Baccalauréat // De Cristian Mungiu. Avec Adrian Titieni et Maria-Victoria Dragus.
Récompensé avec Personal Shopper du prix de la meilleure mise en scène au Festival de Cannes 2016. Sincèrement, je pense que Baccalauréat mérite bien plus sa récompense que le film un peu fainéant d’essayas. Ce film est humain, fort et sobre comme il faut. Il parle d’un sujet grave avec beaucoup de sobriété dans le monde de démonter à l’écran les émotions de chacun des personnages. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le sujet (celui du « Baccalauréat ») est intéressant car il permet de parler des conséquences qu’un traumatisme peut avoir sur notre propre avenir. Romeo veut sortir sa fille de la misère de la Transylvanie, il veut qu’elle réussisse mais à cause de la violence qui règne, il va se retrouver à devoir se battre pour sauver sa fille et l’aider à accéder au sésame ultime. Au delà de ça, ce prix de la mise en scène relève d’une vraie intensité. Cristian Mungiu parvient à laisser le spectateur dans une pression constante où tout peut arriver à tous les coins de rue et à tout moment. Le film cherche également à nous faire partager cette histoire et de ce point de vue là, il n’y a rien à redire. On ressent les émotions vécues par tous les personnages du film alors que notre coeur bat au rythme de l’enquête et des études d’Eliza.
Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…
Cristian Mungiu, qui avait déjà été récompensé en 2007 de la Palme d’Or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, continue de parler de sujets complexes dans un pays tout aussi compliqué. La Roumanie n’est pas souvent dépeinte au cinéma, ou en tout cas son cinéma a du mal à passer notre frontière mais pour des films comme celui-ci, on a envie d’en voir plus. Car au delà des questions qui sont posées par l’historie, Baccalauréat est un très beau film qui fait un constat social sur une société qui ne vit pas comme la notre alors qu’au fond, nous faisons tous partir de l’Union Européenne. Le réalisateur, habitué des récompenses à Cannes, démontre donc encore une fois ses talents sur un récit qui va parler également de la corruption qui ronge la Roumanie, les limites du système d’éducation du pays et des terribles crimes que l’on voudrait désespérément ne pas voir se dérouler. Baccalauréat n’est pas là pour être optimiste et le fatalisme de cette aventure vient rappeler aussi que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. La détermination de Romeo est ce qui donne au film son ton et surtout son intérêt. C’est lui que l’on suit et qui parvient à créer une certaine forme de suspense si particulière. Le réalisateur démontre (ou confirme) une fois de plus toute l’étendue de ses talents.
Le casting est lui aussi très solide. Je ne connais personne bien entendu mais Adrian Titieni aurait lui aussi bien mérité une petite récompense pour sa prestation. Il en va de même pour celle qui incarne sa fille, elle aussi très touchante en son genre. Romeo se transforme également en enquêteur et le résultat est là aussi assez étonnant. Ce médecin qui se transforme en véritable filou qui va parvenir à remettre les pièces du puzzle en ordre petit à petit. En voilà un film brillant sorti un peu de nulle part…
Note : 10/10. En bref, un magnifique film, sobre et humain à la fois, venant dénoncer et émouvoir tout en retenue.