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Dans l’imaginaire du jeune enfant la peur des terroristes a remplacé la peur des voleurs.

Par Dallenogare

Les peurs et les phobies sont particulièrement fréquentes et nombreuses chez l’enfant entre 3/4 ans et 6/7 ans. C’est à dire au cours de cette période de son développement, la période œdipienne, où il est aux prises avec des sentiments complexes et ambivalents vis à vis de ses parents, qui l’angoissent : Le petit garçon fait tout pour susciter la tendresse de sa mère, mais craint la compétition que cela entraîne vis à vis de son père. La petite fille, quant à elle fait ce qu’elle peut pour charmer son père et redoute le sentiments de rivalité et l’agressivité qu’elle peut éprouver à l’égard de sa mère. Cette angoisse, dite angoisse de castration, est à l’origine d’une foule de sentiments plein de contradiction, de culpabilité et de peur de la sanction. L’enfant va donc tout mettre en œuvre pour les tenir à distance et les enfouir  au plus profond de son inconscient. C’est souvent un moment où l’enfant est pénible, exigent, insatisfait, coléreux.

La phobie va occuper une place privilégiée chez lui à ce moment là car elle va lui permettre de déplacer cette angoisse obscure, vers un objet ou une situation précise. Elle a donc une fonction structurante. On trouve dans le quotidien des consultations psychologiques pour enfants, de multiples exemples de ces peurs. Ainsi la peur du noir est-elle des plus banales chez l’enfant entre 3 et 5 ans.

C’est un peu plus tard vers 5 ans qu’apparaissent dans la vie fantasmatique des enfants des personnages un peu monstrueux, voleurs, sorcières, fantômes, loups, qui vont empêcher un coucher tranquille et rapide….Depuis les attentats de 2015, les terroristes, chez un grand nombre d’enfants, ont remplacés ces visiteurs inquiétants et leur probable rencontre les inquiète au plus au point.  Les enfants ont vu des images, entendu des propos, senti l’inquiétude générale et les ont absorbés comme des éponges. Leur imaginaire, tout puissant à ce moment là, leur permet de penser que, tout comme l’ogre et le voleur, les terroristes vont venir les attaquer chez eux.  D’où une difficulté à se coucher ou à s’endormir sans la présence des parents qui se préparent de rudes soirées. En réalité, il faut entendre que ce qui se joue à ce moment là, c’est une difficulté à se séparer des adultes, dans un désir de prendre toute la place, d’occuper le terrain le plus longtemps possible.

L’attitude des parents au début de ces manifestations, « ordinaires » quand il s’agit d’un enfant de cet âge, est déterminante pour la suite. Il est clair que la plus grande cohérence est nécessaire pour que les choses rentrent rapidement dans l’ordre et qu’une attitude compréhensive, affectueuse mais ferme, est indispensable. Un gros câlin, quelques petits rituels rassurants et on se dit au revoir jusqu’au lendemain. Mais l’évocation des terroristes, et les petits l’ont vite compris, fait raisonner l’angoisse des parents et leur inquiétude que leurs enfants soient durablement marqués par les événements. Leur attitude du coup est moins claire. Ils redoutent de passer à côté d’un vrai traumatisme…Cette incertitude les rend moins rassurants et fait que les choses s’éternisent.  Inquiets, mais aussi fatigués de ces soirées de crises, ils consultent. Dans la grande majorité des cas nous pouvons leur expliquer ce qui est en train de se jouer. Et heureusement tout rentre rapidement  dans l’ordre.

Beatrice Copper Royer.


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