Les notes soulevées nous mènent, émeraudes,
Vers où les ombres s'effacent.
Les bras du monde nous enlacent, nous froissent,
Chagrins et fêtes mêlés en une pâte chaude,
Clameur muette des désirs accroupis dans la fosse.
Croire que la musique nous protège,
Croire que les âmes se parlent
À cet instant.
Faire semblant parfois de douter
Pour que la foi s'installe, dure et douce.
Croire que les mots ont été dits et bien dits,
Croire que les souffles ne se répètent pas.
Faire la part du diable et la jeter
Loin, si loin
Que les loups même ne la retrouveront pas.
Entendre écouter sentir en moi
Ton chant inarticulé pourtant si clair
Me remplir d'ivresse maladroite
Me submerger sans me noyer
Tout à fait.
Faire taire les passeurs de misère :
Bouches cousues devant tant d'îles préservées.
Tanguer à deux sur un fil passager
Tendu entre la vie et l'autre face.
Nourrir les mains creuses et les jours,
Sans bruit.
Croire à deux à ce qui n'est pas,
Croire mêlés à ce qui sépare,
Mais
Tout faire pour que la musique soit...