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La bataille des idées

Publié le 19 décembre 2016 par Jean-Emmanuel Ducoin
Les chocs successifs des politiques cul par-dessus tête, dont François Hollande fut le dernier avatar, offrent la possibilité d’un vaste débat pour l’émergence d’une République sociale, protectrice et ambitieuse.Par principe, sinon lucidité, méfions-nous des vagues de sondages, qui ne disent qu’imparfaitement la photographie du moment, sans jamais prévoir ni le futur réel, ni les évolutions d’une société très éruptive par temps de crises. Néanmoins, depuis l’élection triomphale de François Fillon comme leader de la droite extrême, quelque chose dans le climat politique et social nous informe plutôt positivement sur ce que les citoyens ne veulent pas. En moins de trois semaines, plusieurs enquêtes d’opinion le confirment: les perspectives de l’ultra-ordo-libéralisme inquiètent. Et pas qu’un peu. Dans un sondage Elabe, plus de 80% se déclarent opposés à la baisse des dépenses publiques, 90% quand il s’agit des dépenses de santé, 89% pour les retraites ou la sécurité, 86% pour l’éducation… Dans un sondage Odoxa, 61% refusent la privatisation de La Poste. Dans un sondage Ifop, pas plus tard qu’hier matin, seulement 28% des électeurs souhaitent que Fillon soit élu en 2017, alors que 72% pensent qu’il a eu raison de retirer (qui le croit?) sa proposition sur la réforme de la Sécurité sociale. Sans parler de cette étude réalisée par la sociologue Anne Muxel, «Generation What?», sur les jeunes de 18 à 34 ans : 62% affirment être prêts à «participer à un grand mouvement de révolte», tandis que 93% clament que «c’est la finance qui dirige le monde»… Quel est le trait commun à tous ces sondés? Leur attachement à la solidarité républicaine, constitutive du modèle social qui est le nôtre, du moins ce qu’il en reste… 
 Pour le dire vite, et sans aucun excès d’optimisme, ce qui serait absurde, nous ne croyons pas au plébiscite de l’ultralibéralisme et du conservatisme le plus réactionnaire. Au nom du peuple, au nom des pauvres, au nom des sous-citoyens frappés d’indignités quotidiennes, nous croyons même tout le contraire. À savoir que les chocs successifs des politiques cul par-dessus tête, dont François Hollande fut le dernier avatar, offrent la possibilité d’un vaste débat pour l’émergence d’une République sociale, protectrice et ambitieuse. La grande bataille des idées débute à peine. Si nous la menons pas à pas, est-elle vraiment perdue?
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 19 décembre 2016.]

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