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L'Histoire sans Fin ?

Publié le 23 juin 2008 par Collectifnrv

Sommes nous décidés, sommes nous contraints, sommes nous condamnés à rester dans le commentaire ?
Doit-on ici continuer de (seulement) réagir ?
C'est le genre de question qu'on peut se poser dans le prolongement du "que faire" qui revient dans ce qui reste du débat politique, et qui revient non pas comme un interrogation sincère, mais désormais comme une injonction, une justification et bientôt un prétexte.
Cette attitude supposée justifier le "n'importe quoi du moment qu'on fait quelque chose" des "rénovateurs", aussi bien que la nébuleuse des postures du renoncement des caciques de la gauche de droite ( c'est à dire toute la gauche "de gouvernement" ) recyclées en "réflexions", "contributions" et autres "idées neuves", ce prurit qui semble agiter l'ensemble des apparatchiks de la "nouvelle génération" (celle des "modernes") . Ce phénomène est en fait l'indice majeur et explicite de leur totale impotence à agir.
Car c'est bien de s'agiter , et non d'agir qu'il s'agit(ent) ici.
De quoi, donc, s'agitent ils ?
Du rôle de chacun(e) dans le grand jeu ( de rôles) qu'est devenu le débat politique , tel qu'il s'annihile désormais, de manière de plus en plus hégémonique sur l'ensemble des moyens de communication et d'informe-ation .
Cet exercice mondain, populaire et largement diffusé de néantification du sens et des idées qui jadis pouvaient passer pour porter le projet d'émancipation et de justice sociale, est il un moment , "une mauvaise passe", un effet secondaire de l'épiphanie bouffonne ?
Ou bien sommes nous entrés dans l'ultime processus historique, au sens hégélien du "devenir de l'esprit social et politique", celui de la "la fin de l'histoire", pour de bon .
C'est une fin "à épisode" il est vrai puisque Hégel en eut l'intuition décisive en voyant défiler les armées de Napoléon devant sa fenêtre , que Kojève la réactualisa dans les années 30 ( en pleine confrontation du fascisme et du stalinisme ) et qu'enfin Fukuyama finit d'épuiser ( à proprement parler) ce thème récurrent au moment de la fin de la guerre froide, de l'effondrement du stalinisme gérontocratique post-brejnevien et , selon lui du socialisme mondial.

Traitant précisément ce point, dans sa très notoire et imposante communication  présentée en séance publique devant l’Académie des sciences morales et politiquesle 12 décembre 2005, Bernard Bourgeois ( un de nos grands hégélianistes) membre de l’Académie des sciences morales et politiques, observe que l’affirmation de la fin de l’histoire est double :
 elle pose d’abord que l’histoire est, par essence, finie,
 ensuite que sa fin existe maintenant.
 Ensuite, il examine à quelles conditions, internes à la pensée, ont un sens :
 le jugement d’essence : "l’histoire a une fin"
 le jugement d’existence : "la fin de l’histoire, c’est aujourd’hui".

Pour ceux et celles que cela intéresse cette communication est intégralement disponible ici.
Pour ma part je ne me hasarderai pas à contester la construction rhétorique de Bourgeois ni la consistance de sa réfutation des deux plus notoires prophètes de la "fin de l'histoire" après Hegel, mais je pense assez peu risqué d'avancer que cette histoire dont il(s) s'agit(ent) en la circonstance , celle des "temps historiques" succédant à la pré-histoire, et qui donc devrait être suivie ( dès maintenant ) de temps ... "post-historiques", peut en effet assez bien s'incarner dans le la pantomime que nous donne aujourd'hui les politiciens à l'occasion de leur commune cérémonie de révérence au marché et au libéralisme.

Bourgeois rappelle que :

"Cette précarité objective ( de sa thèse) , Fukuyama l’avouait, tout comme la précarité subjective d’une telle fin de l’histoire durant dans l’ennui et l’insatisfaction, qu’il ressentait lui-même au point d’annuler tout son ouvrage dans les ultimes lignes de celui-ci, en se demandant si l’humanité déçue n’allait pas repartir pour un nouveau voyage historique."

Il est vrai que cette "post-histoire", post-moderne, mondialisée, sans échappatoire ni alternative, ou l'esprit, enfin, est bien face à lui-même et se reconnait comme tel ( dans le monde "naturel et naturé" du capitalisme/libéralisme triomphant et généralisé ), risque d'être assez "décevante" et quelque peu "ennuyeuse".

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La tournure prise depuis un certain temps par le débat politique nous en donne un aperçu déjà assez peu engageant, mais si , en plus, la seule chose que nous puissions encore faire ce serait de "commenter" (fut-ce pour la dénoncer dans toute l'étendue de son ennui , de son ridicule, de sa vanité et de son implacable injustice) cette post-histoire, sans histoire ... alors là , non, ou plutôt ... merde .

C'est donc la deuxième "Badiouserie" (promise),
suite au prochain numéro ...

Urbain


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