OCS Signature signe depuis ses débuts des séries différentes et originales. Pourtant fauchées, ces comédies dramatiques sont assez souvent de bonnes surprises. On a eu Q.I. (pour sa première saison), Lazy Company, France Kbek, Templeton et j’en passe. Désormais, nous avons Les Grands qui s’intéresse à la vie de plusieurs collégiens en banlieue entre amours, cours, amitiés, et tout le tralala. Afin de séduire les « millenials », cette fameuse génération devenue la priorité des annonceurs, OCS signe ici une petite comédie créée par Benjamin Parent (Ce n’est pas un film de cow-boys) et Joris Morio (Ce n’est pas un film de cow-boys). Les profs, les pions, les élèves, tout le monde est un peu fou dans sa tête mais c’est aussi ce qui fonctionne un peu dans cette vague de tendresse dans un monde de brutes. Si Les Grands parle de problèmes d’adolescents, elle le fait en parlant à la fois à la génération visée mais également aux plus grands. Récompensée de trois prix au Festival de La Rochelle (meilleure série 26", jeune espoir féminin Adèle Wismes et prix des collégiens de Charente-Maritime), la série ne brille pas nécessairement mais elle s’inspire parfaitement de ces comédies adolescentes britanniques que l’on aime tant et que la France ne produisait malheureusement pas jusqu’à présent.
Rentrée des classes pour les élèves d’un petit collège de banlieue. Pour Boogie, Hugo, Ilyes et Avril, c’est l’année des choix. Ils sont en 3ème, donc officiellement les grands du collège. Séduire ? Être les boss ? Seul Boogie semble en être convaincu. En classe, le nouveau principal justifie la présence du distributeur de préservatifs. Grâce aux statistiques, on sait qu’un quart des élèves feront l’amour pour la première fois cette année. Les chiffres ne mentent pas, sans prédire toutefois à qui cela va arriver. Et c’est l’angoisse pour nos ados qui se mettent la pression, tous seuls, comme des grands...
Car la seule référence adolescente française qu’il y avait ces dernières années c’était Clem (TF1) et franchement, d’une ce n’est plus une série adolescente, et ce n’est pas franchement la meilleure référence non plus. La série parvient en dix épisodes à dresser un portrait fidèle de l’adolescence. Je me suis reconnu en un personnage par exemple alors que moi aussi j’étais perdu dans ces rêveries et ces questions sur la vie (et le futur). Par chance, la série sait être drôle et tendre, mélangeant les sentiments à une vraie histoire portée sur un fond intelligent. Le scénario est réaliste et les dialogues travaillés afin que l’on ait l’impression de suivre l’histoire de ces personnages intelligemment. On sent l’influence des britanniques et notamment de Skins (le langage cru sur le sexe, la drogue, etc.) sans pour autant tomber dans la même trash-itude que son modèle. Ce qui est aussi bien avec Les Grands c’est sa capacité à ne pas avoir de personnage principal. On choisit celui que l’on préfère par les ressemblances que l’on peut trouver entre notre adolescence et celle de l’un de ces personnages. Visuellement soignée, la série gagne rapidement des points pour nous plonger dans ses aventures.
Les Grands est alors capable de parler de l’éveil sexuel des adolescents, de la difficulté d’être homosexuel, d’être différent et d’avoir du mal à s’intégrer, c’est aussi une série qui parle des songes adolescents et de la frivolité qui va avec (notamment dans les éléments romancés de la série). Les épisodes, très courts, ne connaissent alors pas de revers de rythme. Bien entendu, Les Grands a aussi ses défauts. Certains personnages n’arrivent pas à être aussi attachants que l’on ne pouvait l’espérer. C’est dommage car cela casse alors certaines scènes. Notamment la réunion parent-profs (1.07) qui n’arrive pas à introduire les parents de ces personnages de façon aussi intelligente que l’on pouvait l’espérer. Les parents n’arrivent jamais à nous surprendre et notre galerie de personnages perd alors un peu de sa superbe. On retrouve aussi un peu de ce que l’on avait pu apprécier au début des années 2000 dans Freaks & Geeks mais à la sauce moderne et française. Les Grands sait emprunter aux autres mais sait aussi ressembler à ce que l’on a déjà pu voir ailleurs dans le monde des séries. Son côté parfois un peu suranné (les costumes, les coiffures) inspire alors le spectateur dans sa façon de se reconnaître en certains personnages.
Alors que cette période est pour moi derrière moi, je dois avouer que ces aventures aussi futiles que légères donneraient presque envie de les revivre. Les Grands est innocente et peut-être trop gentille. Du coup, la série ne parle peut-être pas toujours très bien de sujets plus graves (harcèlement, etc.) alors qu’il aurait justement été judicieux de le faire. Peut-être qu’une saison 2 (déjà commandée et dont le tournage devrait rapidement débuter) permettrait à Les Grands de démontrer d’autres qualités et de raconter d’autres histoires mais on va rester pour le moment sur le souvenir attachant de cette petite série au casting pas toujours équilibré (certains sont meilleurs que d’autres) mais attachant.
Note : 6.5/10. En bref, une petite comédie adolescente française fraîche et inspirée, bien que trop gentillette à mon goût.