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La religion en entreprise de plus en plus « complexe » à gérer

Publié le 15 mai 2014 par Francoisjost

Le fait religieux en entreprise est désormais un phénomène largement répandu : 70% des entreprises interrogées par l’Observatoire du fait religieux pour l’institut Randstad sur l’égalité des chances affirment avoir été concernées par une situation marquée par la religion ; 12% le sont régulièrement.

Dans ce contexte, qui suscite un développement des outils, guides et formations pour mieux aborder les demandes liées aux pratiques religieuses, et notamment à l’islam, les entreprises parviennent dans la plupart des cas à gérer les situations, en particulier les absences pour fêtes religieuses et l’aménagement du temps de travail : dans 74% des cas, les managers n’ont même pas besoin d’intervenir. 22% des personnes interrogées constatent néanmoins une augmentation des situations dans lesquelles ils doivent s’impliquer. Seuls 3% des cas aboutissent à une situation de blocage.

Mais pour 60,5% des personnes impliquées, la complexité des situations s’est accrue au cours des derniers mois. Et d’une manière générale, trois quarts des managers estiment que la gestion d’une situation liée à un fait religieux est plus délicate que tout autre problème de management. Les cas les plus fréquents sont les demandes d’absence pour raisons religieuses, l’aménagement du temps de travail, les prières pendant le temps de travail, le port de signes religieux (10% des situations), le refus de travailler avec une femme, (8%), la demande de ne travailler qu’avec des coreligionnaires, la prière pendant les pauses. Les prières collectives et les demandes de menus spécifiques relèvent de demandes marginales.

Dimension politique des blocages

Les cas qui ne trouvent pas d’issue à l’amiable se caractérisent par une impossibilité de dialoguer, la menace pour le supérieur hiérarchique du salarié d’être accusé de discrimination, la remise en cause de la légitimité de l’entreprise ou du manager, les demandes collectives, émanant principalement de salariés musulmans. « Les 3% blocants ont une dimension politique, assure Lionel Honoré, directeur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise. Les managers sont face à des postures radicales, organisées ou pas, qui font écho aux blocages que rencontre la société. A contrario, la présence d’un fait religieux dépolitisé apparait compatible avec la laïcité à 97%« . Paradoxalement, ajoute le chercheur, « les entreprises sont plus fermes face aux situations qui ont le moins d’impact sur le travail, comme « le port du voile » que face aux comportements les plus transgressifs et les plus radicaux, comme ceux liés au refus de mixité, alors même qu’elles disposent d’outils juridiques clairs ».

Globalement, les auteurs de l’étude notent une certaine « tolérance » dans l’entreprise face au fait religieux, dès lors qu’il s’agit d’une pratique individuelle. En revanche, les salariés refusent l’expression collective d’une religion ou les attitudes qui impactent le travail. Ainsi, 60% des personnes interrogées estiment acceptable qu’une personne prie pendant sa pause (77% pour les pratiquants) et 82% trouvent aussi légitime une demande d’autorisation d’absence pour des raisons religieuses. En revanche, 79% s’opposent à la création de lieux de culte dans l’entreprise, 69% à l’instauration de menus spécifiques et 61% à la prise en compte des calendriers religieux dans les plannings de vacances. Et 89% estiment inacceptable de refuser des tâches pour des motifs religieux, de même que 94,5% pensent qu’il n’est pas admissible de prier pendant le temps de travail.


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