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Publié le 16 décembre 2016 par H16

En février 2011, alors que la France, fraîche et innocente, croyait encore impossible de faire pire que Sarkozy et que le monde, groggy, se remettait à peine d’une crise carabinée, je découvrais une nouvelle application Google qui permettait de réaliser de la traduction à la volée, non plus textuellement mais oralement.

L’idée générale, maintenant relativement banalisée, était la suivante : un utilisateur enregistre les paroles d’une tierce personne, et les fait traduire par Google qui se charge ensuite de les faire prononcer dans le langage cible par le téléphone. En somme, Google avait ajouté une solide reconnaissance vocale (« speech-to-text ») à son outil de « Traduction Google », et terminait la manœuvre par une opération exactement inverse dans la lange cible, de synthèse vocale (« text-to-speech »).

L’intérêt de la manœuvre se situait dans l’automatisation de ces différentes étapes et dans l’utilisation du téléphone portable comme simple médium de prétraitement, avec, en tâche de fond, l’ensemble de la puissance du nuage informatique fournit par l’infrastructure Google. Petit-à-petit, avec cette amélioration, on arrivait à voir ce que la traduction à la volée, dans le cours d’un dialogue, pouvait produire comme richesse supplémentaire. En effet, en abaissant ainsi et même partiellement la barrière de la langue, ce genre d’applications informatiques permet d’améliorer notoirement les relations humaines ; n’importe qui peut alors acheter ou vendre dans un pays qui lui est étranger.

Oh, bien sûr, l’application d’alors ne permettait évidemment pas d’entrer dans les subtilités de chacune des deux langues concernées, mais pour les opérations de bases, celles qui permettent à des humains moyens de commercer, c’était amplement suffisant.

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Quelques années ont passé, la technologie a évolué et d’autres idées ont éclos.

Pour les idées, voici que sont récemment apparues d’intéressantes petites oreillettes qui permettent de faire ce que le téléphone faisait précédemment ou, plus exactement, qui permettent d’affranchir la personne de toute manipulation avec son téléphone.

Encore une fois, il ne s’agit pas ici d’une révolution, mais bien d’un saut, petit mais sensible, dans l’amélioration technique d’un ensemble de fonctionnalités qui, auparavant, nécessitaient à la fois une solide puissance de calcul, généralement pas disponible de façon portable (on parle de centaines, voire de milliers de serveurs pour obtenir les résultats actuels), et une bonne capacité de d’analyse et de reproduction vocale. Dans ce cadre, la société Waverly, qui entend commercialiser ces oreillettes dans le courant de l’année 2017, propose sa propre version de traduction à la volée, dans cinq langages à son lancement.

On ne connaît pas encore la qualité de la traduction que ce procédé offrira, mais on peut cependant parier qu’il sera décent, tant les progrès en la matière sont sensibles. Du reste, il doit être possible de basculer sur les outils d’autres ténors du domaine.

Et dans ceux-là, difficile de passer à côté de Google qui, en parallèle de ces évolutions technologiques, nous propose une véritable révolution. Le mot de révolution n’est ici pas galvaudé puisqu’on apprend, dans un récent papier publié le 14 novembre dernier dans la revue arXiv de la Cornell Université que les chercheurs de Google, spécialisés en intelligence artificielle, on réalisé une première, à savoir la traduction d’un langage à un autre sans passer par une langue pivot, et sans que les corrélations sémantiques ou grammaticales entre ces deux langues ne lui aient été apprises.

Il faut bien comprendre toute la portée de la prouesse réalisée ici : jusqu’à présent, traduire une langue vers une autre supposait un certain nombre d’étapes relativement complexes pour une machine. Ces étapes comprenaient l’acquisition de lexiques, de dictionnaires, une description de la grammaire des deux langages. En outre, en utilisant de grands corpus de documents traduits dans de multiples langues (exemples typiques : les documents produits par la Commission Européenne, produits en 24 langues, ou ceux des Nations Unies, disponibles au moins dans les 6 langues officielles de l’institution) et des analyses statistiques plus ou moins poussées, il est possible de réaliser des « ponts » d’une langue à une autre. Enfin, en utilisant une langue pivot, on peut passer d’une langue à une autre sans trop déformer le résultat final : en substance, le traducteur automatique sait passer de la langue A à la langue B, et de la langue B à la langue C, il peut donc traduire, au moins à peu près, de la langue A à la langue C, la B servant alors de pivot.

Dans le cas de Google, cependant, l’utilisation de techniques d’intelligence artificielle (réseaux neuronaux et apprentissage « profond »), les résultats obtenus sont d’une nature différente puisque, sans qu’on ait réalisé les étapes ci-dessus, la machine a déduit d’elle-même les éléments de base des langues A et C pour les traduire sans passer par une langue pivot. En quelque sorte, le logiciel construit ses propres versions conceptuelles des éléments manipulés par le langage source pour les ré-exprimer dans le langage de destination.

Plus concrètement encore, cette application de l’intelligence artificielle a été mise en place pour le commun des mortels puisque, début décembre, elle a été greffée sur le « google translate » disponible en ligne. Si certains d’entre vous ont l’habitude d’utiliser cette facilité, peut-être ont-ils noté la franche amélioration des résultats de traduction fournie par « Translate » dernièrement : là où, auparavant, la traduction pouvait à peu près tenir la route sur une phrase complète mais nécessitait régulièrement de repasser par un traducteur humain pour polir les dernières (grosses) aspérités et s’avérait carrément impraticable pour des textes un peu longs ou ardus, la traduction à la volée offerte actuellement montre des signes évidents d’une bien meilleure compréhension ou d’une plus profonde appréhension des mécanismes du langage.

Oh, il est bien sûr encore loin le moment où l’humour d’un texte, les jeux de mots et les calembours seront habilement traduits à la volée. De ce point de vue, le métier de traducteur n’est pas encore mort et il faudra encore quelques années pour que les machines puissent professionnellement les remplacer.

Mais d’une part, on ne parle plus que de quelques années, pas de longues décennies. Et d’autre part, pour les traductions non professionnelles, d’un humain à un autre, ce dont on dispose maintenant est largement suffisant.

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