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« 2017 n’aura pas lieu »

Publié le 20 décembre 2016 par Rolandlabregere

Avec panache de doux dingues, pacifistes monte-en l’air, ont dérobé la candeur des passants du Passage Darcy, au cœur de cette ville de Dijon si douce à vivre comme aime à le rappeler son édile premier. En se baguenaudant dans cette tranquille voie piétonnisée, si d’aventure on aime porter son regard sur les façades, une inscription s’affiche au sommet d’un immeuble sans grâce que la médiocrité du projet urbanistique de l’ère Poujade a planté face à la Poste centrale, en place Grangier. Ce n’est pas la moutarde qui monte au nez, mais le frisson qui fait reconnaître l’audace qu’il y a eu à inscrire à la cime d’une terne façade d’une dizaine d’étages le slogan le plus équivoque et le plus insolite du moment. 2017 n’aura pas lieu, est-il annoncé urbi et orbi.

Longtemps auparavant, ce fut la guerre de Troie qui était annoncée comme un événement qui de toute façon ne viendrait pas. Même pas la peine d’attendre Godot. A force de courir plusieurs lièvres à la fois, l’Histoire posait un lapin à ceux qui attendaien

« 2017 n’aura pas lieu »
t d’elle des lendemains enchanteurs. Dans La guerre de Troie n’aura pas lieu, le sulfureux Giraudoux voulait mettre à jour le cynisme des politiciens et les ressorts des falsifications auxquelles ils se livraient. La suite est connue. On ne prêtera pas à l’anonyme auteur de l’assertion affirmée en lettres bâtons l’interprétation littérale qu’elle est supposée porter en elle. Rien n’est tracé à l’avance, rien n’advient comme le voudraient les sondeurs qui piochent sans vergogne dans les replis de nos pensées.

En assénant que « 2017 n’aura pas lieu », les auteurs ouvrent la voie à toutes les audaces. C’est le vœu absolu pour la réalisation de tous les possibles. Il faut donc louer leur sens de la formule et celui de l’ouverture aux autres. Ils ont donné un peu de paroles à des murs fadasses.

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Ils ont bousculé la niaiserie ambiante si chère aux marchands et aux politiques qui n’aiment rien tant que le consensus et l’uniformité. Quand les murs prennent la parole, le changement est dans l’air. C’est parce que la beauté est convulsive qu’elle n’est pas sage. Soyons réalistes, rêvons à échapper au prévu et à l’annoncé, c’est en quelque sorte le message caché de cette lapidaire  et singulière formule. L’insolite fait l’insolence.


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