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Patagonia lance sa combinaison de surf sans néoprène en Europe

Publié le 01 août 2016 par Jfa
Léa Brassy, ambassadrice de la marque californienne Patagonia, a testé les modèles Yulex ® 2016. Pour elle qui aime surfer en eaux (très) froide, aucun compromis possible, une combinaison doit être l'accord parfait de la chaleur, la flexibité et la longévité. © Vincent Colliard

Léa Brassy, ici dans les îles Lofoten, a testé les modèles 100 % sans néoprène Yulex® 2016. Pour l’ambassadrice surf de la marque californienne Patagonia, qui aime surfer en eaux (très) froides, aucun compromis possible, une combinaison doit être l’accord parfait de la chaleur, la flexibilité et la longévité. © Vincent Colliard

Il aura fallu attendre soixante ans, depuis l’invention de la combinaison de surf par Jack O’Neill, avant de trouver une alternative au néoprène qui la compose. Cette matière à 100 % non recyclable et non biodégradable, ce quelle que soit son origine (pétrole ou calcaire), était considérée jusqu’à présent comme la seule façon pour le surfeur de passer plus de quelques minutes dans des eaux froides. Depuis une dizaine d’années, l’entreprise californienne Patagonia oriente ses recherches de façon à remplacer la partie de la seconde peau du surfeur la moins respectueuse de l’environnement, tant sur le plan de la recyclabilité qu’en termes d’émissions de CO2. Fruit de ces recherches, la collection Yulex® 2016 est disponible en Europe depuis le 1er août (1er septembre pour la vente en ligne). Pour les modèles printemps-été, il faudra attendre 2017.


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> Le surf, un sport presque écolo
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YULEX ET PATAGONIA, UN DUO DEPUIS 2008

Pour ses combinaisons de surf, Patagonia travaille main dans la main avec Yulex, une entreprise américaine d’extraction et de transformation du latex. Leur collaboration débute en 2008. « Nous avions publié le résultat de nos études concernant les deux procédés de fabrication du néoprène, à base de pétrole ou de calcaire, témoigne Hub Hubbard, responsable depuis quatre ans de la gamme de produits surf de la marque. La stratégie marketing de certaines marques consistait à promouvoir le néoprène à base de calcaire comme étant plus écologique, mais nos études ont démontré que les deux procédés de fabrication étaient peu satisfaisants en termes de respect de l’environnement. »

 Léa Brassy, Hub Hubbard et Gabriel Davies © TW

De gauche à droite, Léa Brassy, ambassadrice de Patagonia, Hub Hubbard, responsable de la gamme de produits surf, et Gabriel Davies, responsable surf Europe de la marque. © TW

Et c’est à la suite de la publication de ces résultats que Yulex se manifeste. « Ils ont présenté à plusieurs acteurs de l’industrie du surf, dont Patagonia, leur solution sous forme d’un échantillon de mousse à base de caoutchouc dont les propriétés se rapprochaient de celles du néoprène, poursuit Hub Hubbard. Nous avons été les seuls à en voir le potentiel. » Car utiliser le caoutchouc naturel plutôt que le néoprène permet de réduire jusqu’à 70 % l’impact carbone. Le premier prototype naît en 2012. En 2013, la marque californienne commercialise ses premiers modèles Yulex®, où 60 % du néoprène est remplacé par du caoutchouc naturel fabriqué à base de sève de Guayule, cactus originaire du Mexique. Pour sa collection Yulex® 2016, Patagonia fait un peu mieux et éradique 100 % du néoprène, le remplaçant par du caoutchouc naturel à proportion de 85 %, et synthétique à hauteur de 15% pour ses propriétés anti-UV. Le traitement du caoutchouc made in Yulex est annoncé comme débarrassant celui-ci de 99 % de ses impuretés, le rendant hypoallergénique.

L’HÉVÉA PLUTÔT QUE LE GUAYULE

Autre évolution majeure, la provenance de sa matière première. Pour pouvoir répondre à la demande croissante en caoutchouc, il aura fallu se tourner vers l’hévéa. Le choix s’est porté sur les forêts humides du Guatemala, d’autant que leur certification FSC®, c’est-à-dire écologiquement et socialement responsables, présente un intérêt particulier pour Patagonia. « Beaucoup de forêts sont rasées pour être exploitées, déplore Hub Hubbard. Ici, au contraire, c’est la récolte sur place qui est privilégiée. » Et le travail n’est pas censé être fait par n’importe qui ni dans n’importe quelles conditions. « Cet arbre est très fragile », poursuit le responsable du département surf. Et d’affirmer : « Les travailleurs sont formés pendant un an avant d’être autonomes. Ils ont accès à l’éducation et leurs droits sont respectés. »

L’acheminement des produits est également surveillé de près. « Le mode de transport privilégié est le bateau, même si nous ne pouvons pas totalement nous affranchir du fret aérien », concède Hub Hubbard.

certification Patagonia

© Patagonia

Cette chaîne de fabrication a forcément un prix et les combinaisons Patagonia sont plus chères de 10 à 20 % que la moyenne du marché. Consciente de cet aspect, l’entreprise partage le fruit de ses recherches, y compris les données techniques telles que les produits utilisés, les quantités, les procédés de fabrication. Son credo : jouer la transparence pour encourager les autres marques à abandonner le néoprène au profit du caoutchouc naturel. Car, outre l’aspect écologique, si la quantité fabriquée augmente, alors le prix du produit fini baissera.

Patagonia collection Yulex 2016

La collection Yulex® 2016 se décline en 20 modèles en Europe. © Patagonia

UN CHOIX DE 20 MODÈLES

Côté pratique, si dans la collection Yulex® 2015 il n’existait que deux modèles masculins, celle de 2016 se décline, en Europe, en 20 combinaisons intégrales : 13 pour les hommes, de R1 Lite (2 mm d’épaisseur) à R5 cagoule intégrée (6,5/5,5 mm) ; 6 pour les femmes, merci pour elles, de R1 (3/2,5 mm) à R4 (5,5/4,5 mm) avec cagoule ; et une pour enfant (R2). Le tout avec, au choix, zip avant ou arrière. En termes de performances techniques (flexibilité, durée de vie, chaleur), l’ambassadrice de la marque, Léa Brassy, est formelle : « A épaisseur égale, cette nouvelle combinaison est la plus chaude de toutes celles que ce que j’ai pu tester. » Une propriété que celle qui affectionne tout particulièrement le surf en eaux froides (autour de 2 °C) ne peut se permettre de négliger. Au même titre que le critère de flexibilité et de confort. Car quand on évolue dans un modèle R5, pas question d’avoir la sensation d’être engoncé dans un scaphandre doublé d’une cote de maille. Et pour ce qui est de la solidité du produit, Léa soutient qu’elle est au rendez-vous. A ce prix (500 euros annoncés pour un modèle masculin avec cagoule intégrée R3 Yulex®), mieux vaut ne pas avoir à remplacer sa seconde peau tous les trois mois. Cependant seul l’avenir dira si les propriétés annoncées sont bien au rendez-vous.

Les combinaisons sont déclinées en plusieurs modèles. Le choix de l'épaisseur dépend de la température de l'eau surfée.

Le choix de l’épaisseur dépend de la température de l’eau surfée. Plus l’eau est froide, plus l’épaisseur de la combinaison sera importante… © Patagonia

Personne, et surtout pas Patagonia, ne vous dira que la combinaison de surf de la marque et toute la chaîne de fabrication sont à 100 % écologiques. Hub Hubbard lui-même le concède volontiers. Iil reste encore des progrès à faire, des recherches à mener pour remplacer les composants tels que la colle, le zip, renforcé par rapport aux modèles précédents, ou encore le polyester utilisé comme protection UV ou pour la doublure thermique. La perfection n’existant pas en ce monde, on ne peut que saluer la volonté d’y tendre, ce que Patagonia n’est quand même pas la seule marque à faire, ce qui méritait d’être souligné. A suivre.


Léa Brassy et sa passion pour le surf en eaux froides
Catch It from LET MEDIA on Vimeo.


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