  Dans une académie, trois établissements ont signalé des exclusions temporaires de jeunes filles musulmanes voilées depuis la rentrée 2013. Dans une autre, 25 exclusions temporaires ont été prononcées. Ailleurs, la situation autour du port du voile islamique est « fragile » dans 10 établissements – sur un total de 335 pour l’académie.

Clarifier la loi de 2004 ?

Plus déconcertant pour les responsables de l’éducation nationale, un phénomène plus récent est relevé dans le rapport qui relève « le port de la djellaba (le vendredi) et de la barbe pour les garçons , de jupes longues ou d’abayas de couleur sombre, de bandeaux cachant les cheveux et de gants pour les filles ». Lorsque les académies signalent ces faits, certaines précisent qu’il n’est « pas aisé de faire la part entre la revendication identitaire, la revendication religieuse, voire l’expression d’un mal-être adolescent ». Les académies lient ce phénomène à « une montée des tensions et y voient la mise en péril de la scolarisation des jeunes filles », alors même que « la question de la scolarisation des garçons n’est jamais posée ».

Le rapport évoque aussi l’intervention d’associations venant apporter un appui aux jeunes élèves voilées.  Ainsi, une académie fait état de l’intervention à deux reprises du « collectif contre l’islamophobie », « interventions qualifiées d’agressives ». Dans ce contexte, certains personnels manifestent une forte attente de clarification des modalités d’application de la loi de 2004 et aimeraient « savoir si tel ou tel vêtement peut être considéré comme entrant dans le champ des restrictions introduites par la loi de 2004 »…

Présentées comme « marginales ou très localisées », des contestations de certains enseignements persistent et, selon les remontées obtenues par l’Observatoire, concernent « le refus de visiter des édifices religieux, de suivre un cours sur l’islam ou un cours de français utilisant comme support la Bible, de participer à une sortie à l’Institut du Monde Arabe, de chanter ou de souffler dans un instrument à vent, d’assister aux cours de natation ou d’éducation à la sexualité ».

Des tensions existent aussi lors des cours sur l’histoire de l’évolution, le génocide arménien ou la Shoah. Plusieurs académies font aussi état d’un absentéisme non justifié le vendredi après-midi (jour de prière musulmane) ou le samedi matin (shabbat pour les pratiquants juifs), et du refus de composer le samedi. Une autre académie rapporte que la lutte pour que les jeunes filles participent à toutes les activités est « quotidienne ».

Multirécidivistes et provocatrices

Concernant le respect de la loi de 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, le rapport relève que depuis son entrée en vigueur, 1 111 contrôles ont été effectués, 1038 verbalisations ont été établies et 61 contrevenantes ont fait l’objet d’un avertissement. Plusieurs des femmes mises en cause sont multirécidivistes et adoptent un comportement « provocateur ». Cinq ont été contrôlées et verbalisées au moins 14 fois depuis l’entrée en application de la loi, dont une à 33 reprises.

Enfin, le rapport indique qu’« au-delà de faits divers spectaculaires et souvent médiatisés, les différentes sources d’information à disposition ne permettent pas de faire le constat de tensions croissantes à l’hôpital public ou dans le monde de la santé en général ».

Stéphanie Le Bars


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francoisjost 3 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines