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Face aux divisions, Mgr Pontier met en garde les croyants contre toute instrumentalisation

Publié le 08 avril 2014 par Francoisjost

Le président de la conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier a-t-il voulu remettre de l’ordre dans ses rangs? Bousculés par les désaccords sur le mariage pour tous et l’importance donnée aux études de genre dans les débats de ces derniers mois, divisés sur les modes de contestation qui ont accompagné ces sujets clivants, déchirés entre positions intransigeantes et christianisme d’ouverture, les catholiques français et leur hiérarchie, également divisée, sont apparus impuissants à débattre sereinement de ces questions au sein des paroisses et de l’institution.

Ne pas se laisser « raidir »

Dans son discours d’ouverture tenu lors de l’assemblée plénière des évêques à Lourdes, mardi 8 avril, l’archevêque de Marseille a fait allusion à ce contexte et mis en garde les évêques contre le risque « d’instrumentaliser » ou « d’être instrumentalisés » alors qu’ils sont régulièrement « requis pour donner caution à des initiatives de tous ordres ». Tout au long de l’année dernière, certains évêques, frontalement opposés au mariage pour tous ont appelé à manifester tandis que d’autres se faisaient plus discrets, dénonçant même à demi-mots les manifestations de rue.

Mgr Pontier a également invité les fidèles à ne pas laisser les « questionnements profonds » qui traversent la société, -notamment ceux  liés « au respect de la vie, à celui des enfants, à la conception du mariage, à la fin de vie »- « les déstabiliser, les fragiliser, les raidir ». Récemment, sur pression de groupes intransigeants proches de l’extrême-droite, relayés par des responsables catholiques classiquement conservateurs, la conférence des évêques de France a annulé la venue d’une philosophe proche des études de genre lors d’une session de formation.

Alors que ces débats agitent la cathosphère, dominée par des blogs militants et conservateurs, et que certains catholiques dénoncent l’absence de dialogue avec les pouvoirs publics, Mgr Pontier a aussi évoqué « les moyens de communications modernes, le développement des réseaux sociaux », parfois marqués « par la violence, l’irresponsabilité et la fermeture à tout dialogue ». L’archevêque s’est aussi inquiété de voir  « le rapport de force » primer sur « tout effort de réflexion, de confrontation, de conversion dans une époque où le législatif n’est plus inspiré par les valeurs qui ont fait notre société ». A ses yeux, la réponse passe par « la réflexion de l’Eglise, la communion épiscopale, l’écoute spirituelle, le discernement pastoral »

Contre les comportements eugéniques

Dans une allusion au fort taux d’abstention lors des élections municipales, dû selon l’archevêque à « la lassitude, le désarroi, la peur de l’avenir », il a évoqué « ceux qui sont en attente de biens essentiels : logement, travail, éducation, santé, statut légal bien plus que de changements sociétaux qu’on a voulu imposer au risque de diviser encore la société. » « Les évolutions sociétales déstabilisent et divisent », a-t-il assuré, quelques heures avant que le nouveau premier ministre ne promette d’apaiser les esprits sur ces sujets, lors de son discours de politique générale. « Notre société souffre », a encore jugé Mgr Pontier, encourageant « les nouveaux élus à mettre au centre de leurs préoccupations les personnes les plus fragiles et vulnérables ». A ses yeux, les questions profondes touchent aussi « les questions de justice, de partage des biens, de respect des salariés, d’accueil de l’étranger… ».

Mgr Pontier a profité de cette tribune pour s’inscrire dans les pas du pape François et rappeler que « l’avenir ne peut être dans la promotion des comportements eugéniques ni dans la perpétuation d’un ordre économique qui exclut trop de membres de nos sociétés. Eliminer l’autre ne sera jamais une solution humaine« , a -t-il insisté, dans une référence à la « culture du déchet » régulièrement dénoncée par le pape.

Mgr Pontier a enfin invité les élus « au choix d’une vie exemplaire qui redonne confiance en la classe politique fragilisée par la complexité des défis à relever et par des comportements individuels décevants et irresponsables« . A l’approche des élections européennes, il a « encouragé encore une fois nos concitoyens à montrer par leur vote leur confiance en cette Europe de la paix et de la solidarité« .

Stéphanie Le Bars


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